D'une comptine vieille de 600 ans au rappeur Dosseh : quand la musique rend hommage à Orléans

D'une comptine datant de la guerre de Cent ans aux punchlines du rappeur orléanais Dosseh, la ville d'Orléans inspire les artistes au fil des siècles.

Du simple clin d'oeil au détour d'une ligne à la chanson hommage, la ville d'Orléans a inspiré de nombreux artistes au fil des siècles.
Des paroles moyennageuses chantées du temps de Jeanne d'Arc aux "punchlines" du rappeur Dosseh en 2018, voici un petit tour d'horizon des morceaux qui évoquent la métropole loirétaine.
 

Le Carillon de Vendôme (1420)

Composée en 1420, en pleine apogée de la suprématie du royaume d'Angleterre dans la guerre de Cent ans, Le carillon de Vendôme énumère les dernières possession du dauphin Charles dit le "Petit roi de Bourges" (1407-1461). Parmi elles, Orléans mais également trois autres villes de la région Cenre-Val de Loire : Beaugency et Notre-Dame-de-Cléry, dans le Loiret, et Vendôme, dans le Loir-et-Cher.

"Mes amis, que reste-t-il ?
À ce Dauphin si gentil ?
Orléans, Beaugency,
Notre-Dame de Cléry,
Vendôme, Vendôme !

Les ennemis ont tout pris
Ne lui laissant par mépris
Qu'Orléans, Beaugency,
Notre-Dame de Cléry,
Vendôme, Vendôme !"

Cette chanson aurait été imaginée dans le royaume de France pour évoquer, de façon moqueuse ou empathique selon les interprétations, les dernières possessions de celui qui deviendra roi de France, après l’intervention inespérée de Jeanne d’Arc et son armée. Reconnu roi par certains dès 1422, Charles VII sera emmenée par la Pucelle d'Orléans à Reims pour se faire couronner le 17 juillet 1249.

Vieux de 600 ans, Le Carillon de Vendôme, lui, a traversé les siècles et s'est transformé en comptine pour enfant. 

David Crosby - Orléans (1971)

Si Le Carillon de Vendôme a traversé les siècles, la comptine a également traversé les océans. En février 1971, David Crosby, tout juste séparé du groupe de folk rock californien CSNY (Crosby Stills Nash and Young), sort son premier album solo If I could only remember my name. Dessus, figure le titre Orléans dans lequel le chanteur reprend les paroles de la chanson enfantine :

"Orléans, Beaugency, Notre Dame du Cléry, Vendôme, Vendôme
Orléans, Beaugency, Notre Dame du Cléry, Vendôme, Vendôme
Orléans, Beaugency, Notre Dame du Cléry, Vendôme, Vendôme"

Chevalrex - Orléans (2016)

Rémy Poncet alias Chevalrex, n'est pas orléanais mais il a eu une pensée pour la métropole loirétaine. Originaire de Valence, le chanteur a composé un morceau de folk acoustique intitulé Orléans sur son projet Futurisme, sorti en 2016.

Sur la sixième piste de son album, Chevalrex s'adresse à celle qui occupe jour et nuit ses pensées et fait battre son coeur. A cette fille qui restera anonyme pour les auditeurs, Chevalrex lui clame d'être libre et de faire ce qu'elle veut et même qu'elle "crache sur Orléans" si elle le souhaite.

Si on ignore son prénom, son âge, sa couleur de peau ou encore le charme de son sourire, on devine cependant, grâce au refrain, que celle à qui il dédie ses rimes est une orléanaise.

"Brûle tout ton argent 
Crache sur Orléans 
Quitte tes prétendants 
Tes amis, tes amants "

 

Georgio - La vue du sang (2016)

Dans ce story-telling, le rappeur parisien Georgio se met dans la peau d'un jeune soldat originaire d'Orléans parti à la guerre et qui, comme lui, pense que "la guerre et la violence, c'est de la merde !"

Dans une interview accordée au site Le Rap en France, l'artiste du 18e arrondissement de la capitale explique la genèse de La vue du Sang : "je voulais écrire une chanson sur la naïveté d’un jeune qui pense un peu comme moi, mais qui a un père un peu nationaliste, qui a des idées arrêtées et pour qui c’est une fierté de se battre pour son pays. Le jeune est aussi à la recherche d’adrénaline, de sensations, et décide de s’inscrire à l’armée mais se rend compte qu’il n’aime pas du tout ça et que c’est l’horreur".

C'est dans le troisième couplet du morceau que Georges Edouard Nicolo, de son vrai nom, révèle la ville d'origine du jeune militaire :

"J'ressens l'besoin de rentrer
De lire les voyages de Sylvain Tesson
Traîner dans les bars d'Orléans et retrouver mon chez moi
Près de la Loire, chaque soir, sans exception
Retrouver mon chez moi, près de la Loire
Chaque soir, sans exception"

Toujours dans la même interview, l'artiste conclut : "Je n’émets aucun jugement, je ne critique ni l’armée ni les militaires, parce que je ne connais pas et cela ne m’intéresse pas. Je voulais juste raconter la naïveté d’un mec qui part à la guerre".
 

Dosseh - 45 Atmo (feat. Votorious, Ppros, Biss) (2018)

Les rappeurs aiment représenter leur ville. C'est limite une obligation. Après tout, représenter une communauté ou un territoire fait partie de l'essence même du Hip hop. Et l'Orléanais Dosseh ne déroge pas à cette tradition.

Pas avare des "Orlinz"[un des noms donnés à la ville d'Orléans] balancés par-ci, par là dans ses morceaux depuis des années, Doss' a fini par dédier un titre entier à son département, le Loiret, et à sa ville Orléans avec le morceau 45 Atmo [45 Atmosphère, ndlr].

Sur la 14e track de son dernier album Vidalossa, sorti le 4 juin dernier, le rappeur dégaine dès les premières mesures "45, Orléans, c'est mon support".

"J'viens du 45, 45, 45
45, 45, 45
45, 45, 45
45, 45, 45
J'ai mon 45, 45, 45
45, 45, 45
45, 45, 45
45, 45, 45"

Sur ce titre chauvin et égotrip, Yuri [un de ses alias] a ramené ses compères Votorious, Ppros et Biss, eux aussi originaires de la métropole loirétaine. Invité sur la radio spécialisée OKLM, Dosseh raconte qu'il souhaitait "grâce à l'exposition de VidaLossa faire un bon morceau pour mettre en lumière sa ville et des mecs qu'ils trouvent chauds".