En période de confinement et avec la mise en place de couvre-feux dans certaines villes, les habitants s’interrogent sur la nécessité de continuer à éclairer les rues. Les collectivités avancent des raisons de sécurité, mais pas seulement.
Vous êtes nombreux, confinés à la maison, à avoir passé une tête par votre fenêtre et constaté que les rues étaient toujours éclairées malgré leur faible fréquentation nocturne ces dernières semaines. Une question donc : pourquoi maintenir l’éclairage public allumé alors que ce dernier semble accessoire?
@nflorian33 pourquoi ne pas éteindre l’éclairage public, au moins entre minuit et 4h? À qui sert-il en ce moment? #oùsontlesétoiles #ecologie #bonsens
— Gauthier Christophe (@Chr_Gauthier) April 17, 2020
#COVID19
— Guillaume Vimont (@AuteurVimont) April 15, 2020
⚠️?Serait-il possible d'éteindre l'éclairage public et les devantures de magasins pendant la période de #confinement ? Théoriquement on n'en a pas besoin!? À grande échelle ce serait #écologique?et #économique?!
Imaginez, sur tout la? !?
-Partage si t'es d'accord-? pic.twitter.com/MT1VNh96dG
"Pour des questions de sécurité, c’est inenvisageable !", explique le service communication d’Orléans Métropole, qui reconnait néanmoins que l’éclairage est moins utile en cette période où l’espace public est moins fréquenté qu’à la normale. "La principale préoccupation, c’est la sécurité des habitants. Beaucoup de gens, comme les personnels soignants ou les agents de la police municipale, continuent de travailler la nuit. Il y a encore des personnels prioritaires qui sont au boulot et ont besoin de lumière la nuit".
Même raisonnement à Tours où la municipalité est en charge de la gestion de l’éclairage public. Dans des vidéos publiées sur Facebook, le maire Christophe Bouchet répond quotidiennement aux interrogations des habitants sur la crise sanitaire. Le 7 Avril, c’est sur une possible extinction des lumières urbaines que l’édile était interrogé. "La réponse est non !", déclarait Christophe Bouchet, qui déroule ensuite la liste des travailleurs de nuit : "Il y a beaucoup de tourangeaux en première ligne, les caissières, les soignants, les infirmières libérales etc.. qui ont besoin des rues, qui ont besoin de la ville pour circuler, pour rentrer chez eux."
A Tours et Orléans, on baisse la lumière
Mais loin d’éluder la question, les municipalités et métropoles se sont interrogées sur une manière d’agir qui ne soit pas préjudiciable aux travailleurs nocturnes. A Orléans comme à Tours, on a donc décidé de réduire l’intensité des éclairages, mais cette solution alternative n’est pas applicable partout : "Ce n’est possible que dans les rues qui ont été refaites récemment et où l’éclairage a été changé. Là, on a baissé l’intensité des lumières", explique le service communication d’Orléans Métropole.
A Tours, Christophe Bouchet précise que cela ne peut se faire que sur les éclairages de type LED "parce que là, on peut baisser, on peut faire varier, comme chez vous sur les LEDs."
A Bourges, l’éclairage public coûte 1 million d’euros par an
A Bourges, où un couvre-feu est instauré depuis le 31 mars de 21h à 6h du matin, éteindre les lumières de la ville pourrait paraitre encore plus pertinent, d’autant que d’après le maire et président de Bourges-Plus, Pascal Blanc, "la facture de l’éclairage public à Bourges représente 1 million d’euros par an".
Pascal Blanc n’envisage pas non plus de baisser l’intensité de l’éclairage sur la capitale berruyère, car le bénéfice de la manipulation serait minime selon lui : "A Bourges, une majorité de l’éclairage n’est pas LED, et un éclairage LED permet déjà de faire d’énormes économies. Donc l’intérêt de baisser l’intensité des lumières LED est mineur".La question s’est posée mais nous avons maintenu l’éclairage pour des questions sécuritaires. Même si le préfet a pris un couvre-feu, il y a toujours des soignants, des logisticiens, qui rentrent chez eux de nuit. De plus, la surveillance policière qui se fait la nuit avec la présence d’un arrêté préfectoral de couvre-feu nécessite que les éclairages soient allumés pour intervenir.
A Blois on éteint déjà depuis 2012
Blois, dans le Loir-et-Cher, a aussi fait un geste pour l’environnement et les finances de la ville. Le Pont Jacques Gabriel, qui bénéficie d’un éclairage artistique, est désormais éteint jusqu’à la levée du confinement. Concernant le reste de l’éclairage public, la ville éteint déjà une partie de ses lampadaires depuis 2012. Dès 23H30, 710 éclairages sur les 8 500 que compte Blois sont mis au repos. A la mise en place de cette mesure, la municipalité espérait ainsi réaliser près de 20 000 euros d’économie et réduire de 29 tonnes les émissions de CO2.
"Le juste usage de l’éclairage public"
Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie), qui agit auprès des collectivités dans le domaine de la transition énergétique, l’éclairage public représente :
- 41 % des consommations d’électricité des collectivités territoriales ;
- 16 % de leurs consommations toutes énergies confondues ;
- 37 % de leur facture d’électricité.
Au bord de la Loire par exemple, vous avez un certain nombre de luminaires qui restent allumés et qui a priori, vu que c’est interdit d’y circuler, ne sont pas utiles. Le sujet n’est pas d’embêter les maires avec ça mais vu la situation économique, c’est aussi une réponse car cela engendre des économies d’énergie
En France, plusieurs villes ont pris la décision d’éteindre partiellement, totalement ou d’abaisser le niveau des éclairages publics. C’est notamment le cas à Bayeux (Normandie), Grasse (Alpes-Maritimes), Collioure (Pyrénées-Orientales), Orsay (Essonne) et Quimperlé (Finistère).