Chaque été, le Nouveau Parti anticapitaliste tient son université à Leucate. Mais les députés Rassemblement national de l'Aude appellent le préfet à interdire la 16e édition de ces rencontres de la formation d'extrême gauche, visée par une enquête pour apologie du terrorisme.
Tout est déjà prévu, comme chaque année. Du 25 au 28 août, le village vacances Rives des Corbières de Leucate s'apprête à accueillir la 16e université d'été du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). La tenue de ces rencontres de la formation d'extrême gauche dans l'Aude n'a jamais fait débat jusqu'ici, mais cette fois, les députés Rassemblement national du département demandent au préfet de l'interdire.
Dans un courrier adressé au représentant de l'État et posté sur le réseau social X, le député de la deuxième circonscription de l'Aude Frédéric Falcon (RN) évoque "la venue de personnalités sulfureuses, entretenant des relations ambiguës avec l'organisation terroriste Hamas". Le parlementaire évoque aussi l'enquête qui vise le NPA pour apologie du terrorisme depuis son communiqué en réaction à l'attaque du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.
🔴Suite aux dérives du #NPA, poursuivi pour apologie du terrorisme, retrouvez mon communiqué de presse demandant au Préfet de l’#Aude l'interdiction de son "Université d'été" qui doit se tenir à #Leucate fin août.⬇️#Narbonne #extremegauche #terrorisme #Hamas #Antisemitisme… pic.twitter.com/XiC8zHuYeO
— Frederic Falcon (@FalconFrederic) August 12, 2024
En conséquence, l'élu réclame l'interdiction de l'université d'été du parti "compte tenu du risque géopolitique inflammable" et du "risque de trouble à l'ordre public".
Le NPA dénonce une menace pour les libertés
De son côté, le Nouveau Parti anticapitaliste rappelle dans un communiqué qu'aucune poursuite n'est à ce jour engagée dans cette affaire et que l'enquête se poursuit. Et il accuse le RN de vouloir "empêcher le débat politique".
L’offensive menée par le député RN montre une fois de plus à quel point l’extrême droite est une menace pour les libertés démocratiques, car son communiqué de presse pourrait bien être un appel à venir troubler notre Université d'été.
Communiqué du NPA
Invectives sur les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, les partisans des deux camps n'ont pas tardé à monter au créneau, à commencer par les deux autres députés RN de l'Aude. Sur son compte X, Julien Rancoule affirme ainsi que "les amis du Hamas (...) ne sont pas souhaités en terres audoises". Quant à Christophe Barthès, ses propos sont moins policés : "on a viré Poutou comme un malpropre de la première circonscription de l’Aude, ce n’est pour qu’il aille s’installer avec sa bande d’antisémites dans la deuxième circonscription !" écrit-il sur X.
L'élu fait référence à la dernière campagne des élections législatives durant laquelle il était opposé à l'une des figures du NPA, Philippe Poutou, parachuté dans sa circonscription sous l'étiquette Nouveau Front populaire. Au second tour, le député sortant Rassemblement national l'avait emporté avec 61,44% des voix contre 38,56 à son opposant. Une confrontation qui semble donc trouver son prolongement dans cet épisode politique estival.
Des élus Insoumis en soutien du NPA
D'autant que les soutiens du Nouveau Parti anticapitaliste ne sont pas en reste d'amabilités. Toujours sur le réseau social X, le député de Marseille et coordinateur national de LFI Manuel Bompard s'en prend à Frédéric Falcon, à l'origine de la demande d'interdiction : "Il siège à côté d’un vendeur d’ouvrages négationnistes. Il pose fièrement devant une pancarte misogyne "Va faire la soupe salope". Mais il se croit habilité à interdire l’université d’été du NPA".
Invitée de ces rencontres de Leucate, la députée Insoumise Ersilia Soudais s'est contentée d'un "OK Pétain" en réponse à un tweet de Frédéric Falcon assénant : "pas d’antisioniste dans la circonscription historique de Léon Blum". Précisons que les deux parlementaires s'invectivent régulièrement sur X.
La préfecture indique avoir répondu au député Flacon qu'une interdiction répondait à un cadre réglementaire strict et que, pour l'heure, aucun élément ne permettait de considérer qu'il y ait un risque de trouble à l'ordre public.