Le père de Florence Joulin a été admis aux urgences de l'hôpital Louis Pasteur de Chartres ce mardi 25 juin à 13h. Depuis son admission, sa fille n'a pu le voir qu'une minute après avoir dû faire "un scandale". Elle dénonce une maltraitance alors que son père est en fin de vie et qu'il n'entend pas. La direction des usagers a réagi en expliquant la situation par une saturation excessive des urgences.
"Mon père a 88 ans. Il est en fin de vie. Il souffre d'un cancer des poumons et du pancréas. Nous l'avons amené aux urgences de l'hôpital de Chartres parce que nous soupçonnions un risque d'occlusion intestinal. Quand il y a urgence, on ne réfléchit pas. Maintenant je regrette de l'avoir amené ici."
Florence Joulin est en colère et à bout de nerfs. Son père est sur un brancard aux urgences de l'hôpital Louis pasteur à Chartres depuis ce mardi 25 juin, 13h. "On m'a refusé de lui rendre visite. Je trouve ça inadmissible. Je n'ai pas eu d'information et pas de contact avec les médecins".
Le lendemain, ce mercredi, Florence Joulin retourne à l'hôpital. "J'ai fait un scandale avec des propos contenus. J'ai même été applaudie par les personnes qui étaient là. Apparemment je n'étais pas la seule."
La fille du patient contacte alors le comité des usagers qui lui signale qu'il existe une loi qui l'autorise à rendre visite à son père en y restant une minute ou deux en tant qu'aidante.
Une minute pour voir son père
À l'hôpital, elle obtient d'abord une fin de non-recevoir puis elle raconte que le directeur vient à sa rencontre. "Il m'a dit que j'étais égoïste et que le service était débordé." Elle lui répond que "ce n'est pas de sa faute, qu'elle veut juste voir son père."
Alors le directeur l'autorise à entrer au service des urgences une minute. "Il doit y avoir normalement 20 places. Ils doivent être 40. Il est toujours sur son brancard sous une grille d'aération. Il n'a pas de drap. Il est gelé. Et au bout d'une minute on m'a dit de partir parce que je dérangeais tout le monde. J'ai juste eu le temps de dire à mon père : Rassure-toi, on vient te chercher bientôt."
Alors elle part mais exige de faire sortir son père de l'hôpital. "Il ne parle plus. Il n'entend plus. C'est de la maltraitance de le laisser là seul sur un brancard. Il est hyperstressé. Il doit se demander où il est. Je ne partirai pas sans lui."
Le père de Florence Joulin a reçu les soins nécessaires mais il doit d'abord passer un scanner et voir un médecin avant de pouvoir sortir. "S'il faut deux jours pour passer un scanner ce n'est pas possible. Mais je ne peux pas tout de même pas le voler."
Avec ses trois sœurs, elle est prête à signer une décharge pour qu'il sorte. Elle restera à l'hôpital tant que son père ne sortira pas.
Une saturation excessive des urgences
Le comité des usagers vers qui Florence Joulin s'est tournée est chargé d'accueillir les propos des usagers et de les accompagner pour que leurs droits soient respectés.
"Normalement chaque personne qui n'est pas en situation de pouvoir s'exprimer seul doit pouvoir être accompagné par un aidant. C'est prévu par la loi et là ça ne s'est pas fait, c'est tout à fait regrettable", explique Françoise Talbot, une des représentantes des usagers du centre hospitalier de Chartres. Elle ajoute que "la direction des usagers est tout à fait consciente des difficultés et qu'elle travaille à trouver des solutions" notamment pour les conditions d'accueil aux urgences.
Yvon Le Tilly est le directeur des usagers des hôpitaux de Chartres. Il a appelé Florence Joulin pour la rassurer et lui expliquer "la situation exceptionnelle" dans laquelle se trouvent les urgences du centre hospitalier Louis Pasteur.
"Elle était en colère parce qu'elle n'a pas pu voir son papa mais c'était dans un contexte très particulier", explique le directeur des usagers. "Il y a un contexte général de saturation des lits dans le service de médecine d'urgence. Vu la saturation excessive des urgences, il était impossible de l'accueillir. Il y avait des patients partout. Mais j'ai parlé avec elle et elle avait l'air satisfaite à la fin de notre conversation."
Ce mercredi en fin d'après-midi, la direction des usagers a communiqué sur l'accès aux urgences qui doit être réservé aux cas les plus graves. "Le Centre Hospitalier de Chartres est actuellement confronté à une saturation de son service de médecine d’urgence, avec des délais d’attente très longs et des lits dans les unités d’hospitalisation eux-mêmes tous occupés. Au regard de l’aggravation de la situation, il est donc fait appel à la vigilance redoublée de la population. Les patients, seuls ou accompagnés, sont donc priés de se déplacer à l’hôpital qu’en cas de réelle nécessité."
Florence Joulin a confirmé que la situation s'était apaisée. Son père doit être hospitalisé et elle reconnaît que le directeur des usagers l'a aidée. "C'est dommage d'en arriver là, d'appeler des personnes et de se démener pour que mon cas soit étudié de façon très personnelle, alors que derrière il y a des tas de gens qui n'ont pas eu cette chance."
Florence n'attend plus que son père sorte de l'hôpital puisqu'il doit être hospitalisé.