Aide-soignante en diabétologie, Leyla a travaillé dans l'unité Covid de nuit, du mois de mars au mois de mai dernier, à l'hôpital de Bourges. Une expérience éprouvante qui a donné un sens à son métier.
"Ce sont des êtres humains, on n'a pas le temps de réfléchir, il faut y aller." Début mars, le nombre de cas de Covid-19 explose en France. Très vite débordés, les hôpitaux demandent des renforts. Aide-soignante en diabétologie, Leyla n'hésite pas une seconde et se porte volontaire pour rejoindre l'équipe Covid de nuit, à l'hôpital de Bourges. "J'ai eu peur, parce que c'était nouveau pour tout le monde, mais j'avais envie d'aider."
Qui dit situation inédite, dit adaptabilité et réactivité. En binôme avec une infirmière, Leyla a tout appris sur le tas. "On ne peut compter que sur la collègue ou sur soi-même. S'il y a un problème, on gère toutes les deux. Il n'y a pas de médecin sur place la nuit. C'est plus de responsabilité mais aussi plus de stress."
"J'avais l'impression de ne pas accomplir mon travail jusqu'au bout"
Le plus dur pour l'aide-soignante, la prise en charge des patients après leur décès. Contrainte de respecter le protocole sanitaire, Leyla ne pouvait pas faire de toilette mortuaire et était obligée de sceller les corps. "C'était très difficile à gérer. J'avais l'impression de ne pas accomplir mon travail jusqu'au bout."Un sentiment d'échec que la jeune femme a appris à évoquer auprès de sa mère, elle-aussi aide-soignante, et de ses collègues. "C'était essentiel d'en parler, pour réussir à passer au-dessus, et pour réaliser que ce n'est pas de notre faute. Dans ces moments-là, on est obligé de se serrer les coudes."
Une expérience harassante pour Leyla, qui est cependant prête à recommencer s'il le faut. "Je suis là pour les autres. Qu'il y ait cette épidémie ou une autre, je le referais."
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Propos recueillis par A. Wernert, Y. Le Bloa et E. Martinen.