Le ministre de la Santé Olivier Véran s'est engagé le 31 décembre à accélérer la campagne de vaccination en France. En Centre-Val de Loire, des édiles sont prêts à se faire vacciner dès que leur tour sera venu. Parmi eux, les maires de Tours, Châteauroux, Orléans ou encore Bourges.
Les Français sont sceptiques face à la vaccination. Selon un sondage Ipsos Global Advisor, publié mardi dernier, seuls 40 % d'entre eux souhaitent se faire vacciner contre le Covid-19. La France se place donc parmi les "champions du monde" des pays réfractaires.
Lancée dimanche dernier dans l'Hexagone, la campagne de vaccination a fait l'objet cette semaine de critiques de la part de l'opposition : cette dernière estime que le démarrage est trop lent, en comparaison avec nos voisins européens. D'après les données du site CovidTracker, basées sur les chiffres du ministère de la Santé, 332 personnes ont pu bénéficier du vaccin entre le 27 et le 30 décembre contre 165 000 au 31 décembre en Allemagne, qui a pourtant débuté sa campagne en même temps que la France.
D'abord campé sur ses positions, le ministre de la Santé Olivier Véran a finalement décidé d'avancer son calendrier, après les voeux d'Emmanuel Macron aux Français : il a annoncé sur Twitter que les soignants de plus de 50 ans pourraient se faire vacciner dès lundi 4 janvier, une option jusqu'à maintenant réservée aux pensionnaires des établissements de santé de plus de 75 ans et aux professionnels de ces structures.
Nous avons décidé, en parallèle, d'accélérer la protection des publics prioritaires. Dès lundi, les soignants de 50 ans et plus qui le souhaitent, pourront se faire vacciner dans les centres disposant déjà de vaccins. (8/12)
— Olivier Véran (@olivierveran) December 31, 2020
En Centre-Val de Loire, des maires prêts à se faire vacciner
Pour inciter les habitants de leurs communes à se faire vacciner, des maires de la région sont prêts à montrer l'exemple : dès qu'ils en auront la possibilité, ils remonteront leurs manches pour recevoir la fameuse piqûre.
C'est le cas de Gil Averous, le maire de Châteauroux. En début de semaine, il a co-signé un manifeste, lancé par le maire de Poissy Karl Olive, dans lequel il s'engage à se faire vacciner.
Très régulièrement, des gens m'interpellent pour me demander ce que je pense du vaccin. Il y a de l'inquiétude chez eux, car il y a encore des incertitudes. En tant qu'élus, on doit faire en sorte de rassurer la population.
L'élu en est conscient : il sait bien que sa propre vaccination ne convaincra pas ses administrés les plus sceptiques. "Mais je crois en le lien entre les habitants et leur maire. Ils sont demandeurs de notre avis : ils savent qu'on ne leur conseillerait pas de faire n'importe quoi." Gil Averous estime que chacun reste libre de ses choix, mais demande toutefois à ce que la sécurité sociale distingue symboliquement les personnes vaccinées des personnes non vaccinées. "Il me semble normal qu'on ne soit pas remboursé de la même façon si l'on a refusé de faire le vaccin et que l'on tombe malade."
À Tours aussi, Emmanuel Denis recevra les deux doses du vaccin dès que son tour sera venu.
Ça me paraît logique de le faire. Pas tant pour une question d'exemplarité, mais surtout pour ne pas faire courir de risque aux personnes que je côtoie. Je pense que chacun doit décider en son âme et conscience. Selon moi, la vaccination reste la meilleure façon de sortir de cette crise terrible mais je ne suis pas là pour haranguer les foules.
Son homologue à Orléans, Serge Grouard, partage son avis. "Je suis tout à fait disposé à faire ce vaccin, car c'est la seule manière de sortir de cette crise du Covid-19 aux conséquences dramatiques."
Du côté de Bourges, Yann Galut a écrit lundi dernier un plaidoyer en faveur de la vaccination sur sa page Facebook. Le maire de la commune berrichonne, qui a contracté la maladie en octobre dernier, affirme qu'il se fera vacciner d'une part pour ses proches mais aussi "par respect pour les personnels soignants qui se sont battus pour nous et qui nous le demandent."
Le maire de Blois Marc Gricourt encourage également les habitants de sa commune à passer le cap "car c'est le seul moyen que l'on a pour espérer reprendre une vie normale au printemps." Mais en ce qui le concerne, l'édile attendra sûrement un peu.
Je suis prêt à me faire vacciner mais pas dans l'immédiat. J'ai moi-même été atteint du Covid-19 fin octobre-début novembre : je bénéficie donc d'une immunité qui serait d'au moins six mois, selon les scientifiques. Je vais réaliser un test immunologique d'ici les prochains jours pour vérifier la présence des anticorps. Si j'en ai, j'attendrai avant de me faire vacciner, mais si je n'en ai pas, je me ferai vacciner sans hésitation.
Des avis partagés sur la campagne de vaccination du gouvernement
Depuis une semaine, les élus ont suivi de près les premiers pas de la campagne de vaccination lancée par le gouvernement. "Je suis très surpris de voir qu'il y a aussi peu de vaccinations pour l'instant", souligne Marc Gricourt. "En Allemagne, on a rapidement mis en place des centres de vaccination massive et je crois que c'est la solution. Je pense qu'il faut passer à la vitesse supérieure en France, avec un avis médical bien sûr."
Le maire de Châteauroux comprend quant à lui les tâtonnements de l'exécutif : pour lui, le faible nombre de personnes vaccinées jusqu'à maintenant s'explique très simplement. "Je pense que le gouvernement a voulu bien faire en procédant par étapes. Il était nécessaire de commencer par les personnes âgées, et notamment par les résidents en Ehpad. Mais ces personnes ne sont pas toujours en possession de leurs capacités et on ne peut pas leur administrer un vaccin comme ça : il faut voir les contre-indications, parler à la famille et tout cela prend beaucoup de temps."
Pour Emmanuel Denis, le gouvernement ne doit pas négliger la transparence dans cette campagne. "Désormais, on attend une parole scientifique sur le sujet", déclare-t-il.
Des infrastructures pour la campagne vaccinale
Des centres de vaccination s'ouvriront progressivement au public en ville, peu avant le début du mois de février, a également annoncé Olivier Véran. Dans un premier temps, ils ne vaccineront que les personnes de 75 ans et plus, puis les plus de 65 ans... et ainsi de suite. À Châteauroux, comme à Tours et à Blois, on se dit prêt à mettre à disposition des salles municipales pour les besoins de la vaccination.
"Pour l'instant, nous ne sommes pas encore entrés dans cette phase. Mais nous serons progressivement sollicités", explique Emmanuel Denis. Infirmier de profession, Marc Gricourt est quant à lui disposé à mettre la main à la pâte et à renouer avec la seringue si nécessaire.
Les maires le rappellent : ils n'ont pas leur mot à dire dans le déploiement du dispositif vaccinal et l'acheminement des vaccins. Ils restent toutefois en contact étroit avec les préfectures et l'ARS pour se tenir au courant de l'avancée de la situation et agir en conséquence.