Simone Segouin s'était engagée dans la résistance eurélienne à seulement 18 ans en 1944, et avait fui les honneurs le reste de sa vie. Elle est décédée ce mardi 21 février à Courville-sur-Eure, à l'âge de 97 ans.
Une page de l'Histoire se tourne. Ce mardi 21 février, L'Écho républicain a appris le décès, à 97 ans, de Simone Segouin, survenu à Courville-sur-Eure. Cultivant une certaine discrétion, loin des honneurs et des fastes cérémoniels, elle avait pourtant participé, dès ses 18 ans, à la Résistance en Eure-et-Loir.
En 1944, les Allemands occupent l'Eure-et-Loir, et tentent de recruter Simone Segouin en tant que couturière. Seulement, l'Eurélienne vit chez son père, communiste aux activités de résistance. Ce dernier lui demande de partir pour ne pas mettre en danger le réseau résistant local.
Vol de vélo et sabotage
"Simone est obligée de prendre la clandestinité. À ce moment-là, elle est versée dans un groupe FTP (Francs-tireurs et partisans, ndlr) sous la direction de Roland Boursier", racontait en 2021 Albert Hude à France 2.
Retraité de l'Administration des finances, passionné d'histoire, il se consacre depuis le début des années 2010 à la mise en avant de la Résistance en Eure-et-Loir, et a écrit un ouvrage sur le sujet en 2015. "Son chef lui dit : "Si tu veux faire partie de la Résistance, il te faut un moyen de transport." Alors elle vole un vélo à une Allemande, elle risque un contrôle à tout moment. C'est quand même très gonflé."
Pendant un an, la jeune femme parcourt l'Eure-et-Loir en tant qu'agente de liaison. Elle transporte des armes et des messages, au nez et à la barbe des Allemands. Elle participe également à une mission de sabotage d'une ligne ferroviaire, étant chargée de prévenir le chef de gare pour éviter le déraillement de tout train transportant des civils.
Dans l'imaginaire américain
En août 1944, deux mois après le débarquement de Normandie, son groupe est appelé pour arrêter un soldat allemand dans un bois. Sur place, ils réalisent qu'il y a en réalité 23 Allemands. "On les a tous désarmés, et c'est là que j'ai pris cette mitraillette", racontait Simone Segouin en 1994.
La mitraillette en question, la jeune femme ne l'a jamais utilisée, n'a jamais combattu avec, même lorsqu'elle participe à la libération de Paris. Elle est pourtant immortalisée par le photographe américain Jack Belden, la mitraillette dans les mains. Les photos, commandées le magazine Life, marquent l'imaginaire américain. Simone Segouin devient un symbole de la Résistance française face aux nazis. Elle devient même la seule femme à défiler, à Chartres, devant le général de Gaulle.
La suite de sa vie aurait pu être remplie de cérémonies et d'honneurs, mais Simone Segouin les fuit. Elle met des années à parler de la guerre à ses enfants, et refuse même la Légion d'honneur. Ce qui ne l'empêche pas de rester la dernière icône eurélienne de la Seconde Guerre mondiale.
Avec Isabelle Baechler, France 2.