Coronavirus : la betterave sucrière utilisée pour fabriquer du gel hydroalcoolique en Eure-et-Loir et dans le Loiret

Les groupes sucriers spécialisés dans la transformation de la betterave réorganisent leur production pour fournir de l'alcool nécessaire à la fabrication de gel hydroalcoolique. Sont concernées les distilleries de Toury (Eure-et-Loir) qui était sur le point de fermer, et celle d'Artenay (Loiret).

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Les betteraves ont été semées il y a moins d'un mois en Eure-et-Loir et dans le Loiret, et les agriculteurs ont été obligés d'irriguer ces derniers jours pour que la graine germe. Même si elles vont mettre plusieurs mois à pousser, elles sont aujourd'hui précieuses dans le cadre de la crise sanitaire du Covid-19, et pas seulement pour l'aspect alimentaire. 

En effet, une fois le sucre extrait de la betterave, les substrats de cette dernière (à savoir la mélasse, le sirop) sont stockés pour fabriquer plus tard de l'alcool. Il faut pour cela que la sucrerie abrite une distillerie. Il en existe deux dans la région : une à Artenay qui appartient à Tereos, l'autre à Toury, qui fait partie du groupe Cristal Union.

Il n'en restera plus qu'une

 "Le site de Toury fait des alcools surfins qui étaient destinés à la parfumerie et à la cosmétique et qu'on a réorienté vers des applications biocides", explique la direction nationale du groupe Cristal Union.

100% de la production soit 1.000 hectolitres d'alcool surfin sortent donc chaque jour de la distillerie de Toury, et sont destinés à des clients français de toutes tailles qui fabriquent des gels hydroalcooliques.

Mais cette production doit s'arrêter fin mai car l'usine est condamnée à la fermeture depuis fin décembre, et doit définitivement fermer ses portes en septembre.

Il ne restera alors plus que le site de Tereos à Artenay pour le Centre-Val de Loire, alors que la région concentre environ 1.600 producteurs de betteraves, d'après le syndicat betteravier.

Meilleur potentiel de rendement

D'après Frédéric Rebyffé, délégué CGT à la sucrerie de Toury, "la distillerie participe à l'effort national. Ce qui est dommage, c'est que la seule distillerie du département qui produisait de l'alcool, et capable d'aider à faire face, va fermer."

Avec la situation qu'on est en train de vivre en ce moment, on aurait pu démontrer toute l'utilité de notre usine, avec le sucre et l'alcool.

Aurélie Hallain, qui cultive la betterave pour Cristal Union, partage cet avis. "C'était l'usine la plus polyvalente. On n'a pas compris la fermeture", souffle-t-elle.

Elle affirme par ailleurs que sur le bassin du sud de l'Eure-et-Loir et du nord du Loiret "on fait de la betterave depuis moins de temps, donc les betteraves sont moins malades donc il y a un meilleur potentiel de rendement." 

Le potentiel de rendement de Toury était le meilleur au monde.

Du gel hydroalcoolique dans la sucrerie

Les betteraviers doivent désormais envoyer leurs récoltes aux autres sucreries alentours. La seule qui continuera à fabriquer de l'alcool sera donc le site de Tereos à Artenay.

De l'alcool, et même directement du gel hydroalcoolique, car cette usine ainsi que quatre autres "disposent du savoir-faire nécessaire à la fabrication d’alcool pharmaceutique et de capacités importantes", affirme le groupe Tereos dans un communiqué.

Dès le 18 mars, la direction annonçait que cette production serait "mise à la disposition gratuitement des Agences Régionales de Santé et des hôpitaux des régions proches, qui connaissent des situations très critiques".  Si les betteraviers se voient distribuer des flacons de gel hydroalcoolique, ils ne bénéficieront pas de retombées particulières : "ce sont les mêmes betteraves qui servent pour le sucre et l'alcool, c'est le même prix et le même contrat", rappelle Milène Grapperon, directrice du syndicat betteravier du Centre-Val de Loire.

Quant à savoir si la récolte de betteraves sera bonne, il faudra attendre jusqu'en septembre prochain. 
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