Un "Printemps" de dimension européenne, une Cité des artistes, des liaisons spéciales en train et des friches recyclées: Bourges, désignée capitale européenne de la culture 2028, entend en finir avec l'image des "villes moyennes" où rien ne se passe.
"En Europe, la population n'habite pas dans les grandes villes, de manière majoritaire. (...) L'avenir culturel se passe aussi dans ces territoires", revendique auprès de l'AFP Yann Galut, le maire (divers-gauche) de la petite préfecture du Cher, peuplée de 64 000 âmes, s'érigeant en représentant des "villes à taille humaine".
Nommée capitale européenne de la culture 2028 le 13 décembre 2023, Bourges fourmille de projets pour impliquer les scolaires, ses habitants, les minorités, à l'image du dispositif Classe Départ offrant des ateliers artistiques à des jeunes décrocheurs "pour écrire leurs propres récits et se redonner des objectifs".
"La culture fait partie de notre ADN"
"On veut proposer un modèle culturel alternatif dans des territoires de moins de 100 000 habitants, donc on va construire un modèle de proximité où tous les acteurs locaux seront mobilisés", insiste l'élu.
"La culture fait vraiment partie de l'ADN de cette ville. On a une des premières Maison de la Culture en France (1963), une Ecole nationale supérieure d'art, une des friches culturelles pionnière en Europe (Antre Peaux). La ville fait une nouvelle fois le pari de la culture pour débloquer son avenir", abonde la coordinatrice de Bourges 2028 Louise Tournillon.
"La ville va vraiment être transformée", insiste celle qui veut en faire "un joyeux mélange à la fois d'événements" pour 2028 et de "projets pérennes". Plusieurs lieux emblématiques de la ville seront ainsi restaurés ou adaptés, pour recevoir des expositions. L'immense Halle aux blés sera adaptée pour accueillir des oeuvres et continuer d'abriter le marché du samedi matin. Le Palais Jacques-Coeur, datant du XVe siècle, s'ouvrira lui aux oeuvres prêtées par le Centre Pompidou.
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Déjà pionnière avec le centre de création artistique Antre Peaux, créé dans une ancienne usine en 1984, Bourges 2028 veut aussi réhabiliter l'ancien site d'Axéréal pour y accueillir un incubateur d'entreprises culturelles et des collectifs d'artistes.
Mais le projet phare est la création d'une "Cité européenne des artistes et des auteurs" dans un ancien hospice du XVe siècle, à rénover en intégralité. "Elle aura d'abord une fonction d'accompagnement", détaille Yann Galut. "On sera un centre de ressources européen pour mettre en avant les droits des artistes, (...) la formation, le démarrage dans la carrière, la santé."
La structure comptera ainsi notamment des spécialistes de l'accompagnement des artistes, des traducteurs, des médecins, des psychologues, selon l'élu. "Les artistes de l'Europe entière pourront téléphoner, venir sur place ou faire des visios pour être accompagnés dans toutes leurs démarches", anticipe le maire.
Printemps européen
Autre point fort de la candidature berruyère, qui l'a emporté face à Rouen, Clermont-Ferrand et Montpellier: le train. "En 2028, on ne pourra pas vivre la capitale européenne comme on le faisait précédemment, donc on a énormément insisté sur l'empreinte carbone. (...) Il fallait réfléchir à une autre manière de rejoindre nos territoires", explique Yann Galut.
On a construit un super beau projet autour des trains parce que à la base c'était un désavantage. C'est un peu compliqué de venir depuis la France mais ne parlons même pas de l'Europe. Notre capitale européenne de la culture, elle commencera depuis chez vous.
Louise Tournillon, coordinatrice Bourges 2028
Au programme, des trains spécialement affrétés, des "aventures" au départ de Roumanie, Norvège, Portugal, pour arriver dans le Cher. En chemin, des expositions dans des villes étapes et des performances artistiques dans les wagons.
"Il y aura toutes sortes de choses disponibles: des podcasts, des bandes dessinées, des concerts. Pour faire du voyage quelque chose d'agréable", insiste la coordinatrice de Bourges 2028. Les gares de Paris-Austerlitz et Bourges seront végétalisées par des artistes et transformées en "immenses oeuvres d'art".
Pour continuer de rayonner, le Printemps ne sera pas en reste. En 2028, le célèbre festival de musique aura une dimension continentale, en s'ouvrant aux découvertes et créations européennes.
Après Paris (1989), Avignon (2000) , Lille (2004) et Marseille (2013), "Bourges va pouvoir s'exprimer sur la scène nationale et européenne pendant 20 ans", savoure le maire. Et accueillir au moins deux millions de visiteurs sur toute l'année 2028, selon lui.