Depuis la crise du coronavirus, le secteur de l'aéronautique est à l'arrêt. Pour les entreprises sous-traitantes en Centre-Val de Loire, c'est l'inquiétude. Le trou d'activité de deux à trois mois pourrait entraîner des licenciements à court terme.
Comme dans la plupart des secteurs de l'industrie française, dans l'aéronautique, on s'inquiète également des répercussions économiques de la pandémie de Covid-19. L'aéronautique mondiale est à l'arrêt ou presque. En Centre-Val de Loire, pour les entreprises sous-traitantes dans ce domaine dont les principaux clients sont Airbus et Boeing, les conséquences pourraient être importantes.
La plupart des 334 PME-PMI de ce secteur, qui génèrent 24.240 emplois (dont 10.000 dans les bassins industriels de Bourges et de Blois) sont suspendues aux annonces de reprises du Gouvernement, mais aussi aux décisions économiques que prendront Airbus et Boeing.
Une des conséquences de la crise du coronavirus: Airbus a annoncé mercredi 20 mai la fin prématurée de l'exploitation de l'A380.
La région, pôle majeur de sous-traitance aéronautique
Le Centre-Val de loire, 4e région dans ce secteur après l'Occitanie, l'Ile-de-France et les Pays de Loire, est un pôle majeur de sous-traitance aéronautique qui bénéficie de la présence de leaders mondiaux (Thales, MBDA, Safran Aerosystems Hydraulics ou Zodiac Seats France,...) et d’un réseau important de PME-PMI reconnu pour son expertise en matière d’aménagement intérieur de cabine, d’électronique, de traitement de surface, de maintenance ou encore de démantèlement d’avions.Avant la crise du coronavirus, le secteur se portait plutôt bien. Selon le sondage réalisé par l’association Aérocentre, missionnée par la région pour le développement de la filière aéronautique, en 2019, on comptait 688 emplois à pourvoir dans 79 entreprises aéronautiques du Centre-Val de Loire. Aujourd'hui, ce chiffre est loin d'être d'actualité.
"Avec les plus gros clients Airbus et Boeing à l'arrêt, aujourd'hui, on prévoit une baisse des effectifs de 30 % dans la filière, explique Jean-Michel Sanchez, président du cluster Aérocentre. Ça nous fait un trou de deux à trois mois, gérable avec le chômage partiel, mais il faudrait que ça reprenne en septembre."
"Le chômage partiel ne peut pas durer"
Dans la plupart des entreprises, 25 à 30 % des salariés ont été mis en chômage partiel.Patrick Bourrelier dirige JSM Perrin à Châlette-sur-Loing dans le Loiret, une petite entreprise d'une cinquantaine de salariés, spécialisée dans les métaux durs (inox, titane, inconel) : " Une partie des salariés est en télétravail, une autre en chômage partiel, mais nous n'avons pas complètement stoppé l'activité, explique Patrick Bourrelier. L'atelier est grand et nous avons établi des mesures sanitaires quasiment tout de suite. Nous nous sommes juste réorganisés. Le chômage partiel nous sauve un peu, mais avec un trou de deux à trois mois, on ne tiendra pas financièrement."
Une reprise de l'activité de près de 45 % pourrait s'amorcer d'ici quelques semaines
Airbus prévoit une reprise entre 40 et 45 % de son activité dans les mois à venir, mais il faudra attendre un an, voire deux ans pour retrouver une activité normale dans ce secteur. En attendant, la crise devrait entrainer des licenciements à court terme."On reste tout de même optimiste, ajoute Jean-Michel Sanchez. Le secteur a déjà connu des crises en 2001 et en 2008. Á chaque fois, cela a pris deux ans pour que l'aéronautique s'en remette. L'expérience nous a montré qu'il fallait d'abord licencier et ré-embaucher un peu plus tard. Ce serait donc une solution à court terme, le temps que la situation revienne à la normale".