Il entre alors dans la nef et s'avance dans l'allée principale de l'église Saint-Jacques, au milieu des bancs vides.
C'est curieux pour un prêtre de célébrer devant une église vide, de façon aussi longue, c'est chaque jour et on ne sait pas combien de temps cela va durer,
ajoute-t-il. Les mesures de confinement "ont chamboulé la vie des paroisses à bien des égards", souligne l'abbé.
A Illiers-Combray - commune où Marcel Proust a puisé dans ses souvenirs de vacances pour écrire Du côté de chez Swann -, le vendredi c'est jour de marché. Le curé a mis dans son panier qui lui sert pour ses emplettes son smartphone et son câble pour célébrer la messe.
5 avril 2020. Illiers-Combray. Le prêtre Olivier Monnier se désinfecte les mains, juste avant de faire la messe à ses fidèles par skype.
•
© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Devant l'église déserte, le portail est encore à demi-ouvert. A l'intérieur, l'atmosphère est solennelle. Le curé regarde sous le cierge et vérifie que son appareil est bien fixé et se dit étonné de voir qu'un photographe de l'AFP se soit perdu dans son église.
Sur la partie gauche de la nef, l'abbé Monnier a sorti une statue de Saint Roch, guérisseur de la peste. Tout est prêt, la messe sur Skype peut commencer. Devant l'autel, le curé fait une génuflexion et apparaît dans le champ du téléphone, devant ses ouailles qui d'un seul coup se taisent.
Dimanche, à l'occasion de l'entrée dans la Semaine sainte jusqu'au dimanche de Pâques, l'abbé Monnier a célébré la messe des Rameaux. Il a lu "le grand texte de la montée de Jésus à Jérusalem". Il y avait "36 connexions" contre une dizaine habituellement, se réjouit-il. "Je célèbre la messe seul mais on n'est jamais seul: il y a le bon dieu qui est là. Et souvent avec les paroissiens on discute un quart d'heure vingt minutes après la messe, cela a un petit rôle social", assure le curé.