Les traditionnelles commémorations du 11 novembre ont eu lieu dans toute la France. Mais à Saint-Germain-du-Puy, dans le Cher, la cérémonie d'hommage a été l'occasion de réhabiliter la mémoire de poilus décédés au front. De jeunes soldats, jusqu'ici oubliés de l'histoire et des lieux de mémoire.
L'erreur est réparée, 100 ans après l'édification du monument aux morts de Saint-Germain-du-Puy, en 1923, 10 noms de soldats oubliés, morts au front ont été ajoutés lors de la commémoration du 11 novembre 2024. Une reconnaissance de leur engagement et de leur sacrifice pendant la Première guerre mondiale, des noms gravés et visibles pour la première fois sur deux plaques ajoutées sur le monument aux morts du village.
Une reconnaissance importante pour la maire de Saint-Germain-du-Puy
Ils se sont battus pour nous, pour la liberté, pour la paix, donc on doit les reconnaître au même titre que les autres poilus décédés. Donc c'est avec fierté aujourd'hui qu’ils sont apposés sur notre monument aux morts
Marie-Christine Baudoin, maire (PCF) de Saint-Germain-du-Puy
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Réparer l'oubli
Une reconnaissance tardive, grâce en partie au travail de l'association des Amis du Patrimoine de Saint-Germain-du-Puy. En comparant des archives militaires et les noms du monument aux morts du village, Serge Bourderieux découvre que 31 soldats de Saint-Germain-du-Puy sont décédés sur le champ de bataille de la Grande Guerre.
Or le monument en mentionne 21… Pierre, Albert, Jean... Les dix noms manquants, étaient pour la plupart ceux d'orphelins, tous placés dans le même centre de redressement, la colonie pénitentiaire du Val d’Yèvre.
C'est double peine pour eux, ils avaient été mis dans cette colonie parce qu'ils avaient volé, pour se nourrir simplement parce qu'ils étaient dans la rue, ils n'avaient plus de famille. Ils ont passé des années dans cette colonie, ensuite ils partent à l'armée, ils se font tuer et on ne les reconnaît pas
Serge Bourderieux - Vice-président de l'association Les Amis du Patrimoine de saint-Germain-du-Puy
De jeunes soldats, tués ou morts avant l’âge de 22 ans. Certains avaient été mobilisés, d’autres s’étaient engagés. Mais tous finiront par être oubliés, comme s'ils n'avaient jamais existé.
Des noms oubliés volontairement ?
Mais cet oubli est-il une simple coïncidence ou un acte délibéré ? Serge Bourderieux, de l'association des Amis du Patrimoine, penche pour la seconde hypothèse. Ce serait un acte volontaire de la part de l’ancien président de l’union des anciens combattants du village.
"Le président c'était un gars de la colonie, c'était l'adjoint à l'économie donc il les connaissait. Il était rentré en 1912 ce gars-là. Il les connaissait bien, pourquoi il ne les a pas mis ? Je pense que c'est parce qu'il a considéré qu’ils n’étaient pas des vrais habitants de Saint-Germain."
Aujourd’hui, à Saint-Germain du Puy, l’erreur est réparée, les noms de ces jeunes, internés à la colonie pénitentiaire et morts pour la France au champ de bataille, sont enfin sortis de l'oubli. Une reconnaissance importante et des noms désormais gravés et cités à chaque cérémonie de la fin de la Première guerre mondiale.
Mais en France, on estime à environ 800.000 le nombre de soldats en attente d’une reconnaissance, celle de la mention "Morts pour la France".