Les 91 salariés de Maflow, entreprise chartraine qui fabriquait jusque-là des pièces pour Renault et Peugeot-Citroën, ont décidé de stopper l’expédition ainsi que la production des pièces pour PSA. Ils vont également demander à rencontrer le préfet jeudi prochain, afin d’accélérer les négociations sur les conditions de licenciement.
C’est une course contre la montre qui a commencé : direction et syndicats ont deux mois pour se mettre d’accord sur les conditions de licenciement et de reclassement des 91 salariés de l’entreprise Maflow, équipementier automobile basé à Chartres. Avec l'annonce du départ de ses clients principaux que sont Peugeot-Citroën et Renault, l'usine a annoncé sa fermeture définitive cet été.
Mais les négociations traînent trop d’après les élus du personnel, qui doivent contacter la préfecture d’Eure-et-Loir ce lundi pour demander un rendez-vous jeudi 28 avril. Ils envisagent déjà de s’y rendre à pied depuis l’usine avec des banderoles pour montrer leur détermination, et espèrent convaincre le préfet d’intervenir pour faire avancer les discussions.
Cette action fait suite à celle de stopper l’expédition et la production des pièces pour PSA, une décision prise ce vendredi 22 avril en assemblée générale par les salariés. "On a décidé de ne plus produire tant qu’on n’aurait pas de réponse", souligne Eric Jarry, délégué syndical Force ouvrière, et secrétaire du comité social et économique (CSE) chez Maflow.
"On n'a pas avancé d'un iota"
Les représentants du personnel veulent en priorité un accord sur le supra-légal, à savoir sur les indemnités de licenciement, avant d’évoquer les autres conditions comme les congés de reclassement. Le groupe propose indifféremment à chaque salarié 15.000 € de prime de départ, quand les syndicats en demandent 2.500 par année d'ancienneté.
Or, entre les deux premières réunions, "on n’a pas avancé d’un iota. Cela fait 15 jours qu’on a démarré les négociations et il n’y a rien de prêt du côté de la direction", constate Eric Jarry. Il faut dire que rien n’est fait pour faciliter l’échange. Maflow appartient depuis 2010 à Boryszew, un groupe polonais, ce qui signifie la nécessité de traduire en polonais des demandes et des documents français.
Par ailleurs aucun responsable décisionnaire de Boryszew ni aucun directeur des ressources humaines n’est autour de la table des négociations. Face aux élus se trouve le directeur du site de Chartres qui écoute mais ne peut pas prendre de décision, et une avocate qui fait le relais.
"Les gens n'en peuvent plus"
Plus le temps passe, plus la tension monte. "Les gens n’en peuvent plus. Ce n’est plus supportable, y compris pour nous, les élus", souffle le délégué syndical. Une situation insupportable pour deux raisons : la première, c’est que les salariés affirment n’avoir eu de cesse d’alerter la direction de se diversifier, puis le gouvernement pour tenter ces derniers mois de sauver des emplois.
La seconde, c’est qu’ils ont le sentiment que le groupe polonais fait exprès de laisser traîner les discussions : "on nous ralentit dans nos demandes car il n’y a que deux mois de négociations", accuse Eric Jarry. D’où ce choix d’arrêter la production, pour obliger Boryszew à répondre à leurs revendications.
Contactée à plusieurs reprises en fin de semaine dernière, la direction de Maflow ne nous a pas répondu pour l’instant.