Le préfet du Jura a refusé d'accorder une autorisation de défrichement pour le parc photovoltaïque de 50 hectares porté par la société Cévennes Energy et qui devait s'implanter en milieu forestier à Loulle et Mont-sur-Monnet.
Il n'y aura pas de champ photovoltaïque en milieu forestier à Loulle et Mont-sur-Monnet (Jura). Le préfet a refusé, le 10 décembre, l'autorisation de défrichement pour le parc photovoltaïque de 50 hectares porté par la société Cévennes Energy. Ce projet, qui devait s'implanter à cheval sur les deux communes, suscitait une vive opposition en raison de ses impacts potentiels sur les écosystèmes, les ressources en eau et la biodiversité. Le parc photovoltaïque aurait couvert un peu moins de 2% de la surface forestière de Loulle et Mont-sur-Monnet.
Le préfet a fondé sa décision sur les avis défavorables émis par plusieurs services de l’État, dont la Direction régionale de l'environnement (DREAL), l’Office national des forêts (ONF) et la Mission régionale d'autorité environnementale (MRAE), ainsi que sur les conclusions de commissaires-enquêteurs mandatés par la préfecture.
Vigilance des associations
Le refus d'autorisation provoque le soulagement des opposants au parc photovoltaïque, réunis dans un collectif rassemblant notamment les associations Jura Nature Environnement, Naturalistes des Terres, la Confédération paysanne et les Soulèvements de la Terre. "Nous en sommes évidemment heureux", exprime Frédérique Fouillet, membre de Jura Nature Environnement. Mais elle nuance immédiatement : "On reste malgré tout vigilants à ce que Cévennes Energy ne propose pas un nouveau projet".
L'entreprise pourrait en effet déposer une nouvelle demande de défrichement pour un parc photovoltaïque sur une surface plus réduite, sur laquelle la préfecture serait amenée à se prononcer à nouveau. Un nouveau projet ne pourrait cependant pas dépasser les 25 hectares, la surface maximale autorisée pour une installation photovoltaïque depuis un décret ministériel d'avril 2024.
Initialement prévu sur 122 hectares, le projet de Cévennes Energy dans le Jura avait déjà été retoqué et redéposé dans sa version de 50 hectares en 2023. Le collectif d'opposition dénonce les fortes émissions de CO2 liées à la fabrication et l'installation des panneaux photovoltaïques et le risque d'une destruction des habitats naturels pour la faune et la flore.
Un refus au nom de la biodiversité
Il est à noter que le préfet, dans sa décision du 10 décembre, motive son refus par la protection de la biodiversité. Il y mentionne "plusieurs espèces de reptiles et d'amphibiens protégées", "un enjeu fort avec la présence de 22 espèces de chauves-souris" et celle de mammifères protégés "comme le Chat forestier, (...) l'Écureuil roux (...) et le Lynx boréal".
Pour les associations, c'est un signe de reconnaissance de la présence d'enjeux environnementaux importants sur le site. "Il y a la reconnaissance qu'il s'agît d'une forêt riche. Ça nous a fait du bien de le lire, car c'est ce qu'on défend", réagit Frédérique Fouillet.
Son collectif déclare vouloir trouver une nouvelle vocation en proposant son aide à d'autres luttes similaires dans la région, comme à Cressia et Pimorin (Jura), où des projets photovoltaïques sont aussi en développement sur des zones naturelles.