Les personnes âgées en tricycle et en colocation en zone rurale, le pari un peu fou d’une habitante d’Eure-et-Loir

Une habitante de Bouville (Eure-et-Loir) s’est lancée dans une double aventure : celle de créer dans son village un habitat partagé pour les aînés non dépendants, à l’image d’une colocation, et celle de leur prêter des tricycles pour des activités intergénérationnelles en campagne.

En cette période de crise sanitaire, le projet de Brigitte Geslin est mis quelque peu entre parenthèses. Peu importe, cette habitante de Bouville, en Eure-et-Loir, le porte depuis près d’un an et ne compte pas s’arrêter là.

Ce projet, c’est celui d’un habitat partagé ou inclusif destiné aux personnes âgées non dépendantes, dans un ancien corps de ferme qui appartient à elle et son mari : "La grange servait aux agriculteurs. On avait envie de lui redonner une âme."
 
En tant que présidente de l’association Bougez à Bouville, dans ce village de 600 habitants, Brigitte côtoie aussi beaucoup de personnes et notamment âgées : "J’ai pu voir que beaucoup étaient seules, et elles n’ont pas envie d’aller en maison de retraite".

Pas de structure pour seniors en zone rurale

Elle constate par ailleurs que "les structures d’accueil pour seniors sont localisées dans les pôles urbains, il n’y a rien en campagne".

Tout cela mélangé, je me disais qu’il fallait faire quelque chose pour les ruraux, pour rompre la solitude et recréer du lien social.

Alors qu’elle doit quitter un grand groupe de construction, cette ancienne secrétaire décide de sauter le pas, passe une formation et lance une étude de marché.

"Le bonheur est dans la grange"

Baptisé "Le bonheur est dans la grange", le projet est de "faire cohabiter huit personnes âgées non dépendantes, hommes et femmes. Ils vivront dans une maison de 350 m2, avec chacun une chambre de 22/23 m2 avec salle de bains, en rez-de-jardin."

Pour ceux qui auront envie de jardiner justement, Brigitte Geslin a imaginé un jardin thérapeutique "avec des bacs à hauteur d’homme pour éviter d'avoir à se baisser".
 
Ici pas de médecin, ni d’infirmière : chaque locataire sera en autonomie mais pourra faire venir s’il en ressent le besoin, une aide à domicile.

Deux gouvernantes s’occuperont de gérer l’intendance, les relations avec les familles, l’aide au ménage et la cuisine. "On préparera les repas ensemble, c’est vraiment une colocation entre personnes âgées", souligne Brigitte Geslin.

Les aînés en tricycle

Elle souhaite aussi que ce lieu soit ouvert sur le village via des animations organisées par l’association Bougez à Bouville : "L’idée est de faire participer les gens de la structure et ceux de la commune."

Au-delà de traditionnels ateliers de cuisine, elle a envie de lancer des activités intergénérationnelles comme par exemple des sorties en vélo dans la campagne avec les anciens et les plus jeunes, pour encore une fois rompre la solitude et recréer du lien social.

"Au-delà de faire de l’activité physique, le vélo peut procurer un sentiment de liberté, de bonheur, améliore les capacités cognitives", déclare-t-elle dans cette vidéo.
 D’où la deuxième idée d’organiser une cagnotte participative pour acheter des vélos à assistance électrique. L’association s’est fixée un coût total de 36.400 €. Elle espère dans un premier temps récolter 11.000 € pour acheter trois tricycles et un triporteur. "Ce n’est peut-être pas la bonne période pour lancer l’appel aux dons, reconnaît Brigitte. Mais on relancera la cagnotte après la crise sanitaire."

1.900 € de loyer par mois

Elle attend d’ailleurs la fin de la crise sanitaire qui ralentit ses demandes de subventions. Avec le soutien du Pays Dunois, Brigitte Geslin est actuellement à la recherche de financements pour ce projet global de 800.000 €. "J’ai déjà obtenu auprès d’Initiative Eure-et-Loir un prêt d'honneur de 15.000 € en février."

Des aides qui influeront sur le loyer des résidents par la suite. "Sans les aides, le prix mensuel s’élèvera à 1.900 euros tout compris, contre 2.300 € en moyenne pour une maison de retraite. Mais si j’ai les subventions, je pourrai baisser le loyer."

Entre la recherche de financement, et la nécessité de faire des travaux, Brigitte espère ouvrir son habitat partagé dans l’idéal à Noël 2021 : "Ce serait un grand bonheur".
 
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