Si les artisans ont maintenu les emplois salariés en Centre-Val de Loire en 2020 malgré la crise sanitaire, la chambre des métiers et de l’artisanat rappelle cependant que le secteur reste fragile, notamment à cause du prix des matières premières. 40% des artisans ont des difficultés de trésorerie.
Alors que l'Institut supérieur des métiers (ISM) et l'assureur MAAF dévoilaient début juillet que la création d'emplois dans les métiers de l'artisanat repartait à la hausse, après une année 2020 difficile, la chambre régionale des métiers et de l’artisanat (CRMA) du Centre-Val de Loire se veut plus nuancée.
Elle aussi mène ses études, et pour la dernière parue début juillet, 1.747 artisans ont répondu à l’enquête de conjoncture. Côté emploi, il s'avère que la part des entreprises artisanales “ayant procédé à des réductions d’effectifs reste importante (12%) comparativement au 1er semestre 2020”.
Mais le futur s’annonce plus radieux puisque “14% des répondants envisagent d’embaucher, signe d’une reprise « programmée » de l’activité économique”.
Ce sont principalement dans les métiers de l’alimentation et du bâtiment que les futures embauches sont les plus significatives avec respectivement 19 et 23% des répondants.
C’est d’ailleurs dans le bâtiment que les professionnels ont le carnet de commandes qui se remplit. “En effet, près de 3 sur 10 ont un volume d’affaires à 6 mois et plus (une situation inédite)”, souligne l’enquête.
Flambée des matières premières
Cependant le BTP est aussi touché par des difficultés d’approvisionnement à cause notamment de la flambée des tarifs des matières premières : “près de neuf entreprises sur dix sont confrontées à des hausses de prix, à l’image de la tonne d’acier, passé de 400 à 1.400 € en quelques mois”, souligne Gérard Bobier, président de la chambre régionale des métiers et de l’artisanat.
Globalement, près de sept professionnels sur dix ont constaté ces augmentations - sans totalement les répercuter affirment-ils-, “ce qui à long terme va ajouter un handicap supplémentaire à des trésoreries déjà bien éprouvées par les effets de la pandémie.”
En effet, les trésoreries "restent à ce jour encore fragiles", insiste Gérard Bobier. Certes, les difficultés “apparaissent moins marquées au cours du 1er semestre 2021”, indique l'enquête de conjoncture. Mais 40% des artisans déclarent rencontrer des difficultés de trésorerie
45% voient la survie de leur entreprise en jeu
Un chiffre plus alarmant encore d'après la chambre régionale des métiers et de l'artisanat : “Près de 45% des professionnels ayant subi une baisse de leur chiffre d’affaires estiment que la survie de leur entreprise est en jeu à court terme ; une proportion en recul de 4 points par rapport à la précédente enquête, mais qui reste particulièrement élevée et inquiétante.” Ce sont les secteurs de la production et des services qui restent les plus impactés.
“En Centre-Val de Loire, un quart des entreprises artisanales sont toujours sous la perfusion des aides publiques : Fonds de solidarité, Prêt Garanti par l’Etat…, conclue le président de la CRMA. La transition vers un mode de fonctionnement plus classique de notre économie sera à surveiller de très près pour éviter de casser la croissance des prochains mois.”