Récemment élu député, le communiste Nicolas Sansu avait désigné Corinne Ollivier, conseillère municipale de la majorité de gauche, pour prendre sa suite à la tête de la ville. Issue d'une famille ouvrière, retraitée de la SNCF, elle a été élue ce dimanche 3 juillet par le conseil municipal.
"Nous avons l'occasion de faire de ce 3 juillet 2022 un moment historique en élisant Corinne Ollivier maire de Vierzon." Ce dimanche, Nicolas Sansu se montrait heureux et ému en préambule conseil municipal. L'ordre du jour : l'élection de la personne qui prendrait sa succession à la tête de la ville.
Fraîchement élu député du Cher, le communiste a dû laisser sa place pour respecter la loi sur le non-cumul des mandats. "Il y a forcément un pincement au cœur, mais j'aime mieux passer la main en gagnant le poste de député qu'en perdant les municipales".
Une carrière dans un monde masculin
C'est Nicolas Sansu lui-même, maire de la ville depuis 2008, qui a désigné sa successeure : Corinne Ollivier, 60 ans, retraitée de la SNCF où elle militait à la CGT, jusque là conseillère municipale chargée de la petite enfance. "Je connais Corinne et son engagement sans faille [...], son obstination doublée d'une capacité d'écoute et de travail", liste devant le conseil municipal celui qui était alors, pour encore quelques minutes, le maire de Vierzon.
Il affirme avoir consciemment choisi une femme pour lui succéder, faisant de Vierzon "la première ville d'importance du département" à sauter le pas. Histoire d'"allier les compétences à l'exigence d'égalité", plaide-t-il.
La principale intéressée est bien consciente du symbole. "En France, nous ne sommes pas si nombreuses, le monde politique reste très masculin et un brin machiste", clame la nouvelle édile devant le conseil municipal qui vient de l'élire, par 27 voix sur 35. Ancienne cheminote, elle se souvient de son embauche en 1982, à 20 ans, dans "un monde presque exclusivement masculin". Les femmes, elles, "étaient cantonnées aux métiers administratifs ou à l'accueil des voyageurs, ce dernier rôle étant assimilé à celui de potiche" :
J'ai dû me battre pour m'imposer. Mais je suis tenace et je ne baisse pas facilement les bras.
Corinne Ollivier, maire de Vierzon
C'est dans son milieu professionnel qu'elle s'engage pour la première fois, au sein de la CGT dès 1986. "Il y a avait des choses qui n'allaient pas, et que je voulais changer", se souvient-elle. Au cours de ces années, elle développe sa "capacité d'écoute" et son "envie de dialoguer". Ce n'est que "bien plus tard" qu'elle commence à militer au sein du PCF local, pour élargir son engagement à l'échelle de Vierzon, sa "ville de cœur" dont elle est native. Pour elle, finir son parcours à la tête de la deuxième ville du Cher, venant d'un milieu ouvrier, était inattendu. "Jamais j'aurais pu prétendre arriver à ce type de distinction", explique-t-elle, émue.
"La forme change, mais le fond reste le même"
La nouvelle maire tient à rassurer sur sa capacité à s'"affranchir de la tutelle de Nicolas Sansu", tout en gardant avec lui "un lien indéfectible : Vierzon et ses habitants". Se disant "moins volcanique" que son prédécesseur, Corinne Ollivier pense avoir été choisie pour sa "capacité à dire non" et, en même temps, "à être consensuelle quand il le faut". Elle souhaite désormais "mener conjointement des combats locaux et nationaux" avec Nicolas Sansu. "Nous sommes collectivement plus forts avec un pied à l'Assemblée", confirme l'ancien maire et nouveau député.
Du haut de son nouveau mandat, Corinne Ollivier souhaite avant tout "continuer notre projet", celui de la majorité municipale de gauche élue en 2020. "La forme change, mais le fond va rester le même", affirme-t-elle. Fidèle à son engagement au PCF, l'édile liste "la justice sociale", "la solidarité" ainsi que l'emploi comme plusieurs de ses priorités pour Vierzon.
Des sujets sur lesquels l'opposition espère avoir son mot à dire. Se disant "très fier d'avoir enfin une femme élue maire à Vierzon", le conseiller municipal d'opposition Yann Godard souhaite travailler avec l'exécutif en bonne intelligence. Selon lui, sous Nicolas Sansu, existait une "impression de blocage", l'opposition n'ayant "pas les dossiers à temps, et rien pour travailler, tout comme une partie de la majorité d'ailleurs".
Souhaitant apporter sa "contribution", il espère des échanges constructifs avec Corinne Ollivier "dès que nous la rencontrerons". La nouvelle maire, de son côté, prévoit "un été studieux", pour se familiariser avec les dits dossiers.