Esclavagisme moderne : un retraité du Cher condamné à un an de prison avec sursis

M. Bernard Sadet était poursuivi pour "traite d'être humain et soumission d'une personne vulnérable ou dépendante à des conditions de travail indignes". Il lui était également reproché l'"emploi d'un étranger non muni d'une autorisation de travail, et l'exécution de travail dissimulé".

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Un septuagénaire, qui a fait travailler un de ses employés de nationalité ivoirienne pendant plusieurs années dans sa résidence secondaire du Cher, a été condamné vendredi à un an de prison avec sursis, notamment pour traite d'être humain, a-t-on appris auprès de l'avocate de la victime.

"Une bonne décision"

"C'est une bonne décision : toutes les infractions ont été retenues par le tribunal" correctionnel de Bourges, s'est réjouie Me Julienne Voge, l'avocate du Comité contre l'Esclavage Moderne (CCEM) et de la victime, un Ivoirien âgé de 40 ans. 

M. Bernard Sadet était poursuivi pour "traite d'être humain et soumission d'une personne vulnérable ou dépendante à des conditions de travail indignes". Il lui est également reproché l'"emploi d'un étranger non muni d'une autorisation de travail, et l'exécution de travail dissimulé".

Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur, qui avait demandé une peine d'un an de prison avec sursis et une amende de 50.000 euros. Le tribunal correctionel a en outre ordonné l'affichage du jugement à la mairie de la commune de Neuvy-sur-Barangeon (Cher) où les faits se sont déroulés. Il a aussi ordonné sa publication aux frais de M. Sadet dans les journaux Le Monde et le Berry républicain, ainsi que dans le magazine La Cohorte de la société des membres de la Légion d'honneur, a précisé Me Vogel.

Dommages et intérêts

La décision du tribunal sur la demande de 163.000 euros de dommages et intérêts pour la victime sera rendue le 24 mars prochain. 

L'accusé, âgé de 75 ans, "dont 47 ans en Afrique" selon ses déclarations, avait recruté la victime en 1996 comme "boy de 4ème catégorie". Celui-ci a accompagné plusieurs étés ses employeurs dans leur vaste propriété à Neuvy. 

À partir de 2011, alors que la femme de M. Sadet était tombée gravement malade, il est resté en France où il est devenu, selon le CCEM, le véritable homme à tout faire, travaillant de 8 heures à 21 heures, six jours sur sept et un dimanche sur deux, sans congés.

Logé et nourri, son travail allait du ménage au jardinage, en passant par la cuisine et des tâches de garde-malade.

Sa rémunération a été très irrégulière. Selon les éléments recueillis à l'audience, il n'a perçu aucun salaire hormis des sommes remises de la main à la main, sauf durant une période d'environ dix mois durant lesquels il a perçu en moyenne 795 euros par mois sur un compte en France.

A l'audience, le septuagénaire avait assuré que son épouse, morte en octobre 2012, était son véritable employeur et qu'il n'était pas informé de la gestion du personnel. 

Me Vogel a estimé que son client avait été "volontairement totalement isolé, maintenu dans un état de dépendance de ses employeurs, dans un climat de peur et de menace" jusqu'à ce qu'il prenne la fuite en novembre 2013.
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