Voilà bientôt 6 mois que Bourges a raflé à Montpellier, Clermont-Ferrand et Rouen le titre de Capitale Européenne de la culture. La belle endormie espère désormais capitaliser sur cette victoire en attirant notamment les touristes.
On la surnomme la belle endormie. Bien qu'attirant du monde avec son festival de musique au printemps, Bourges reste quelque peu méconnue, parfois au point que bon nombre de Français peinent à la placer sur une carte. Voilà quelque chose qui pourrait changer avec le titre récemment obtenu de Capitale Européenne de la Culture 2028. "Derrière ce titre, on a forcément un effet d'aubaine qui va être positif et va être d'une grande utilité pour valoriser l'image de Bourges, se réjouit Ludovic Azuar, Directeur de l'Agence de développement du tourisme et des territoires du Cher (l'Ad2T).
Il y a un exemple très frappant, ce sont les premiers chiffres du nombre de visiteurs du Palais Jacques Cœur. Il y a + 4000 visiteurs par rapport à la même date. On a connu des ponts de mai exceptionnels en termes de fréquentation, alors même que la météo n'était pas très clémente et qu'il y a eu moins de ponts que certaines autres années. C'est parce qu'on parle beaucoup plus de Bourges.
analyse le Directeur de l'Ad2T.
"Dès le 13 décembre, nous avons très rapidement constaté un effet de curiosité. On a eu des échanges et une visibilité sur la presse nationale qui s'est intéressée à la nomination et à l'offre touristique". Des reportages sur TF1, Europe1, France Info ou encore Le Figaro qui montrent déjà des premiers résultats en termes de retombées touristiques.
Des coups de com' ciblés
Pour continuer de booster la destination, Bourges investit 120 000 € avec deux campagnes publicitaires. Un spot publicitaire de 30 secondes sera diffusé à la télévision du 27 mai au 9 juin et un second spot est déjà en cours de tournage pour la saison prochaine.
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Objectif, promouvoir Bourges comme une destination de week-end et de court séjour. Une autre campagne, d'affichage cette fois, s'étalera sur les panneaux de Châteauroux au moment des J.O du 24 juillet au 6 août prochain.
Et comme de nombreuses villes, Bourges veut jouer la carte influenceur en faisant appel à Elouen la Baleine, un instragrameur qui se présente comme aux idées farfelues et ses 129 000 followers.
Objectif : doublement de la fréquentation en 2028
Avec son titre de Capitale Européenne de la Culture, la Berruyère espère doubler le nombre de ses visiteurs, avec un pic à 2 millions en 2028. Des prévisions calquées sur l'expérience de Matera, ville italienne de 60 000 habitants qui a été élue Capitale Européenne de la culture 2019. "Nous avons un profil très similaire. C'est une ville moyenne, avec un site classé patrimoine mondial de l'Unesco comme nous. Et quand on pense à visiter l'Italie, Matera n'est pas la première ville à laquelle on pense. Ils sont situés tout au sud de l'Italie donc l'accès pour les Européens est un peu difficile. Et pourtant entre leur nomination et leur titre en 2019, soit quatre ans, ils ont connu une progression exponentielle du nombre de visiteurs, jusqu'à atteindre le doublement des visites en 2019!", s'enthousiasme Ludovic Azuar.
La ville de Matera a en effet atteint +65% de fréquentation entre sa nomination en 2015 et aujourd'hui. Et Ludovic Azuar pense même que Bourges pourrait faire mieux. Mais pour faire mieux, il va falloir être convaincant. Car pour accueillir deux fois plus de touristes, il faut des infrastructures. "Nous devons travailler sur l'hébergement pour le muscler et le calibrer", projette Ludovic Azuar. La Ville de Bourges va aussi devoir miser sur ses atouts.
Bourges, destination de passage ?
Bourges part déjà avec un inconvénient majeur, la plupart de ses musées sont fermés. Seuls le Musée de la Résistance et de la Déportation et un musée temporaire appelé "La Maison des musées", en lieu et place du musée des Meilleurs Ouvriers de France sont actuellement ouverts. Les autres musées, fermés pour rénovations, ne rouvriront qu'en 2025.
Mais Bourges peut toujours compter sur sa cathédrale, qui fête ses 700 ans cette année. L'office de Tourisme projette d'accueillir une nouvelle animation cet été, la loge des bâtisseurs, qui proposera de découvrir le travail des bâtisseurs de la cathédrale. Ces nouvelles activités, tout comme la campagne de communication, ont pour objectif de faire de Bourges une destination finale, et non plus une destination de passage comme c'est le cas jusqu'à présent.
"Le marché du tourisme est hyper concurrentiel. De belles choses à voir, à visiter, à manger, il y en a partout en France. Si on veut ancrer Bourges définitivement dans la carte touristique, il faut un plus", confie Ludovic Azuar. Est-ce ce label Capitale Européenne de la Culture, ce "plus" qu'il manquait à Bourges ? Ludovic Azuar en est en tout cas convaincu, Bourges va continuer de créer la surprise.