Samedi 24 juin, 200 personnes se sont réunies dans les bois de Balerne, entre Loulle et Mont-sur-Monnet (Jura). Leur objectif : protester contre un projet de parc photovoltaïque en pleine forêt, qui entraînerait une déforestation sur 75 hectares.
Un rassemblement festif en forêt pour protester contre un projet jugé "anti-écologique". Balades, pique-nique, débats... Samedi 24 juin, quelque 200 personnes se sont réunies dans les forêts de la Balerne, entre Loulle et Mont-sur-Monnet (Jura), à l'appel de quatre associations locales investies dans la défense de l'environnement. L'enjeu ? Dénoncer un programme d'implantation de panneaux photovoltaïques sur les lieux, qui s'étendrait sur 75 ha boisés.
Ce dernier, mené par la société EcoDelta /Cévennes Energy, entreprise d'énergie solaire située dans l'Hérault, entend couper des centaines d'arbres pour construire une dizaine d'îlots contenant des panneaux solaires. Le but : produire en grande quantité une énergie "verte"... au détriment de la forêt, selon Anthony Fleuriot, militant du Collectif citoyen résistant de Champagnole.
On essaye d'alerter sur une situation invraisemblable qui amènerait à un désastre écologique
Anthony Fleuriot,militant du Collectif citoyen résistant (CCR) de Champagnole
"Il y a 40 cm d'humus sous les arbres " explique le militant à nos journalistes Damien Lefauconnier et David Martin. "Ils accumulent l'eau de pluie, la distille petit à petit et approvisionnent les sources et les réseaux de grottes et rivières souterraines. Si on coupe les arbres, adieu l'humus. C'est tout un écosystème qui se verra privé de son alimentation en eau".
Des conséquences qui pourraient s'avérer fâcheuses, alors que les forêts franc-comtoises, comme partout en France, souffrent de plus en plus de la sécheresse. "Et ajouter des panneaux solaires, qui chauffent sans arrêt, c'est augmenter les risques d'incendies" ajoute Anthony Fleuriot.
Nous ne sommes pas contre le solaire. Mais il y a tellement d'autre solutions pour ces panneaux : sur les toits des bâtiments officiels et des particuliers, sur les parkings des supermarchés ou vers les autoroutes. Mais forcément, ça coûte plus cher.
Valérien Bosnes,Natif de Mont-sur-Monnet et créateur d'un collectif citoyen contre la construction du parc éolien
Pour se protéger de ce risque, Cévennes Energy a décidé de créer une "zone tampon" autour de chaque îlot solaire. Autour des petits parcs, une zone de 20m sera déforestée et débroussaillée. "La solution du pire" reprend Anthony Fleuriot. "On enlève encore plus d'arbres et on parcelle les bois. Mais les arbres ont des relations entre eux ! Leurs racines sont entremêlées ! Si on met à nu la roche, on perd tout ce réseau forestier. On broie le sol qui abrite aussi des insectes, des animaux, des grottes souterraines..."
La perte de la faune et de la flore, c'est ce qui a motivé Valérien Bosnes, natif de Mont-sur-Monnet, de monter un collectif citoyen pour lutter contre "la disparition de nos arbres". "Cévennes Energy se justifie en parlant de ces bois comme d'un environnement dégradé" s'écrie-t-il. "Mais regardez, au contraire, elle regorge de vie, d'animaux. C'est une belle forêt de feuillus, que je venais visiter régulièrement avec mes parents durant mon enfance".
Quelle sera la suite ? Cévennes Energy a déposé fin décembre 2022 un permis de construire. Des études sur les impacts écologiques du projet ont déjà été menées par l'entreprise, études "bâclées" pour les opposants au parc éolien. De nouvelles évaluations sont en cours.
Pour que les travaux commencent, il faudra le feu vert de la Direction des territoires (DDT) du Jura, qui gère le dossier. Avant de possibles recours des associations de défense de l'environnement. Vous l'aurez compris, rien n'est encore décidé. Une chose est sûre, entre Loulle et Mont-sur-Monnet, les militants sont déterminés "à lutter jusqu'au bout" pour leurs forêts.