Or la soignante "a constaté sur la femme de ce monsieur plusieurs traces de coups au visage, et notamment un gros cocard à l'oeil", raconte Rémi Coutin, le procureur de la République de Chartres. L'infirmière"arrive à prendre discrètement quelques photos du visage."
Elle alerte ensuite un médecin qui décide de prévenir les forces de police via le portail de signalement des violences sexuelles et sexistes. Le praticien y transmet les photos.
"Une balle dans la tête"
Les policiers sont avertis le mercredi 29 avril. Alors que l'enquête commence à peine, ces derniers apprennent que la fille du couple a reçu un appel de son père, "qui disait qu'il n'en pouvait plus de sa mère et qu'il allait lui mettre une balle dans la tête", poursuit Rémi Coutin. L'intervention est alors précipitée en fin de journée.Lors de l'interpellation, les policiers constatent que le domicile du couple abrite plus de 80 armes : couteaux, poignards, épées, dagues, revolvers... "Les policiers ont dénombré six armes longues (carabines ou fusils) et une vingtaine d'armes de poing. C'est impressionnant", reconnaît le procureur.

Photos des 80 armes saisies chez l'octogénaire arrêté pour des faits de violences conjugales.
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© Police Nationale / Tribunal de Chartres
Des violences conjugales depuis très longtemps
Mais la version de sa fille et sa femme diverge. "Il s'avère qu'on est sur une situation de violences conjugales qui existe depuis très longtemps. Ces personnes sont ensemble depuis plus d'une cinquantaine d'années", constate le procureur. D'après les auditions de la victime présumée et de sa fille, "manifestement l'homme a toujours eu l'habitude d'exercer des violences conjugales contre sa femme. Celle-ci n'est jamais partie, elle ne savait pas comment elle pouvait s'en sortir, elle était totalement dépendante financièrement de son mari."La garde à vue a été levée au bout de 24 heures. "On l'a laissé retourner au domicile du couple. Madame est partie en revanche chez sa fille", détaille Rémi Coutin. La femme a été vue par un médecin qui lui a délivré deux jours d'ITT. "On a demandé la poursuite de l'enquête pour avoir un certificat médical plus détaillé, notamment pour voir la dimension psychologique".
Les enquêteurs vont présenter par ailleurs les 80 armes à un armurier afin de savoir dans quelle catégorie elles se rangent et ainsi déterminer si l'octogénaire a l'autorisation de les détenir. Ces dernières ont été saisies et auront vocation à être détruites. Une fois l'enquête terminée, l'homme devrait sans doute être poursuivi pour violences conjugales et pour les éventuelles infractions de la législation sur les armes.