Coronavirus : pas d’incivilités, de vols ou d’agressions recensés contre les soignants en Centre-Val de Loire

En pleine épidémie de Coronavirus, les vols de masques et les agressions de soignants se multiplient en France. Pour l’instant, infirmières, médecins et pharmaciens du Centre-Val de Loire semblent épargnés mais des consignes se transmettent pour s’en prémunir.

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Chaque crise est vectrice de mouvements de paniques ou voit naître des réseaux souterrains. Difficile de dire si la multiplication de vols et d’agressions ces derniers jours en France est motivée par la peur de la contamination ou l’appât du gain. Il n’en est pas moins que les infirmières, médecins et pharmaciens, toujours mobilisés dans la lutte contre le Covid-19, en sont les premières victimes.

L’objet de la convoitise qui rend les patients très tendus, c’est bien sûr en majeure partie les fameux masques, introuvables dans les officines pour le commun des mortels. Carine Wolf-Thald, présidente de l’Ordre national des pharmaciens, déplorait le 24 mars sur Europe 1 une hausse des agressions sur ses confrères, "le double voire le triple" par rapport à la même période l’année dernière. "Il y a des agressions physiques et à l’arme blanche, jusqu’à des menaces de mort. Ça va très loin", déplorait-elle au micro de nos confrères.
 
En Centre-Val de Loire, les choses semblent bien plus calmes, le Conseil régional de l’ordre des pharmaciens n’a pour l’instant pas eu de retour d’agissements aussi graves : "On a des patients un peu pressants et qui nous mettent en difficulté car il n’y a pas de masques prévus pour eux sauf ceux prescrits par les médecins", explique Eric Doudet, président du Conseil régional de l’ordre des pharmaciens du Centre-Val de Loire et pharmacien à Tours. Des patients qui, selon lui, sont encore trop nombreux à venir s’approvisionner dans les officines en cette période de confinement: "Il y une part légitime de renouvellement d’ordonnances et de médicaments, mais j’ai un peu l’impression que les gens en profitent pour faire « leur ballade du jour »", constate-t-il.

Le pharmacien déplore également un manque d’informations de la part du gouvernement qui, là aussi, peut être source de tensions :

On a un peu l’impression que la profession n’est pas bien soutenue. On n’a pas d’infos sur les distributions de masques ou alors elles sont contredites le lendemain. Donc on est aussi dans l’incapacité de donner des informations claires et fiables aux patients

Finalement, le seul véritable "accrochage" noté par Eric Doudet, c’est avec un médecin qu’il l’a eu. Un échange "tendu" autour de la fameuse "chloroquine", médicament placé sous le feu des projecteurs avec le Covid-19 : "Il voulait se prescrire à lui-même un traitement de Plaquenil (du Sulfate d'hydroxychloroquine, un dérivé de chloroquine NDLR). Mais c’est un médicament qui, dans son indication initiale, est une vraie nécessité. Le risque, c’est de créer une pénurie pour les gens qui en ont besoin.". Le pharmacien poursuit effaré : "Il m’a menacé en me disant que si son service était contaminé, j’en serais responsable".

Des incidents que la profession ne juge pas pour l’instant alarmants : "C’est à chacun de gérer ces micro-conflits de comptoir. On en a l’habitude, on rencontre du monde. La plupart du temps on arrive à désamorcer".

"Le mot d’ordre, c’est d’enlever le caducée de la voiture"

En première ligne, les infirmières sont la cible de plus en plus fréquente de vols de masques et de gants. Un cabinet d’infirmiers a été cambriolé sur l’Ile de la Réunion et les témoignages d’infirmières dont les voitures ont été fracturées se multiplient. C’est notamment le cas en Gironde, dans le Nord, en Languedoc-Roussillon et en Région parisienne. A bout, une infirmière a publié sur les réseaux sociaux une vidéo devenue virale pour sommer les gens d’arrêter de s’en prendre à leurs véhicules.
En Centre-Val de Loire là encore, il semble que la profession soit épargnée. Aucun acte de vandalisme n’a été signalé auprès des syndicats d’infirmiers. "On reste tout de même vigilants parce que les choses nous ont été rapportées", témoigne Magali Florance, infirmière libérale à Blois, présidente du SNILL 41 et membre de l’Union régionale des professionnels de santé du Centre-Val de Loire.

Le mot d’ordre, c’est d’enlever le caducée de la voiture et d’éviter de laisser des choses apparentes sur les sièges. Mais on reste quand même visibles. On a besoin de se protéger donc on a des tenues particulières, on est masqué et puis les gens nous connaissent. 

Ailleurs, des infirmières ont également fait l’objet de demandes pour le moins vexantes de la part de leurs voisins, inquiets de vivre près d’une personne potentiellement en contact avec des malades atteints par le coronavirus. En Occitanie par exemple, une infirmière a découvert un mot de son voisin lui demandant de ne plus toucher aux poignées des parties communes de l’immeuble et, même, d’envisager d’aller vivre ailleurs quelque temps.
 
"A ma connaissance, on n’a pas eu ce genre d’actes chez nous, rassure Magali Florance. Par contre j’ai eu des remontées de mes collègues infirmières dont certains patients ou familles de patients leur demandent de ne plus venir prodiguer des soins le temps de l’épidémie ".

Une crainte comprise par l’infirmière qui conçoit qu’en passant de maison en maison pour prodiguer des soins de proximité, elle puisse être un "vecteur de contamination". Cependant, elle s’astreint à un rituel quotidien extrêmement précautionneux. Outre le lavage de mains répété : "Je désinfecte ma voiture, je rentre par mon garage, je me déshabille, je mets mes vêtements dans un sac poubelle pour les laisser reposer 12 h, je prends ma douche et je lave mes affaires à 60°C", raconte Magali. 

Si les soins peuvent être reportés ou si les familles peuvent prendre en charge … pourquoi pas. Mais personnellement j’aurais plus peur en allant faire mes courses ou en sortant faire un jogging parce que nous, infirmières, on connait les gestes barrière et on les applique.
 


 
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