En Centre-Val de Loire, comme quasiment partout en France, le printemps et le début de l'été ont été marqués par des précipitations excédentaires après deux années déficitaires. Pourtant, depuis mi-juillet des restrictions d'eau sont en vigueur dans le Loiret et l'Indre. Comment expliquer cette situation ?
Dans le Loiret, une soixantaine de communes sont concernées. Le 19 juillet 2024, la Préfecture a pris son premier arrêté de l'été pour restreindre l'usage de l'eau.
Cette décision a été prise à la suite de la baisse du niveau de certains cours d'eau. Le débit seuil est passé à l'état d'alerte pour la rivière le Milleron et d'alerte renforcée pour le Solin, la Bonnée, le Cosson et la Trézée.
Dans les zones soumises aux restrictions, il est désormais interdit de laver sa voiture et il y a des restrictions horaires d'arroser son jardin la journée, ou de remplir et vidanger sa piscine.
Des prévisions météo pas alarmantes
Cette situation peut paraître étonnante au regard de la pluviométrie excédentaire de ces derniers mois et ces dernières semaines en France et dans la région.
De plus, la situation ne semble pas alarmante pour les prochains jours. Ainsi, selon Jérémy Surcin, climatologue et membre de l'association Météo Centre, "aucune situation caniculaire ni vague de chaleur n'est prévue pour les 15 prochains jours", si ce n'est un "simple coup de chaud" lié à la remontée potentielle d'une masse d'air très chaud.
Anticipation d'un temps plus sec
Dans un communiqué, la Préfecture du Loiret indique que "hormis quelques épisodes orageux localisés", les épisodes pluvieux vont diminuer et les températures augmenter ces prochains jours, occasionnant une baisse progressive du débit des cours d'eau.
Thomas Carrière, en charge du service "Eau, environnement et forêt" à la Direction départementale des territoires (DDT), explique que la décision de restreindre l'usage de l'eau est fondé sur le débit des cours d'eau, actuellement faible, et pas sur le niveau des nappes phréatiques qui est considéré "bon" pour la saison.
Mais comment expliquer cette différence ? Selon, Thomas Carrière, les zones concernées par les restrictions d'eau sont parcourues par des cours d'eau qui ne bénéficient pas d'un large bassin versant.
Ils ne sont pas ou peu alimentés par les nappes souterraines et sont donc très sensibles aux variations méteorologiques. Ils dépendent en grande partie des précipitations et peuvent donce baisser ou remonter très rapidement.
Thomas Carrière, Direction départementale des territoires
De nouveaux relevés seront faits prochainement et un bilan sera fait sur l'état des cours d'eau en fin de semaine prochaine. C'est à ce moment-là que la préfecture décidera d'un allègement ou d'un renforcement des restrictions, d'un rétrécissement ou d'un élargissement des zones concernées.
Situation similaire dans l'Indre
Malgré un niveau des nappes phréatiques "proche de la quinquennale humide", le 20 juillet 2024 la Préfecture de l'Indre a constaté un état de sécheresse dans les bassins de la Trégonce et de la la Ringoire, et respectivement placé les deux zones en alerte et en alerte renforcée.
Dans un communiqué, elle reconnaît que le premier semestre 2024 a été "exceptionnellement" pluvieux, mais que "la première quinzaine de juillet s'est avérée plus sèche à l'exception d'orages très intenses mais localisés".
Les débits de cours d'eau restent à des niveaux "très satisfaisants pour la saison mais sont en baisse sur l'ensemble du département", particulièrement dans les deux zones soumises aux restrictions.
La préfecture anticipe également une seconde partie de juillet "plus chaude et avec peu de précipitations" et entend "diminuer la pression sur les milieux aquatiques et les réserves en eau" en limitant notamment l'irrigation agricole.