La députée du Cher Nadia Essayan contre la loi immigration : "Les demandeurs d'asile ne sont pas des criminels"

La loi asile et immigration a été adoptée le 27 juillet en deuxième lecture à l'Assemblée Nationale. Comme en première lecture, elle a divisée la majorité. Nadia Essayan, députée Modem élue sous l'étiquette LREM, réitère son vote contre. 

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"J’ai toujours fait mes choix en toute conscience. Je fais partie d’une majorité, mais pas au prix de mes convictions." Au fil des débats et des lectures, la position de Nadia Essayan sur la loi asile et immigration n'a pas bougée. 

Elle avait voté contre en première lecture, elle vient de réitérer son vote, corrélé à plusieurs points clés du texte. 
 

Points de crispation


"Il y a des points sur lesquels je suis intransigeante. La rétention des mineurs, le traitement de Mayotte, la visioconférence" cite-t-elle pour France 3. Elle évoque aussi le raccourcissement des délais de dépôt des dossiers de demande et de recours de ceux qui cherchent asile en France. 

"Même si le Sénat est revenu dessus, ces délais restent courts, alors que selon moi ils devaient être allongés. Pouvoir constituer un bon dossier est essentiel, sans cela un demandeur d’asile ne peut pas bien se défendre. La rétention des mineurs accompagnés me choque aussi, la rétention des demandeurs d’asile tout court d’ailleurs. Ce ne sont pas des criminels."

Nadia Essayan, elle s'en était déjà expliquée, est elle-même arrivée en France en tant que réfugiée palestinienne. "Même si je n’ai pas vécu dans des camps ou fait des traversées mortelles, j’ai subi les conséquences physiques et psychiques de cet état" dit-elle à l'Assemblée le 27 juillet, un discours que nous avons décrypté avec elle. 
 


Un manque d'écoute ?


Elle y évoque des représentants de la majorité qui "n'ont pas été entendus".  "Selon moi, nous explique-t-elle, il y a eu des prises de parole très claires au sein de la majorité LREM, notamment sur Mayotte. Des prises de parole qui émanaient de travaux de groupe fait en amont, avec des présentations d’amendements, de solutions alternatives sérieuses et construites. Elles auraient pu être prises en compte sans altérer le fond de la loi."

Elle en veut pour preuve le rejet d'une expérimentation proposée par le député LREM Matthieu Orphelin qui souhaitait, dans certains territoires, permettre aux demandeurs d'asile de travailler dès leur demande déposée. 
 
"Je n’ai pas compris l’argumentation opposée à cette proposition, qui me semblait excellente et qui répondait au besoin de réciprocité entre nous les migrants. D’un côté, ils auraient pu travailler sans rester frustrés, dans leur coin, et le travail peut être une thérapie. De l’autre, on répondait aux besoins d’embauche des territoires. Nous ne sommes pas assez audacieux en France, nous ne laissons pas assez de place à l’expérimentation."
 

"Aussi nos frères"


Le 1er août, lors du prochain examen de la loi, elle votera de nouveau contre. Rien ne pourra l'en faire dévier, d'autant le Modem n'est pas connu pour faire pression en ce sens. Pour Nadia Essayan, cette loi, bien qu'elle en reconnaisse des aspects utiles et progressistes, a un problème de philosophie. 

"Dire : "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde", ça ne me satisfait pas. Nous devons accueillir notre part : comment on fait, comment on la détermine, cela nous devons l’expliquer aux gens. C’est aussi ça une République, ça permet de construire son jugement de manière plus ouverte, plus sérieuse. Il peut y avoir, si on la conduit bien, une pédagogie de l’opinion publique."

Ses arguments pour parvenir à ce changement : plusieurs études récentes sur l'impact économique de l'immigration. Elles tendent à prouver que cet impact est soit neutre, soit positif. Et un autre, dont elle espère qu'il pourra porter : "Ce vote est une question de conscience envers les demandeurs d'asile, qui sont aussi nos frères."
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