Face à la sécheresse galopante, la préfecture d’Eure-et-Loir a décidé de placer 11 communes de l’agglomération de Chartres en zone de crise, soit le niveau de gravité le plus élevé. A partir de vendredi 22 juillet, les usages de l’eau seront limités au maximum.
"Malgré les pluies de juin, nous n’avons pas pu endiguer la sécheresse, les cours d’eau sont en situation de fragilité, même les nappes phréatiques le sont."
C’est par ces propos liminaires que Françoise Souliman, la préfète d’Eure-et-Loir, a débuté son point presse ce mercredi en fin d’après-midi. Si le manque de pluies depuis le début de l’année devient préoccupant, les chaleurs de ces derniers jours n’ont rien arrangé : "On est sur un usage élevé de l’eau avec une nappe très basse donc on est au pire niveau."
Edouard Brodhag, directeur adjoint de la direction départementale des territoires d’Eure-et-Loir (DDT), a précisé que l’eau "qui est prise dans l’eau souterraine" pour Chartres est en baisse au point qu’il y a "des difficultés à produire assez d’eau" potable pour tous les consommateurs du bassin chartrain.
Eviter la contamination de l'eau
Pour compléter le volume qui manquait et éviter une rupture d’eau potable, Chartres Métropole qui gère l'eau potable a cherché la ressource ailleurs, en l’occurrence en pompant dans les eaux superficielles de l’Eure à partir du 18 juillet dernier. Cette "interconnexion" a été contrôlée par l’Agence régionale de Santé (ARS).
"C’est l’une des missions de l’ARS de contrôler la qualité de l’eau d’un point de vue sanitaire, explique le responsable départemental Denis Gelez, notamment dès qu'il y a une interconnexion.
"Pour l’instant l’eau est toujours potable. L’ARS va continuer les contrôles de qualité de l’eau en cette période de forte tension." Car plus les volumes d’eau diminuent, plus l’eau risque d’être polluée plus facilement, et il faut à tout prix éviter qu'elle ne soit contaminée.
11 communes en crise
Mais la tension est telle au niveau des nappes que cette interconnexion ne suffit pas : la préfète a décidé de suivre les propositions de la DDT, à savoir de mettre en œuvre des mesures similaires à celles prises en cas de pénurie d’eaux de surface, et que l'on vous rappelle ici.
Elle a donc décidé qu’à partir de ce vendredi 22 juillet, les particuliers, entreprises et agriculteurs des 11 communes indiquées sur la carte ci-dessous seront en état de crise, soit le niveau de gravité maximale en cas de sécheresse.
Cela signifie que dans ces 11 villes, il sera interdit d’arroser ses pelouses, ses espaces verts, de laver sa voiture chez soi ou de remplir sa piscine pour les particuliers.
Pour mieux visualiser, cela signifie que les 90.000 habitants de ces communes sont désormais soumis aux interdictions indiquées dans la colonne à l'extrême droite de ce tableau réalisé à partir des lignes directrices nationales. Un arrêté devrait entrer en vigueur prochainement avec plus de détails.
Baisse de 30% pour les agriculteurs et les entreprises
Les gestionnaires des piscines publiques seront quant à eux soumis à une demande d’autorisation avant de renouveler l’eau des bassins.
Concernant les agriculteurs, "on va arrêter l’irrigation issue de 57 forages agricoles dans la zone d’influence de la prise d’eau de Francourville de 11h à 18h tous les jours à partir de vendredi matin" a déclaré Françoise Souliman. Elle estime que cette restriction devrait permettre une diminution de 30% de la consommation agricole d’eau.
"Je vais demander aussi aux entreprises de faire un effort de 30 % à partir de vendredi prochain", a-t-elle assuré.
"Ne pas arriver à pire"
L’agglomération rejoint donc deux autres secteurs du Sud-Ouest du département en zone rouge depuis début juillet, visible en cliquant ici. "On est conscient que c’est compliqué et on sait que c’est un moment difficile", reconnaît la préfète qui espère en prenant ce genre de décisions "ne pas arriver à pire".
Elle en appelle à la responsabilité de chacun pour préserver cette "ressource rare" qu’est l’eau et pour adopter des gestes de bon sens comme "prendre une douche et pas un bain".
Elle a conclu en expliquant qu’au-delà de ces décisions de crise, elle comptait organiser un véritable "travail sur l’eau" à partir de septembre pour prendre cette fois des mesures structurelles de fond.