"Les oiseaux des villes comme des campagnes sont sur le déclin" : pourquoi il est important de compter les oiseaux des jardins ?

Ce week-end, la LPO et le Muséum d'histoire naturelle organisent un grand comptage des oiseaux des jardins. Chaque année depuis bientôt 15 ans, en hiver et au printemps, tous ceux qui le souhaitent, peuvent pendant une heure noter tous les oiseaux qu'ils observent afin de dresser un état des lieux de la présence des espèces..

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Au sein du jardin de l'archevêché, à Bourges, dans le Cher, Anne-Mélanie Royannez et Antoine Colin sont attentifs. Paire de jumelles autour du cou et oreille aiguisée, ils scrutent le ciel et les arbres, à la recherche d'oiseaux. Comme chaque année depuis 15 ans, à l'initiative de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) et du Muséum d'Histoire Naturelle, l'opération comptage national des oiseaux des jardins invite chacun à observer les oiseaux ces 25 et 26 janvier. Depuis un jardin public ou privé et même sa fenêtre, l'objectif est le même : mesurer l'évolution de la présence des oiseaux d'année en année.

Une grande enquête sur plusieurs années

"Les oiseaux des villes comme des campagnes sont sur le déclin. C'est intéressant de les compter pour évaluer les tendances", explique Anne-Mélanie Royannez, ornithologue amateur et bénévole à l'association Nature 18. Durant une heure, chaque participant doit recenser tous les oiseaux qu'il voit.

"Pour les compter, c'est assez simple, assure Justine Moustier, directrice de Nature 18 qui participe depuis son jardin à Villabon. Il ne faut pas cumuler un nombre d'oiseaux, c’est-à-dire que si vous voyez une mésange et que vous en revoyez une 10 minutes après, vous comptez un, pas deux. C'est vraiment le nombre d'espèces que l'on recherche." Une fois l'oiseau identifié, il y a plusieurs choix : noter directement sur le site www.oiseauxdesjardins.fr, mais  "Il y a aussi la possibilité de l'imprimer, de le donner aux adhérents ou aux habitants. Par exemple, on l'a envoyé aux mairies", précise la directrice de Nature 18.

Afin de compter les oiseaux, un guide avec les différentes espèces est disponible. pas besoin d'être un expert, il faut juste être observateur et attentif. © Vincent Billy - France Télévisions

 

Pour les observer, toutes les recommandations sont inscrites sur le site internet. Pas forcément besoin d'être un expert. En cas de doute, si l'oiseau est photographié, il est possible de demander conseil à Nature 18 ou à la LPO. Antoine Colin, lui, est expert. Son outil premier n'est pas sa vue, mais plutôt son ouïe. En tant qu'ornithologue, il reconnait les oiseaux à leur chant. "C'est ce que je vais reconnaître en premier, indique-t-il. Le visuel est un plus. Mais pas forcément besoin de les connaître, il y a des applications qui permettent d'aider."

Ce samedi 25 janvier, le temps doux n'aide pas forcément à recenser les oiseaux. "C'est vrai qu'il y a un petit peu moins d'oiseaux que certaines années", reconnaît Justine Moustier. "Mais on a quand même quelques mésanges charbonnières, des mésanges bleues, un merle, un rouge-gorge, et puis j'espère d'autres espèces." Dans le jardin de l'Archevêché, à Bourges, des pics épeiches ont été comptabilisés.

Plus d'oiseau dans les jardins, un bon signe ?

L'an passé, plus de 547 000 oiseaux ont été comptabilisés par plus de 17 000 observateurs en France. "C'est une enquête, donc l'idée est de voir sur un certain nombre d'années, les espèces qui sont moins présentes au jardin et de mener des actions pour favoriser leur présence. En mettant des graines l'hiver par exemple où en maintenant ses haies qui leur permettent de pouvoir se nourrir", espère la directrice de Nature 18, Justine Moustier.

S'il y a de plus en plus d'oiseaux observés dans les jardins, c'est aussi parce qu'ils ont de plus en plus de mal à s'alimenter en milieu naturel. © Vincent Billy - France Télévisions

Car si les statistiques de comptages ne sont pas mauvaises, les passionnés d'oiseaux ne s'y trompent pas : il y a de moins en moins de volatiles et encore moins de diversité d'espèces. Mais si on compte tout de même de plus en plus d'oiseaux dans les jardins en hiver, Antoine Colin souligne un effet pervers. "C'est dû à la raréfaction de la ressource alimentaire dans les zones naturelles. Les jardins sont une sorte de refuge qui permet aux oiseaux de reconstituer leurs réserves pour l'hiver. Donc, on voit anormalement plus d'oiseaux dans les jardins, mais en effet, dans la globalité, la plupart des espèces disparaissent", alerte l'ornithologue.

Alors, plus que jamais, l'opération comptage des oiseaux des jardins est nécessaire. Une idée d'activité ludique pour se faire plaisir tout en étant utile ce week-end des 25 et 26 janvier.

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