Yann Galut, maire de Bourges, la préfecture du Cher, affirme que la ville a atteint un "mur financier", qui menace ses services publics et ses investissements. La faute à deux ans de crise sanitaire et à l'inflation galopante.
Quand les recettes n'augmentent pas mais que les dépenses s'envolent, où trouver l'argent qui manque pour boucler le budget ? Cette question existentielle secoue la municipalité de Bourges ces dernières semaines. Le maire de la ville, Yann Galut (DVG) l'a expliqué au Berry Républicain le 1er juillet, avant de soumettre un vœu au conseil municipal : un vœu pour demander une compensation à l'État, un soutien après deux années de complications financières cumulées.
Comme Bourges, de nombreuses villes de France s'inquiètent pour leur avenir, après une crise sanitaire les ayant coupées de leurs recettes, et une inflation galopante qui pèse sur les dépenses. David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'Association des Maires de France (AMF) expliquait début juin sur Franceinfo que la situation pourrait engendrer des hausses d'impôts.
Pour France 3, Yann Galut explique le "mur financier" auquel sa ville est confrontée.
France 3 : Vous avez expliqué que Bourges se heurte à un "mur financier". D'où vient-il et combien pèse-t-il ?
Yann Galut : Il y a une accumulation de problématiques financières. La première, c'est le Covid, qui a coûté des milliards aux collectivités. À Bourges, c'est 6,5 millions d'euros sur un an et demi, pour respecter les protocoles, monter le centre de vaccination, répondre aux demandes des écoles, payer des masques, multiplier par trois le personnel qui nettoie. Et tout ça sans recettes parce qu'on a plus d'activités, plus de piscines, plus de stationnement payant.
Et puis ces derniers mois, on est confrontés à l'inflation, notamment l'augmentation de l'électricité et de l'essence. Rien que ça, c'est 1,3 million supplémentaires qu'on n'avait pas prévus jusqu'à la fin de l'année. Se rajoute une très bonne décision du gouvernement, l'augmentation du point d'indice des fonctionnaires, à laquelle je suis favorable. Sauf que même si c'est le gouvernement qui décide, c'est la ville qui doit payer. Là, on doit trouver 3,2 millions d'euros avant la fin de l'année (soit environ 4% du budget ndlr).
France 3 : Quelles conséquences sont à prévoir à Bourges ?
Yann Galut : On va devoir réfléchir à des solutions compliquées. Mon prestataire pour les cantines me demande 100 000 euros en plus. Il va falloir se poser la question d'une augmentation des tarifs de la cantine, ou des parkings. Nous, on ne l'a pas encore fait, mais d'autres vont le faire.
La deuxième solution, c'est la baisse et l'étalement des investissements, des grands projets prévus pour telle année vont devoir être repoussés. On réfléchit à en prioriser certains, mais on n'envisage pas d'en supprimer pour l'instant. J'avais prévu la rénovation du stade de football pour 11 millions, on va devoir la limiter à 6 millions. Le reste, on le fera dans cinq ou dix ans. Mais il faut faire attention à ne pas rentrer dans une spirale où les collectivités n'investissent plus. Quand j'investis à Bourges, c'est les entreprises du coin qui en profitent.
En gros, on va devoir baisser nos investissements de 20 à 30%. Donc on va en assurer 70-80%, mais quand même. On est obligé de prendre l'argent là où on peut, donc dans la partie investissements. La partie fonctionnement est incompressible.
France 3 : Qu'est-ce que vous espérez désormais ?
Yann Galut : La solution, c'est la mobilisation politique de tous les élus, quelle que soit leur sensibilité. Ils ont déjà lancé un cri d'alarme, notamment via l'AMF. Son président, le maire de Cannes, est LR. Il n'y a pas d'étiquette politique dans cette affaire. Il avait écrit en mai au Premier ministre sur la situation, et elle s'est aggravée depuis. On espère que les collectivités ne seront pas oubliées du débat budgétaire qui va intervenir dans les semaines qui viennent. Le gouvernement aide les particuliers, les entreprises, et il a raison. Mais il y a les collectivités aussi. Le vœu de la ville de Bourges et l'association des maires du Cher demande que le gouvernement compense. S'il ne répond pas, c'est là qu'on va devoir réfléchir aux diminutions d'investissements et aux augmentations de tarifs.