Confinement oblige, certains jeunes LGBTI (lesbienne, gay, bisexuel, transgenre, intersexe) se retrouvent confinés dans des environnements familiaux hostiles. Les associations de défense pour les droits des LGBTI tirent la sonnette d’alarme en France, et en Centre-Val de Loire.
Depuis plusieurs jours, des témoignages sur la détresse de jeunes LGBTI (lesbienne, gay, bisexuel, transgenre, intersexe) affluent sur les réseaux sociaux. Confinés depuis plus d’un mois avec leur famille, certains jeunes vivent un cauchemar avec des pressions homophobes qui s’accentuent.
Le 18 avril, le secrétaire général de l’association Stop Homophobie a rapporté sur Twitter des insultes que subit un adolescent de 15 ans :
« Sale pédé, pédale, dégage de chez moi », un beau-père à son fils de 15 ans qu’il découvre gay, tandis que sa mère lui ouvre la porte ! Voilà à quoi nous sommes encore confrontés en pleine crise sanitaire #lignedurgence @stop_homophobie
— Terrence Katchadourian (@TKatchadourian) April 18, 2020
La question de l’hébergement d’urgence
Plusieurs associations, dont SOS Homophobie, ont notamment adressé une lettre à Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de la lutte contre les discriminations, pour demander une réponse à l’urgence à laquelle de nombreux jeunes LGBTI font face. Ce courrier fait suite au rejet d’un amendement proposé le 17 avril par des députés LREM et PS, visant à renforcer la prise en charge et l’hébergement d’urgence des jeunes LGBTI. Michel Navion, délégué de l’association SOS Homophobie en Centre-Val de Loire déplore le comportement du gouvernement.Les hôtels sont vides en ce moment. Certes, il y a d'autres priorités pendant la crise sanitaire, mais il faudrait ouvrir la possibilité de sortir de leur foyer ces jeunes LGBTI qui font face à des violences psychologiques ou physiques dans le cercle familial, confinement ou pas.
Michel Navion, SOS Homophobie Centre-Val de Loire
Bien que la question des jeunes LGBTI mis à la porte par leurs parents “reste une situation qui arrive rarement” en Centre-Val de Loire selon Christophe Desportes-Guilloux, secrétaire du Groupe d'Action Gay et Lesbien du Loiret (GAGL 45), bon nombre d’entre eux souffrent de tensions intrafamiliales pendant le confinement.
Des témoignages homophobes remontés aux associations
Le centre LGBTI de Touraine dit recevoir une plus forte demande d’entretiens individuels (en ligne) que d’ordinaire depuis le début du confinement. “Au total, 75 % de la trentaine d’entretiens qu’on a eus depuis la crise concernent des tensions avec la famille”, précise Johan Posson, co-président du centre LGBTI basé à Tours.Certains parents ont des propos relativement homophobes ou transphobes avec leurs enfants. Il est important de parler de cette violence psychologique et d'imaginer ce que ressent un jeune dont les parents disent “Maintenant, je considère que mon enfant est mort”, alors qu’ils sont confinés ensemble
Johan Posson, co-président du centre LGBTI Touraine
Une ligne d’écoute est également proposée par l’association SOS Homophobie pendant le confinement. Au bout du fil, des jeunes se confient et partagent leur malaise psychologique. “Deux cas concernaient des adolescents ne supportant plus la cohabitation avec un beau-père homophobe”, rapporte Michel Navion, délégué régional de l’association. “L’un d’eux est psychologiquement très perturbé par la situation, il se sent étouffé par la situation. Notre rôle, c’est de l’aider et le rassurer à distance”, développe celui qui reconnaît que peu de personnes ont pris contact avec l’association, par téléphone ou par mail, depuis la mise en place du confinement.
Même constat du côté du GAGL 45, qui a été contacté par cinq personnes depuis le confinement. “D’ordinaire, on reçoit quatre à cinq personnes par jour”, précise Christophe Desportes-Guilloux, secrétaire de l'association. Chaque année, le local de l’association orléanaise reçoit de plus en plus de monde : 940 personnes en entretien en 2019, contre 780 en 2018 et 500 en 2017. Mais alors, pourquoi moins de sollicitations depuis la crise ?
“Se retrouver 24h/24 avec sa famille ne lui permet pas de souffler”
Peur que les parents soient au courant ? Impossibilité d’avoir accès à un téléphone ou à Internet en milieu rural ? “Je n'ai pas vraiment d'explications, mais cela ne signifie pas que le mal-être n’existe pas”, explique Christophe Desportes-Guilloux, précisant que le confinement aggrave la situation de certains. À l’instar de cette adolescente qui a pris contact avec l’association il y a quelques jours : “D’habitude, elle passe ses journées au lycée et ne voit que quelques heures par jour ses parents, qui ont du mal avec son homosexualité. Aujourd’hui, se retrouver 24h/24 avec sa famille ne lui permet pas de souffler et elle le vit mal”, raconte le secrétaire du GAGL 45.Alors, comment tenir le coup pendant le confinement ? “Prendre contact avec des personnes de confiance pour mettre des mots dessus et alléger cette charge quotidienne”, conseille Johan Posson, co-président du centre LGBTI de Touraine. “S’il y a une situation de danger, protégez-vous et mettez-vous en sécurité. Mais ne restez pas seuls.”
INFORMATIONS ET NUMÉROS UTILES
- SOS Homophobie Contact en Centre-Val de Loire : par mail à sos-centre@sos-homophobie.org ou par message privé sur la page Facebook SOS Homophobie Centre-Val de Loire
Du lundi au vendredi : 18-22h
Samedi : 14-16h
Dimanche : 18-20h
Le service de chat est ouvert 7j/7 de 18h à 20h.
- Centre LGBTI de Touraine
mercredi de 17h à 19h30 et samedi de 14h à 16h30.
En dehors de ces horaires, le centre LGBTI de Touraine répond aux mails via social.clgbttours@gmail.com ou aux messages privés sur Facebook et Twitter.
- GAGL 45 (Groupe d'Action Gay et Lesbien du Loiret)
- Stop Homophobie
Par téléphone au 07 71 80 08 71
Sur twitter : @stop_homophobie