Selon l'Institut Pasteur, la plupart des régions de France feront face d'ici à la mi-novembre à une pénurie de lits en réanimation à cause de l'épidémie de covid-19. Selon les projections des scientifiques, seuls le Grand Est et le Centre-Val de Loire auraient les places nécessaires.
Reprise épidémique ou "deuxième vague" ? Les qualificatifs divergent mais les faits sont là : depuis cet été, le nombre de cas positifs au covid-19 est reparti à la hausse. Une grande partie de ces patients ne présentent pas de symptômes, mais sont contagieux. D'autres, atteints de formes sévères de la maladie, devront être hospitalisés voire admis en réanimation. Certains mourront, et certains survivants devront endurer des séquelles persistantes, plusieurs mois après leur guérison.
Mais nous nous battons pour ne pas avoir à le faire. Pourquoi ? D'abord, nos soignants ont beaucoup donné lors de la 1ère vague et sont fatigués. Ensuite, cela impliquerait une déprogrammation massive de toute la chirurgie programmée, et un nouveau grave retard de soins. 3/5
— Olivier Véran (@olivierveran) October 11, 2020
Les inquiétantes projections de l'Institut Pasteur
Tout l'enjeu de santé publique est donc d'avoir suffisamment de place dans les hôpitaux pour faire face à cet afflux de malade, notamment en réanimation. Au printemps, le confinement a justement été décidé pour "aplatir la courbe" de ces admissions et permettre d'accueillir un maximum de patients. Or, selon les projections de l'Institut Pasteur publiées par le JDD le 4 octobre dernier, ces places manquent. Fin septembre, si aucune mesure n'était prise les scientifiques de l'Institut estimaient qu'à la mi-octobre certaines régions atteindraient déjà un taux d'occupation important des lits en réanimation, jusqu'à 72% pour Auvergne-Rhône-Alpes.Et à la mi-novembre, la situation risquait à nouveau d'être hors de contrôle, avec des taux d'occupation dépassant les 200 voire les 300% en Bourgogne-Franche-Comté ou en Auvergne-Rhône-Alpes, alors que le Grand Est, durement touché par la première vague, serait cette fois épargné. Quant au Centre-Val de Loire, la région éviterait de peu l'état d'urgence sanitaire, avec un taux d'occupation des lits en réanimation à "seulement" 46%. Des prévisions jugées très pessimistes, voire "farfelues" pour certains chercheurs, mais qui posent néanmoins question.
Où en est la région Centre-Val de Loire ?
Jointe par France 3 Centre-Val de Loire, l'Agence régionale de santé (ARS) n'a pas souhaité commenter les documents publiés par le JDD. L'agence confirme en revanche qu'elle travaille avec les établissements de santé pour préparer une éventuelle augmentation des personnes admises en réanimation. Lors de l'éclosion de la crise au mois de mars, la région était passée d'une capacité d'accueil en réanimation de 180 lits à 330, ce qui lui avait permis non seulement d'accueillir l'ensemble des patients régionaux, mais aussi d'aider à l'accueil de patients venant d'Île-de-France, beaucoup plus rudement touchée. Actuellement 41 patients sont admis en réanimation dans la région.Selon les dernières données de Santé publique France, mises en ligne le 13 octobre, les projections dramatiques annoncées par l'Institut Pasteur pourraient déjà avoir été en grande partie évitées. En effet, le taux d'occupation des lits en réanimation de l'Île-de-France, à cette date, était à 44,6% (contre 58% dans les projections) et celui d'Auvergne-Rhône-Alpes à 40,1% contre 72% annoncés. En revanche, les prévisions annonçaient un taux d'occupation de 18% en réanimation dans le Centre-Val de Loire au 15 octobre, mais à la date du 13 ce taux avait déjà atteint 23,9%.
Quant à la reprise épidémique, elle semble bien être en cours dans la région. Depuis le début du mois d'octobre, la situation sanitaire se dégrade, et plusieurs départements ont franchi le seuil d'alerte. Cependant, les moyens de modérer autant que possible cette reprise épidémique résident encore et toujours dans le respect des gestes barrières comme le port du masque, les distances entre personnes, l'aération des bureaux et lieux de vie et le lavage fréquent des mains.