Deux sites régionaux, l'un en Eure-et-Loir, l'autre en Indre-et-Loire, sont désormais associés à la production de vaccins contre le covid sur le sol français. Attention : si la France se positionne sur plusieurs étapes-clés, les principes actifs sont toujours conçus à l'étranger.
La mise en flacons de vaccins anti-Covid a démarré ce 7 avril en France. Effectuée par une usine en Eure-et-Loir, bientôt rejointe par plusieurs autres sites français, cet embouteillage n'est qu'un chaînon parmi d'autres dans la fabrication des doses, un processus réalisé dans de multiples pays européens.
Que vont faire ces usines ?
L'usine Delpharm (Eure-et-Loir) a confirmé ce 7 avril avoir commencé à mettre en flacons les vaccins du laboratoire allemand BioNTech, partenaire de l'américain Pfizer. En tout, dans les prochains mois, cinq sites industriels devraient être à pied d'oeuvre pour produire des vaccins en France.
Pour autant, il ne faut pas imaginer que des vaccins anti-Covid 19 seront désormais intégralement produits sur le sol français. Les sites concernés sont, pour quatre d'entre eux, des sous-traitants qui vont mettre la dernière main à des vaccins développés par d'autres laboratoires. Il s'agit d'opérations de remplissage des flacons, d'emballage ou d'aseptisation. Mais les principes actifs de ces vaccins - la substance biologique qui les fait fonctionner - seront fabriqués ailleurs, en attendant la mise au point d'un vaccin français.
Le défi logistique reste de taille : "Nous avons acheté 55 congélateurs et cinq tonnes de glace carbonique seront nécessaires pour assurer l'expédition à -70°C de chaque lot de vaccins", a indiqué Stéphane Lepeu, directeur général délégué de Delpharm, cité par le magazine Challenges.
Quels vaccins concernés et quand ?
Il s'agira de trois vaccins déjà approuvés par l'Union européenne : Pfizer-BioNTech, Moderna, Johnson & Johnson, ainsi qu'un autre encore en attente, CureVac.
Outre Delpharm, le Suédois Recipharm va produire des vaccins pour l'entreprise américaine Moderna, à compter de mi-avril, dans son usine française de Monts (Indre-et-Loire). Fareva et Sanofi devraient également produire sur d'autres sites en France, d'ici l'été.
Le géant français pourrait produire à terme son propre vaccin, mais vraisemblablement pas avant le second semestre, si les essais cliniques se révèlent concluants. "Le fait d'avoir un léger retard nous aide aussi à regarder sur quel type de variants il faut qu'on intensifie notre recherche, pour pouvoir arriver en deuxième ligne avec des réponses, y compris sur les variants", a assuré mi-mars le président France de Sanofi. La France espère, selon Bercy, produire sur son propre sol quelque 250 millions de doses d'ici la fin de l'année, sans compter ces possibles vaccins "maison".
Où est produit le reste des vaccins ?
Les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna ont en commun de se baser sur de l'ARN messager, qui stimule le système immunitaire sans agent infectieux. Il est respectivement produit dans un site allemand de BioNTech (Mayence) et chez un partenaire suisse de Moderna, Lonza. Cette première étape ne débouche pas tout de suite sur un conditionnement final. Il faut en passer par la "formulation", l'ajout d'autres substances que le principe actif, afin de renforcer sa stabilité et son efficacité.
Pour Moderna, c'est Lonza qui s'en occupe en Suisse. Pfizer recourt à l'une de ses propres usines en Belgique, avec le soutien depuis mars d'un nouveau site BioNTech en Allemagne, à Marbourg. Cas sans précédent, des concurrents de Pfizer, dont le Suisse Novartis et Sanofi dans une usine allemande, ont accepté de lui prêter main forte pour le conditionnement final, respectivement dès ce deuxième trimestre et au second semestre. Enfin, le troisième vaccin approuvé dans l'Union européenne, celui d'AstraZeneca, ne compte aucune étape de fabrication en France.
Quel intérêt à produire en France ?
Cette fabrication française ne signifie pas que les Français en profiteront directement. Le nombre de doses distribuées dans chaque pays est régi selon les commandes passées au niveau de l'Union européenne. La France ne peut donc pas s'arroger les vaccins fabriqués sur son territoire.
Reste que les multiples collaborations au sein du secteur pharmaceutique sont gage d'efficacité dans la production des vaccins au niveau européen. L'intérêt est aussi politique, en démontrant la capacité d'usines françaises à agir, alors que le gouvernement et les industriels font l'objet de critiques quant à une supposée insuffisance de l'industrie nationale.
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— FRANCE 24 Français (@France24_fr) January 29, 2021