"C'est le prix d'un menu dans un restaurant ouvrier" : dans une commune d'Eure-et-Loir, le prix de la cantine a doublé

Les parents d'élèves et le maire de Chartainvilliers en Eure-et-Loir ne décolèrent pas. Ils ont appris peu avant la rentrée des vacances d'hiver que le tarif de la cantine passait du simple au double pour atteindre quasiment 12 euros par jour.

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Que ce soit sur le terrain à grands coups de banderoles ou sur les réseaux sociaux, la grogne monte chez les parents d'élèves du regroupement pédagogique intercommunal (RPI) de Saint-Piat, Mévoisins, Soulaires et Chartainvilliers en Eure-et-Loir. Ils ont découvert le 8 mars dernier que le tarif de la cantine doublait dès la rentrée des vacances d'hiver, soit le lundi suivant.

"Ils n'auraient pas dû mettre ça en place en cours d'année"

Si la nouvelle a été apprise tardivement par les familles, via une publication de l'association des parents d'élèves sur les réseaux sociaux, la mesure était actée dès le 22 février dernier par la communauté de communes des Portes euréliennes d'Ile-de-France, en charge de la restauration scolaire du regroupement.

Lors du conseil, il a été convenu que les communes de Saint-Piat, Mévoisins et Soulaires, toutes trois membres de la communauté de communes, verraient le tarif de la cantine légèrement augmenter pour passer de 6€ à 6.21€ par repas et par enfant. La commune de Chartainvilliers en revanche, a rejoint en 2018 l'agglo de Chartres Métropole et se voit donc désormais appliquer un tarif "extérieur". La facture passe alors du simple au double, de 6€ à 11,92€.

Comme la quarantaine d'autres parents d'enfants de Chartainvilliers déjeunant dans cette cantine scolaire, Camille Blanc a très mal réagi. "On n'avait plus que deux trois jours pour s'organiser. Ils n'auraient pas dû mettre ça en place en cours d'année mais à la rentrée scolaire de septembre pour laisser le temps aux familles et à la mairie de trouver une solution.", s'insurge-t-elle.

Une pétition rassemble déjà près de 900 signatures

Camille et une quinzaine d'autres parents ont choisi de retirer leurs enfants de la cantine sur-le-champ : "J'aurais pu le supporter financièrement, mais c'est une question de principe. C'est une vraie discrimination entre les enfants parce qu'on fait partie du même regroupement scolaire et c'est le prix d'un menu au restaurant ouvrier. Par rapport à ce qu'ils mangent, à la qualité des repas qui n'est pas terrible, des portions qui ne sont pas énormes, c'est un tarif aberrant."

Si la mère de famille a pris l'initiative de lancer une pétition en ligne dès le 9 mars qui a déjà récolté plus de 900 signatures, de son côté, la mairie qui se dit tout aussi surprise, a saisi la préfecture d'Eure-et-Loir du problème. L'édile explique qu'en 2014, une convention avait été signée entre les 4 villages et la communauté de communes en charge de la restauration.

Bien que Chartainvilliers ait quitté Portes euréliennes pour rejoindre Chartres Métropole en 2018, il estime que la convention n'est pas remise en question et que par conséquent, les enfants de Chartainvilliers doivent bénéficier du même tarif que ceux des autres communes du regroupement. "Ce que l'on trouve totalement anormal c'est que cette décision ait été prise unilatéralement par Porte euréliennes, sans qu'au moins Chartainvilliers soit avertie ou consultée", déplore le maire Alain Boutin. "Pour nous la convention n'a jamais été dénoncée. Le président de Portes euréliennes, lui, dit que la convention est caduque. C'est là ou tout se joue un petit peu."

"Si la mairie ne veut pas prendre sa quote-part, la seule variable d'ajustement, ce sont les familles".

Contacté, Stéphane Lemoine, le président de la communauté de communes des Portes Euréliennes, assume la mesure prise dit-il, afin de "compenser un manque d'équité". "Il faut remettre les choses dans un contexte global. Le coût réel de la cantine est de 11,92€ qui comprennent 7,75€ pour le repas et la livraison et 4,17€ pour la surveillance des élèves et le coût de l'énergie. Les parents eux ne paient que 6,21€. La convention de 2014 qui nous lie à Chartainvilliers dit que la commune doit prendre la différence à sa charge or, depuis quatre ans, elle n'a rien réglé", affirme-t-il.

Si la commune ne paie pas, ce n'est pas à la communauté de communes d'en assumer la charge explique Stéphane Lemoine "car Chartainvilliers n'en fait plus partie depuis 2018 et n'y paye donc plus d'impôts. La mairie est la seule de la communauté de communes qui paye zéro pour sa restauration scolaire, est-ce que c'est aux habitants des autres communes de payer ? Donc si la mairie ne veut pas prendre sa quote-part, la seule variable d'ajustement, ce sont les familles".

Le maire de Chartainvilliers reconnaît avoir reçu un courrier en octobre 2023 lui demandant de s'acquitter au titre de la restauration scolaire, des restes à charge de 2019 à 2022 soit une douloureuse d'un peu plus de 98 000€. "On ne trouvait pas normal de recevoir la facture d'un seul coup, comme ça, et j'ai demandé qu'on me donne tous les chiffres qui ont servi pour établir le partage entre les communes. Là, on s'est aperçus que les autres ne payaient pas". Une injustice selon lui, "une guéguerre" pour avoir quitté la communauté de communes ce qui, l'édile le concède, met Chartainvilliers dans une situation bancale au sein du regroupement scolaire.

"Si un accord avec la mairie est trouvé, le tarif ne sera pas appliqué".

Stéphane Lemoine, lui, affirme "regretter d'en arriver là". "J'espère que la mairie va réagir dans le bon sens et, puisqu'elle met en avant sa convention de 2014, qu'elle va elle-même l'appliquer. La volonté n'est pas d'impliquer à 100 % les parents, je sais quel est le coût d'un repas pour eux. L'application de ce tarif ne se fait pas instantanément et, si un accord avec la mairie est trouvé avant, il ne sera appliqué. On décalera même le paiement jusqu'à la fin de l'année scolaire s'il le faut", tente-t-il de rassurer.

En attendant qu'une solution soit trouvée entre les deux partis ou que la préfecture statue sur la légalité de la délibération, les parents de la quinzaine d'enfants qui ont fait le choix de quitter la cantine se relaient pour accueillir à tour de rôle les bambins le midi. Alain Boutin espère, lui,, que l'ancien tarif soit prolongé jusqu'à la fin de l'année scolaire, le temps de trouver une solution pérenne pour les enfants de son village. Il pense notamment à se retirer du service de restauration actuel pour créer une cantine communale ou en coopération aveci d'autres communes alentours. Même si cela implique que les élèves de Chartainvilliers ne mangent plus avec leurs camarades de classe. "Je le déplore mais vous savez, ces 15 enfants qui ont dû quitter la cantine sont déjà dans cette situation aujourd'hui".

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