Environ 50% de baisse de fréquentation, c'est le constat fait par une majorité de médecins généralistes. La faute au Covid-19 et à la peur de l'attraper lors d'une consultation. Les médecins tentent de rassurer.
Depuis le début de la crise sanitaire, les déserts médicaux ont pris une nouvelle signification.
En Centre-Val de Loire, la fin de l'année 2019 a été marquée par un fait inédit: L'annonce, par le Conseil Régional, de la prise en charge de quelques 150 médecins salariés d'ici à 2025, pour pallier les manques dans de nombreuses communes rurales et, parfois, en zone urbaine.
Pourtant, dans cette région, la plus touchée de France par le déficit de médecins généralistes, les cabinets sont aujourdhui régulièrement vides.
Alice Perrain est médecin généraliste à La Croix-en-Touraine (Indre-et-Loire) et déléguée régionale du syndicat MG France, la fédération française des médecins généralistes. Pour elle et ses collègues d'Indre-et-Loire, la baisse de fréquentation des cabinets s'établit autour des 50% et frôle les 80% pour les patients atteints de maladies chroniques :#COVID19 Les cabinets désertés par les patients... Par @fdeligne. pic.twitter.com/4t4oFhFLs9
— Le Généraliste (@LeGene_hebdo) April 11, 2020
Dans cette partie de la Touraine où travaille le docteur Perrain - Amboise, Bléré, Montrichard - la téléconsultation a remplacé les visites physiques. Le dispositif permet de récupérer les patients les plus inquitets face au Covid et d'éviter de graves décompensations.Pour ces maladies chroniques, comme les hypertensions, les diabètes, des pathologies respiratoires ou cardiaques, on répète qu'il faut venir nous voir.
J'ai des patients qui me disent "c'est rien, je viendrai plus tard" et je réponds qu'il faut qu'ils consultent, même par téléconsultation si ça les rassure, mais il est impératif que l'on ait un contact direct et régulier avec eux, y compris pour un renouvellement de prescription car les risques sont réels pour eux.
À Tours c'est le référent de SOS Médecins, le docteur Phu, qui alerte sur les conséquences potentiellement désastreuses de "l'abstentionnisme" médical.
On a aux alentours de 15% d'urgences réelles dans les cas que nous voyons en ce moment et c'est 2 à 3 fois plus qu'en temps normal. Cela veut bien dire que des patients attendent le dernier moment pour voir un médecin.(..)
On leur rappelle qu'on peut les reçevoir sans risques, avec des protections et en les éloignant des potentiels patients Covid.
Il y a, néanmoins, quelques constats étonnants en cette période de baisse d'activité chez les généralistes et aux urgences des hôpitaux, hors consultation pour le Coronavirus.
Ainsi "la consommation médicale", la bobologie, apparaît clairement comme un facteur de désorganisation de notre système de santé en temps normal. Une plus grande maturité du citoyen sur son recours au système de santé réglerait une partie des problèmes de désertification médicale.Enfin et contre toute attente, les chiffres remontés aux ARS, les Agences Régionales de Santé, montrent une baisse significative des infarctus et des AVC, comme si le confinement avait apaisé certains patients à risque et les protégeaient du stress.
Les médecins généralistes s'attendent néanmoins à un pic d'activité après le déconfinement et prévoient déjà la mise en place de flux de circulation pérennes, visant à isoler les malades du Covid des autres patients.