Eure-et-Loir : un artisan crée un portillon anti Covid-19 pour permettre la vente à emporter dans les commerces

Un entrepreneur eurélien a créé un portillon destiné aux commerces de proximité qui permet d'éviter tout contact avec les clients, et donc la propagation du Covid-19. Le prototype a été installé dans une cafétéria à Vernouillet (Eure-et-Loir) qui propose désormais de la vente de plats à emporter.

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Hachis parmentier de canard ou paupiette de merlu aux petits légumes, chaque jour Alain Raimbert propose des plats différents à emporter via son site internet.

Une situation tout ce qu'il y a de plus banal... sauf pendant le confinement dû au coronavirus. Ce restaurateur qui tient une cafétéria à Vernouillet (Eure-et-Loir) avait été contraint de fermer son établissement au 15 mars, comme l'ensemble du secteur de la restauration. Ses 4 salariés sont au chômage technique.

Il n'avait alors pas de site internet, et ne faisait pas de vente à emporter. C'est l'un de ses clients qui l'a contacté pour lui proposer un partenariat : lui installer gracieusement à l'entrée de son restaurant un prototype de portillon qui empêche tout contact physique entre le vendeur et l'acheteur.

"Si les gens ne se protègent pas, ca va être catastrophique"

Le client derrière le prototype, c'est Laurent Loiselet. Cet artisan de 56 ans basé à Vernouillet travaille habituellement sur des équipements spéciaux pour l'industrie automobile française et européenne.

En voyant passer un appel à projets de l'armée française lié à l'urgence sanitaire au tout début du confinement, il contacte un ami indépendant, Jean-Yves Sola, pour qu'ils réfléchissent ensemble à un dispositif utile.
 
Une idée surgit : "Il faut absolument créer un système de porte qui permette aux commerçants de redémarrer leur activité en protégeant leurs clients et en se protégeant eux-mêmes", se rappelle Laurent Loiselet. "Si l'activité économique ne redémarre pas et si les gens ne se protègent pas, ça va être catastrophique."

Brevet déposé en 4 jours

Les deux concepteurs décident alors de déposer un brevet en 4 jours pour un système baptisé Soloeur, et travaillent d'arrache-pied pour créer le prototype.

Le principe : un portique mobile censé s'encastrer et se désencastrer facilement en lieu et place de la porte d'entrée du magasin. Il regroupe différents systèmes comme une vitre avec un passe-sons pour parler et éviter les postillons, un passe-paquets, une zone de paiement sans contact.

Des dispositifs que l'on voit habituellement dans des commerces de nuit pour empêcher les agressions, et qui ont été pensés dès la construction du magasin.

Une solution pour éviter les gros travaux 

Dans le cadre de la crise sanitaire, "tout a été prévu pour être facilement nettoyable de chaque côté, détaille le concepteur. On a aussi pris en compte des questions de sécurité pour que les gens ne se fassent pas pincer les doigts."

"On n'a rien inventé de fondamental, reconnaît Laurent Loiselet. On s'est dit : on ne va pas imposer aux commerçants de casser leur magasin, qu'ils en aient pour des milliers d'euros de travaux, sachant qu'aujourd'hui ils n'ont plus de trésorerie."

Il fallait quelque chose de léger, de mobile, qu'on puisse mettre et retirer tous les jours et qui s'adapte au plus grand nombre.

Remettre le pied à l'étrier

Alain Raimbert le confirme : il a installé cette porte de protection le mardi 14 avril et a pu rouvrir son enseigne immédiatement.

"C'est vraiment bien conçu, les clients sont en toute sécurité, il y a un système de tiroir où on met le produit et on n'a aucun contact. Pour le règlement, il y a le système de carte bleue, c'est désinfecté à chaque passage."

Cela m'a permis de me remettre le pied à l'étrier et de développer la vente à emporter en toute sécurité sanitaire.

La situation était en effet très compliquée pour Alain et sa femme. Avant le confinement, leur restaurant ouvrait le midi pour ceux qui travaillaient dans les entreprises alentours. "Là, on a zéro salaire. Donc il fallait qu'on fasse quelque chose."

Près de 20% de leur activité

Depuis l'installation du portique, le couple fonctionne à 15-20% de son activité. Ils accueillent leurs clients habituels qui travaillent à côté : employés de pompes funèbres, mécaniciens, chefs d'entreprises. 

Quelques jours après la réouverture, ils vendaient 26 formules et plats par midi. "On s'est fixé entre 30 et 40 clients par jour pour que cela soit viable", calcule le restaurateur qui espère ainsi payer les charges fixes.

"Mais il a fallu réinventer plein de choses", prévient-il. Page Facebook, création d'un site internet avec une mise à jour quotidienne des plats, il a dû repenser toute sa communication.

Moins de 3.000 € le modèle standard

Le restaurateur reconnaît que sans ce partenariat et cette mise à disposition gracieuse du prototype, il n'aurait pas pu investir pour acheter cette porte. En modèle standard, le dispositif Soloeur coûte aujourd'hui moins de 3.000 € TTC. "Sachant qu'on fait tout pour diminuer ce coût", précise Laurent Loiselet.

Le portillon a été conçu pour être produit en série en Eure-et-Loir. "Comme la production se fait en interne, on sait faire du modèle sur-mesure", ajoute-t-il. Il a notamment été contacté par une fleuriste qui est intéressée par ce dispositif avec un passe-paquets plus grand pour y placer des fleurs. 

Problème : les fleuristes ne font pas partie des commerces autorisés. "Elle doit se rapprocher de la préfecture d'Eure-et-Loir pour voir si elle a le droit de vendre des fleurs si on met ce gerne de barrières, explique Laurent Loiselet. Car il y a une très forte demande due aux décès, beaucoup de gens demandent à pouvoir avoir des bouquets, des couronnes, et là c'est impossible."

Soutenu par la Chambre des Métiers et de l'Artisanat d'Eure-et-Loir, l'entrepreneur et son associé sont également en contact avec Initiative France et la région Centre-Val de Loire pour proposer ce dispositif aux commerces de proximité.
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