Présent au second tour dans près de deux tiers des cantons d’Eure-et-Loir, le parti d’extrême droite n’a finalement obtenu aucun siège au Conseil départemental, pas même à Dreux-1 où le binôme du Rassemblement national (RN) était pourtant arrivé en tête au premier tour.
Pour ces élections départementales, le Rassemblement national avait réussi à présenter des candidats dans chacun des 15 cantons d’Eure-et-Loir. A l'issue du premier tour, il était en ballottage dans neuf cantons, dont à Dreux-1 où il était devant au premier tour avec 26,36% des voix. C’était d’ailleurs le seul canton de la région Centre-Val de Loire dans cette situation. Au final, le parti d’extrême droite est battu... partout.
En regardant dans le détail les résultats dans les neuf cantons, sa moyenne sur le département est de 31,5% des suffrages, soit moins d'un vote sur trois. Son "meilleur" score est à Auneau (37,55%), et le plus faible est à Epernon (26,39%).
Comment expliquer ces résultats ? Le RN a, comme tous les partis d’opposition, pâti de la prime au sortant. Dans la plupart des duels, c’est en effet le binôme composé d’un ou deux conseillers sortants qui l'a emporté. Malgré la défiance croissante envers la classe politique, les électeurs qui se sont déplacés aux urnes ont renouvelé leur confiance envers leurs élus.
36% de sympathisants RN aux urnes
Des électeurs minoritaires : ils sont un sur trois à avoir voté (67,5%). C’est d’ailleurs ce facteur-là, l’abstention, qui est mis en avant par Aleksandar Nikolic, candidat malheureux aux régionales en Centre-Val de Loire et aux départementales dans le canton de Saint-Lubin-des-Joncherets."Globalement l’abstention a pénalisé notre formation politique, a-t-il assuré au micro de France 3 Centre-Val de Loire dimanche soir. C’est inquiétant pour notre démocratie."
Mais si l’on regarde une étude d’Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions au second tour, les sympathisants RN se sont déplacés aux urnes un tout petit peu plus que la moyenne (36% de votants contre une moyenne de 34,3%).
Par ailleurs, à Dreux-1, canton avec la plus forte abstention de tout le département aux deux tours, le RN était arrivé malgré tout en tête au premier tour avec un score de 26,36% soit 1165 voix. Le binôme a récolté quelques centaines de votes de plus au second tour (1503 voix) mais a finalement échoué.
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Report des voix de la droite
A Dreux-1 mais aussi à Auneau, à Illiers-Combray, ou encore aux Villages-Vovéens, le Rassemblement national s'était retrouvé lors du premier tour face à non pas une mais deux listes de droite : celle de Territoires d'Eure-et-Loir (TEL), regroupant la majorité départementale sortante, et celle de l'Union pour les Euréliens (UPE), qui compte notamment Laure de La Raudière.
Même avec cette division interne, il semble logique que ceux qui avaient voté pour l'une reportent leur voix sur l'autre et inversement.
Par ailleurs, le Parti socialiste, éliminé dès le premier tour avec ses partenaires de gauche, avait appelé ses électeurs "à faire barrage au Rassemblement National lorsque le risque existe", dans un communiqué.
L'implantation locale
Autre facteur : l’implantation locale. Le parti d’extrême droite a eu beau présenter des binômes dans chaque canton, cela ne signifiait pas que ces candidats étaient connus et engagés dans le paysage politique local.
Aux dernières élections municipales, le scénario était peu ou prou le même : la formation politique espérait remporter des villes comme Saint-Rémy-sur-Avre ou Lucé, elle n'avait finalement eu que neuf sièges, toutes communes confondues.
A l’époque, le délégué départemental du RN Aleksandar Nikolic - déjà lui - avait déclaré à nos confrères de L’Echo républicain : "Nous n’avons jamais eu autant d’élus en Eure-et-Loir." Difficile de dire la même chose en ce lendemain d'élections.