La mairie de Saint-Amand-Montrond avait mis en vente le 1er novembre l'une de ses maisons au prix symbolique d'un euro. Elle a reçu une quarantaine de candidatures, c'est finalement une famille avec deux enfants qui y posera ses valises une fois les travaux terminés.
"Je ne connaissais pas du tout Saint-Amand-Montrond. J'ai trouvé ça super, c'était accueillant, chaleureux, les gens étaient aimables. Tout le monde se connait et j'ai énormément apprécié cette ambiance". Karine* n'avait jamais mis un pied dans le Cher avant de visiter sa future maison. Elle en est repartie conquise.
Originaire de Saint-Martin aux Antilles, elle venait de s'installer en métropole quand elle a repéré cette maison de 90m2 à un étage, affichée au prix d'un euro symbolique. Une annonce, disons le, peu commune, surtout quand on sait que la maison était estimée initialement à 27 000 euros. "Je l'ai vu dans les actualités Google et je me suis dis "pourquoi ne pas postuler ?". Du coup je me suis lancée direct".
Elle, est agent administratif à Muret, en Haute-Garonne. Son compagnon est quant à lui graphiste à Paris. Tout deux sont parents de deux enfants, âgés de 13 et 11 ans. Cette maison représentait donc, d'une certaine façon, un moyen pour eux de se retrouver à mi-chemin entre la région parisienne et le sud de la France.
Une quarantaine de candidats intéressés
Sauf que la jeune femme de 34 ans n'était pas la seule à s'être positionnée sur ce bien. Une quarantaine de personnes en tout s'étaient montrées intéressées en deux mois seulement. "On a même eu des hollandais !" se réjouit Francis Blondieau, le premier adjoint à la mairie, chargé de l'urbanisme, des grands travaux et de la sécurité. Lancée le 1er novembre, cette opération avait avant tout pour but de faire venir de nouveaux habitants à Saint-Amand-Montrond. Selon l'élu, la ville aurait perdu 400 habitants ces cinq dernières années.
Mais pour accéder à ce bien, il fallait constituer un dossier important, adressé à la mairie. Le premier adjoint se montrait très exigeant dans ses critères. "Il fallait par exemple être primo-accédant, remettre en état la maison en faisant appel à des professionnels et prévoir de la remettre en état en deux ans. Seuls des particuliers pouvaient faire une offre et ils devaient s'engager à occuper la maison pendant six ans minimum".
Karine* a fait estimer le coût des travaux, qui devraient durer de six mois à un an, entre 70 000 et 80 000 euros. Toutefois, la ville a travaillé avec le syndicat mixte du pays Bas-Berry Saint-amandois dans le cadre de l’opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH) pour voir quelles étaient les aides mobilisables. La trentenaire pourra donc bénéficier d'une aide pouvant aller jusqu'à 50 000 euros.
Une opération loin d'être unique en son genre
En 2013, la ville de Liverpool lançait le concept face à ses friches industrielles débordantes. Puis vient le tour de l’Italie, des Etats-Unis, le Japon et de la France. Des opérations qui se lanceront avec plus ou moins de succès : certaines mairies privilégient l’aspect social, d’autres ouvrent plus largement les candidatures, comme c’est le cas à Saint-Amand-Montrond.
Au bout du compte, les résultats ne sont pas toujours convaincants. A Roubaix, la ville a initiée en 2018 le processus, en mettant en vente une petite vingtaine de logement sur ce même modèle. Selon un article de la Voix du Nord, datant de mars 2022, seules 9 maisons sur 17 seront finalement habitées.
En ce qui concerne la maison du Cher, Karine* et sa famille devraient signer le compromis de vente d'ici le mois d'août ou septembre, avant de commencer les travaux de la maison. "Aujourd'hui, j'attends le jour J avec impatience. J'ai l'impression d'avoir gagné au loto". Quant à Francis Blondieau, il réfléchit déjà à une nouvelle opération similaire, même si "la ville compte peu de logements disponibles".