Pour freiner la propagation du Covid-19, la France a opté pour un confinement généralisé. Un moment qui révèle déjà de multiples facettes individuelles et collectives. Entretien avec Karl Brozek, enseignant en philosophie dans un établissement de Loire-Atlantique.
- Avec cette période de confinement, est-on selon vous en train de vivre une forme de repli sur soi ou au contraire un retour sur soi ?
La situation de confinement m’évoque l’italien Pétrarque. Dans son livre "La vie solitaire", il avait fait le choix de s’isoler du monde pour méditer, prier, philosopher. Pour tenter de parvenir à mener des activités sans objectif productiviste. C’est peut-être cela le défi actuel : se déshabituer du schéma habituel dans lequel nos activités sont rétribuées par un salaire ou une forme de reconnaissance. Si l’on s’isole, volontairement comme Pétrarque, ou de manière forcée comme ce que nous vivons en ce moment, ce pourrait être l’occasion de nous reconnecter à nous-mêmes.L’autonomie de la volonté est le principe unique de toutes les lois morales et des devoirs qui y sont conformes.
— CHEM (@CHEM_FR) December 4, 2017
Par Emmanuel Kant, philosophe allemand, fondateur du criticisme et de l’idéalisme transcendantal. pic.twitter.com/yogQFn7w4S
- L’une des grandes interrogations de la philosophie a porté sur le besoin que l’on a de l’autre. Qu’auraient pensé les grands philosophes de ce confinement ?
À contrario, Jean-Jacques Rousseau voyait l’homme comme gentil, solidaire, toujours prêt à aider, sans agressivité. Selon lui, c’est la société qui nous a, en quelque sorte, déréglés et rendus égocentrés. Elle seule serait responsable de tous nos maux, elle serait créatrice de différences sociales. Si Rousseau avait pu observer ces jours derniers des clients se ruer sur le papier-toilette dans les supermarchés, cela aurait renforcé son point de vue selon lequel l’homme est de nature solidaire mais comment finalement, perverti par la société, il est devenu individualiste.
On jouit moins de tout ce qu’on obtient que de ce qu’on espère.
— Emilie Fatton (@iamemiliefatton) March 18, 2020
— Jean-Jacques Rousseau pic.twitter.com/otUQPud5ZQ
- Que dire de la notion de solidarité, justement ? La crise sanitaire semble réveiller les consciences et créer du lien ?
- Certaines personnes ne respectent pas scrupuleusement les mesures de confinement en France. Que traduit cette volonté de s’échapper, de ne pas rester chez soi ?
« Malheur à qui n’a plus rien à désirer […] On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on est heureux qu’avant d’être heureux »
— Post Scriptum (@Quotes_PS) January 23, 2020
Rousseau
- Qu’allons-nous collectivement retirer, voire gagner, de cette crise ? Y aura-t-il un avant – après ?
- Quels philosophes peuvent nous aider à mieux vivre ce moment inédit ?
"Si quelqu'un livrait ton corps au premier venu, tu en serais indigné.
— French Stoïque?? (@frenchstoique) March 19, 2020
Et toi, quand tu livres ton âme au premier rencontré pour qu'il la trouble et la bouleverse, s'il t'injurie, tu n'as pas honte pour cela ? "
Epictète - Manuel