Dix ans de prison pour le tortionnaire d'un jeune de Chartres, parti dealer à Marseille

En 2019, un adolescent hébergé en foyer à Chartres avait été victime d'une violente séquestration dans les quartiers nord de Marseille. Ses agresseurs ont été jugés ce 16 septembre.

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En août 2019, cet adolescent de Chartres avait été sauvagement lynché, coupable d'être venu vendre sans autorisation quelques barrettes de shit dans une cité de Marseille. Ce mercredi 16 septembre, l'un de ses tortionnaires, désormais âgé de 20 ans mais mineur au moment des faits, a été condamné à dix ans de prison ferme.

La jeune victime, âgée de 16 ans, avait fugué d'un foyer de l'aide sociale à l'enfance de Chartres, où elle était placée.

Sa destination : Marseille. Cédant aux sirènes de trafiquants de drogue qui, sur les réseaux sociaux, font miroiter des gains importants pour les guetteurs et "charbonneurs" (les vendeurs), le jeune homme espérait gagner gros.

Frappé à coups de pieds, de poings et de barre de fer

Mais l'aventure a vite viré au drame. Dénoncé par un guetteur alors qu'il tentait d'écouler du shit en free-lance dans la cité Félix-Pyat, l'adolescent est conduit dans un local associatif désaffecté. Lors d'un calvaire de 24 heures, il est frappé à coups de pied, de poing, de barre de fer, attaché nu sur une chaise.

Ses geôliers lui infligent de nombreuses et très graves brûlures avec des cigarettes, lui occasionnant une quarantaine de cicatrices. "Deux grands m'ont brûlé les parties génitales. Je pense que c'était un chalumeau car j'avais les yeux bandés. Je sentais de l'air et un gros feu, je hurlais de douleur", avait-il raconté aux policiers. Il sera finalement libéré par des jeunes habitants de la cité et conduit à l'hôpital.

L'avocate générale avait requis 12 ans de réclusion contre l'accusé, reconnu coupable par la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône d'enlèvement et de séquestration accompagnée de tortures et d'actes de barbarie. Quatre majeurs seront prochainement jugés dans ce dossier.

"Peur et loi du silence"

L'accusé mineur, jugé seul depuis une semaine, avait été désigné par la victime comme un des jeunes qui lui avait asséné des coups de barre de fer et l'avait contraint à sniffer de la cocaïne. Mais c'était "quelqu'un de lambda, pas un chef", avait précisé l'adolescent torturé.
Tout au long de l'instruction et à l'instar de la plupart des autres impliqués, l'accusé a nié toute participation aux faits. Parmi les accusés, un seul a reconnu avoir porté des coups de pied et de poing.

Et surtout, il a toujours contesté être agressif: "Même une mouche je la tue pas, même un cafard j'ai peur", avait-il dit au juge d'instruction. La cour d'assises lui a accordé l'excuse de minorité, qui réduit à 20 ans de réclusion le maximum de la peine encourue pour de tels faits, au lieu de la réclusion criminelle à perpétuité.

Son avocat, Me Philippe Jacquemin, avait plaidé l'acquittement au bénéfice du doute. "On est sur un dossier subjectif, avec une reconnaissance de mon client à deux reprises par la partie civile, quelqu'un qui a subi des choses atroces. Mais vu le monde présent lors des faits, il s'est trompé", a-t-il redit à l'issue du verdict.

A l'inverse, pour l'avocat de la victime, Me Xavier Torre, "ce verdict est aussi un message adressé à ces quartiers où règnent la peur et la loi du silence. Il faut alerter les autorités lorsqu'il s'y passe quelque chose de grave".

Avec AFP

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