Coronavirus : ces entreprises “non essentielles” du Centre-Val de Loire qui appellent leurs salariés à venir travailler

En France, de plus en plus d'employeurs non concernés par les mesures de confinement appellent leurs salariés à reprendre le chemin du travail. C'est le cas de Deret Logistique à Saran (Loiret), Mecachrome à Amboise (Indre-et-Loire) et à Aubigny-sur-Nère (Cher), et MBDA à Bourges (Cher).

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Supermarchés, pharmacies, hôpitaux… En pleine crise sanitaire liée au coronavirus, de nombreux salariés continuent de se déplacer chaque jour pour satisfaire le pays en produits de première nécessité durant le confinement. Mais qu’en est-il de l’activité productive “non essentielle” ?

Si, dans ses recommandations, le gouvernement invite les employeurs à favoriser le télétravail pour leurs salariés, le flou règne pour ceux dont les tâches ne peuvent se faire à distance. Le ministère de l'Intérieur a simplement rappelé dans un télégramme adressé aux préfectures le 17 mars que “les établissements industriels, entrepôts, marchés de gros sont autorisés à fonctionner dans le respect des consignes sanitaires en vigueur".

Ainsi, des grandes entreprises aux activités “non essentielles”, à l’instar de Deret Logistique, Mecachrome, et MBDA, appellent leurs salariés à retourner sur leur lieu de travail dès cette semaine.
  

Reprise d’activité partielle dans l’usine Deret Logistique à Saran

Samedi 21 mars au soir, les salariés de l’entreprise Deret Logistique à Saran (Loiret) ont eu la surprise de recevoir un mail de la direction les informant de leur retour au travail dès ce mardi 24 mars, pour celles et ceux qui le peuvent. Une information également communiqué sur leur site internet.

L’activité de l’usine, spécialisée dans le traitement des flux de produits de luxe, tourne toutefois au ralenti depuis la mise en place du confinement. Sur les 1 600 salariés, “une centaine a bien voulu se porter volontaire pour rester travailler” selon la déléguée CGT (Confédération générale du travail) Patricia Guénant. 

Pour cette cariste, qui fait partie des volontaires, le retour au travail s’est fait avec “la peur au ventre”. Mais assure ne pas “jeter la pierre” à la direction, que la rédaction de France 3 n’a pas réussi à joindre.


Le gouvernement reste ambigu sur certaines choses. Tout ce que je sais, c’est que j’ai un travail et que je veux le préserver. Chaque jour, je me pose la question de savoir si je vais remplir mon assiette le soir. Macron, lui, ne se la pose même pas. Patricia Guénant, déléguée syndical CGT à Deret Logistique


En réponse à la crise sanitaire, la syndicaliste assure que la société met à disposition des “masques de protection et du gel hydroalcoolique” aux salariés. “On s’arrange pour avoir un bon mètre de distance entre nous et pour ne pas prendre nos pauses en même temps".

Dans les colis, Patricia Guénant et ses collègues voient passer des articles qui ne sont pas forcément de première nécessité. “Un sac à main Louis Vuitton ou un rouge à lèvres Sephora, ce n’est pas quelque chose d’important en soi”, raisonne-t-elle. “Et pourtant des gens les commandent sur internet. Donc il faut continuer à livrer.”
  

Réouverture de Mecachrome à Amboise et Aubigny-sur-Nère

Le spécialiste de l'aéronautique Mecachrome à Amboise (Indre-et-Loire) et Aubigny-sur-Nère (Cher), qui avait décidé de fermer ses portes pour une désinfection complète du site, a repris ce lundi 23 mars une activité partielle. À Amboise, la moitié des 340 salariés a repris le travail, dont une partie en télétravail. 

Dans l’usine, l'activité principale est la production de pièces de charpente aéronautique. “Pour moi, cela ne fait pas partie des secteurs essentiels comme l’énergie ou l’alimentaire”, reconnaît Jacky Chauvière, délégué FO (Force ouvrière) qui revendique le confinement total de la population. “Les salariés sont très anxieux et inquiets à l’idée d’avoir un cas de coronavirus dans l’usine. On ne comprend pas pourquoi on continue à produire et à prendre des risques.” 
 
Le technicien qualité sur le site d’Amboise assure que si cette situation crée des tensions, il n’y a pas d’animosité à avoir envers la direction de l’usine. “C’est ce que nous demande le gouvernement qui est incompréhensible” dénonce-t-il.


D’un côté, on doit rester confinés, et de l’autre, maintenir l’activité économique du pays dans des conditions d’hygiène qui ne sont pas claires. C’est incohérent. Jacky Chauvière, délégué FO à Mecachrome (Amboise)


Les salariés qui ne souhaitent pas reprendre le travail seront mis en congés payés. “Ce n’est pas idéal, mais toutes les boîtes ne proposent pas d’avoir ce choix”, conclut-il. À ce jour, la direction n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, nous expliquant attendre d’avoir plus de recul sur la situation.
 

Les salariés de MBDA Bourges invités à revenir le 30 mars

Après avoir annoncé suspendre son activité en France jusqu’au lundi 23 mars inclus, le missilier MBDA, basé à Bourges (Cher) et Selles-Saint-Denis (Loir-et-Cher), a étendu la mesure jusqu’au vendredi 27 mars inclus. Cette période doit lui permettre “de mettre en place un certain nombre de mesures de précaution sanitaire pour assurer une reprise de l’activité dans les meilleures conditions”, assure-t-on du côté de MBDA. “Nous nous laissons le temps de voir comment adapter les conditions de travail et les règles de sécurité de tous les collaborateurs”. 
 
Selon Xavier Pesson, délégué FO sur le site de Bourges, il s’agirait d’une reprise très partielle, avec moins de 10 % des effectifs, sur des activités prioritairement demandées par l’État. “Certes, notre activité ne rentre pas dans le champ des activités indispensables pour le plus grand nombre”, reconnaît Xavier Pesson. “Mais ça reste une nécessité pour l’État et ses militaires français au Mali qui auraient des besoins d’équipements pour leur sécurité par exemple.”

Le sentiment qui règne chez les salariés du fabricant de missiles ? “Le désarroi et l’inquiétude”, assure de son côté Jacques Staath, élu CGT sur le site de Bourges. “Beaucoup travaillent en atelier et ont besoin d’être à moins d’un mètre de distance. Tout le monde a peur d’être contaminé par le coronavirus.” Jacques Staath, comme de nombreux employés de MBDA, devra reprendre le chemin du travail à compter du lundi 30 mars.
 
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