Chaque année, la tenue du festival réinjecte des millions d'euros dans le tissu économique local berruyer. Les restaurateurs et les hôteliers sont les premiers à en profiter.
Comme chaque année, Bourges est envahi cette semaine par la musique. Et par des dizaines de milliers de personnes venues l'écouter, sur les scènes du Printemps de Bourges (du 23 au 28 avril) et lors des multiples concerts off, éparpillés dans le centre-ville.
En tout, le festival devrait accueillir, cette année, pas moins de 70 000 visiteurs au total, pour plus de 200 000 entrées comptabilisées (les visiteurs viennent plusieurs jours). Autant de personnes qui, une fois dans la capitale du Berry, dépensent. C'est en tout cas ce que concluait une étude de 2016 réalisée par Berry Province, organisme dédié à la valorisation touristique des départements de l'Indre et du Cher.
Le camping complet depuis quatre mois
Selon cette étude, les 70 000 visiteurs du Printemps de Bourges 2016 avaient dépensé tout près de 10 millions d'euros sur le territoire. Principalement sur les loisirs et les boissons (3,8 millions d'euros), dans les commerces (3 millions) et pour la restauration (900 000 euros). "Le Printemps est toujours intéressant pour l'hôtellerie-restauration, ça fait du business", assure Serge Richard, président de la chambre de commerce et d'industrie du Cher (CCI 18).
Ce que les commerçants de Bourges sont prompts à confirmer. "C'est un moment très important, chaque année on est presque rempli avec une clientèle fidèle qui revient", explique Jérémy Fouchet, directeur de deux hôtels situés en face de la gare. Le Berry, un 3 étoiles, a rempli ses 65 chambres pendant le Printemps depuis début avril. Pareil pour les 33 chambres de l'hôtel Access. "C'est la semaine la plus importante de l'année." D'autant que, en plus d'être remplies, les chambres sont négociées plus chères : +40%, selon Jérémy Fouchet.
Même sentiment au camping de Bourges. "On est souvent complet pour le Printemps dès le début de l'année, que ce soit les mobile-homes ou les emplacements", selon la cogérante, Manon Moracchini. Entre les festivaliers, les personnels, les techniciens et même les artistes sélectionnés aux Inouïs, le Printemps représente "un gros gros coup de pouce financier".
Les bars et restaurant mettent les bouchées doubles
En centre-ville, les restaurateurs aussi se frottent les mains. Comme Jessy Mercier, gérant du restaurant Le Facteur, qui a embauché un cuisinier et un serveur saisonniers pour la semaine, histoire d'être "ouvert un maximum". Son objectif : la centaine de couverts chaque soir. "À part mercredi où il faisait froid, on les a faits."
Au Bon Endroit, Laurent Petit a prévu large pour cette semaine. Dans la cave, entre les nombreux fûts de bière, "c'est le chantier". Et, ce mercredi, il prévoyait déjà le réapprovisionnement en vue du week-end. "Le Printemps ouvre la saison, on passe vers l'été, on part très fort d'un coup", explique le gérant. Cette semaine, "le restaurant fonctionne bien le midi, grâce à des festivaliers et des gens qui bossent pour le festival". Le soir un peu moins, "parce qu'il y a de très bons stands de bouffe sur le festival".
Avec 250 concerts répartis dans les bars et rues de la ville en parallèle du Printemps, Bourges se transforme en scène géante, et les terrasses des bistros deviennent des gradins. "On a énormément de monde en ville, et si un groupe leur plaît, ils s'arrêtent et ils boivent un coup", confirme Laurent Petit.
4 millions d'euros pour le territoire
Après avoir sorti la calculatrice, les retombées économiques du Printemps sur Bourges et ses alentours sont très loin d'être négligeables : 4,3 millions d'euros, selon l'étude de Berry Province pour l'édition 2016*. Une belle affaire, notamment pour la ville de Bourges. "Pour chaque euro investi par la ville, c'est 1,75 euro de retombées économiques", assure Ludovic Azuar, directeur général de Tourisme & Territoires du Cher.
Et ces 4,3 millions ne sont que les recettes directes. Car le Printemps n'est pas qu'un évènement une semaine par an, c'est une marque, "un prestige". "Le Printemps pèse énormément, il entraîne un phénomène d'effervescence dans la ville, et tout au long de l'année", ajoute Ludovic Azuar.
Ainsi, après plusieurs années, les retombées du festival sont multipliées par 1,2 à 1,8, grâce à "la stimulation économique" dudit festival. Et puis, dans une ville qui est "une destination culture, patrimoine et nature avec un public de quadragénaires à sexagénaires", le Printemps apporte une "image hyper stimulante avec une cible jeune", détaille le directeur de Tourisme & Territoires du Cher. Toute l'année, Bourges est gagnant.
La ville sera peut-être encore plus gagnante à l'avenir, grâce au Printemps. Bourges a en effet été choisie pour devenir capitale européenne de la culture en 2028, le 13 décembre 2023. Une aubaine pour le territoire, où les acteurs économiques s'activent déjà. "Il faut qu'on arrive à pérenniser l'évènement, à développer de l'activité économique sur le long terme", indique Serge Richard, de la CCI 18. Selon lui, "des porteurs de projets sont déjà venus nous voir pour de l'accompagnement, donc on espère des retombées importantes". Or, sans le Printemps, "Bourges aurait peiné à décrocher le label".
* Le chiffre de 4,3 millions d'euros d'impact direct en 2016 est obtenu en considérant seulement les dépenses engagées par des acteurs extérieurs au Cher, comme les subventions régionales, les sponsors extérieurs et les visiteurs venus de toute la France. Sont ensuite soustraits les flux financiers qui sortent du territoire, du fait de la présence de l'évènement (salaires, fournisseurs, impôts...).
Avec Stéphane Dosne et Samuel Collin.