Quatorze ans après le crash du vol Rio-Paris, le tribunal de Paris a rendu son jugement ce lundi après-midi. Air France et Airbus sont relaxées.
Le jugement du tribunal de Paris n'est pas une surprise. Devant une salle d'audience remplie de proches des victimes, des équipes d'Air France et d'Airbus ainsi que de journalistes, les magistrats ont relaxé Air France et Airbus. Pour l'avionneur européen, la cour estime qu'il n'y a aucun lien de causalité entre le dysfonctionnement des sondes et l'accident. Il n'est pas établi que le changement des sondes aurait empêché le crash, d'autres incidents ayant eu lieu après changement du modèle des sondes.
Concernant Air France, il n'y aucun lien de causalité entre la formation des pilotes et l'accident. Selon le tribunal, ils disposaient des connaissances nécessaires pour gérer le dysfonctionnement des faits.
Les deux entreprises étaient poursuivies pour homicide involontaire. Lors du procès qui aura duré huit semaines, entre le 10 octobre et le 8 décembre 2022, le parquet avait requis la relaxe, estimant que leur culpabilité était "impossible à démontrer".
À l'annonce du jugement, certaines parties civiles se sont levées comme stupéfaites, avant de se rasseoir, alors que la présidente continuait sa lecture dans un lourd silence. "Nous attendions un jugement impartial, ça n'a pas été le cas. Nous sommes écœurés", a réagi la loirétaine Danièle Lamy, présidente de l'association Entraide et Solidarité AF447. "Il ne reste de ces 14 années d'attente que désespérance, consternation et colère".
L'accident le plus meurtrier de l'histoire des compagnies aériennes françaises
Ce jugement intervient quatorze ans après le crash de l’avion qui a causé la mort de 228 personnes. Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s'abîme en pleine nuit dans l'Atlantique, quelques heures après son décollage. Les premiers débris de l'AF447 et des corps, sont retrouvés dans les jours suivants le crash. Mais l'épave n'est localisée que deux ans plus tard, après de longues recherches, à 3 900 mètres de profondeur.
Les boîtes noires confirment le point de départ de l'accident : le givrage des sondes de vitesse Pitot alors que l'avion volait à haute altitude dans la zone météo difficile du "Pot au noir", près de l'équateur. Déstabilisé par les conséquences de cette panne, l'un des copilotes a adopté une trajectoire ascendante et, dans l'incompréhension, les trois pilotes n'ont pas réussi à reprendre le contrôle de l'avion qui a décroché et heurté l'océan 4 minutes et 23 secondes plus tard.
Les investigations ont montré que des incidents de sondes similaires s'étaient multipliés dans les mois précédant l'accident. Après la catastrophe, le modèle installé sur l'Airbus du vol AF447 a été remplacé dans le monde entier. Cet accident est le plus meurtrier de l'histoire des compagnies aériennes françaises.
Avec AFP