Le 10 octobre prochain, Air France et Airbus seront jugés pour "homicide involontaire" après le crash du vol Rio - Paris, le 1er juin 2009. La fin d’une interminable attente pour les proches des victimes ?
C’est une décennie de doutes et d’inquiétudes qui pourrait prendre fin dans quelques semaines. Le 10 octobre prochain, les familles des victimes du crash Paris-Rio, qui a fait 228 morts en 2009 (dont 12 membres d’équipage), se retrouveront au tribunal correctionnel de Paris où seront jugées la compagnie Air France et la société Airbus pour "homicide involontaire".
Un espoir pour les proches des victimes d’obtenir des réponses à leurs questions : "On veut savoir pourquoi cet accident n’a pas été évité. Pourquoi Airbus n’a pas changé les sondes Pitot [qui ont gelé peu avant le crash ndlr] alors qu’ils savaient qu’il pouvait y avoir un danger ?" Questionne Danièle Lamy, la présidente de l’association des victimes AF477 qui a perdu son fils dans l’accident.
"Ce procès doit nous apporter deux choses. D’abord, un devoir de mémoire. Il va y avoir une bataille très technique entre experts, mais nous voulons aussi parler de nos souffrances depuis 13 ans. Ensuite, cela fait des années que nous entendons tout et son contraire. Maintenant, nous voulons la vérité, la vraie", ajoute Philippe Linguet, le vice-président de l’association.
À qui la faute ?
Si la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris accuse Air France et Airbus de « maladresses, imprudences, inattentions, négligences ou manquements à une obligation de prudence imposée par la loi ou le règlement, a involontairement causé la mort de l’ensemble des passagers et de l’équipage de l’appareil effectuant le vol AF447", les deux sociétés rejettent toute faute pénale et demande la relaxe.
L’attente est interminable pour les familles. Après le crash, il aura fallu deux ans pour retrouver l’épave et les boîtes noires de l’avion, avant dix longues années d’instructions. En 2019, les juges avaient prononcé un non-lieu, provoquant la colère des proches des victimes et des syndicats de pilotes.
Selon les magistrats, l’enquête n’avait pas permis d’établir "un manquement fautif d’Airbus ou d’Air France en lien (...) avec les fautes de pilotage (...) à l’origine de l’accident". Mais le parquet de Paris ne l’a pas entendu de cette oreille et a fait appel de cette décision.
S’en est suivie une nouvelle bataille judiciaire. Airbus a déposé un recours en cassation pour tenter de faire invalider cet appel, en vain. Il y aura finalement un procès qui s’étalera sur deux mois. "Après le non-lieu, nous avions perdu confiance en la Justice. Nous l’avons retrouvé", explique Danièle Lamy, la présidente de l’association AF447.
"Pot de terre contre pot de fer"
Désormais, les parties civiles espèrent voir les deux fleurons de l’aéronautique être mis face à leurs responsabilités : "Il serait insupportable qu’il y ait une forme d’impunité", s’inquiète-t-elle.
Pour Philippe Linguet, les deux entreprises sont mieux armées que les parties civiles : " Ça va être un procès difficile. Quand il y a eu le non-lieu, nous avions la tête dans le sable. Ce procès, c’est le pot de terre contre le pot de fer. Ces entreprises ont des dizaines et des dizaines d’avocats. Pas nous. Mais nous serons auprès des familles et des pilotes. Nous devons rester unis".