POLÉMIQUE. A Dreux, des jeunes en fauteuil roulant se voient refuser l’accès au bus, l’agglomération s’explique

Des jeunes en situation de handicap n'ont pas pu prendre le bus à Dreux en Eure et Loir il y a quelque jours. Selon eux, le chauffeur de la navette n’était pas formé pour descendre la rampe d’accès sur le trottoir. L’agglomération souhaite de son côté clarifier la situation devant l'émoi suscité.

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Venus d’un institut voisin dans les Yvelines, la fondation Mallet, quatre jeunes en situation de handicap se sont rendus à Dreux, le 7 mai dernier. Un des objectifs de cette sortie était d’apprendre à utiliser les transports en commun, comme le bus.

Parmi ces jeunes, Lucas, 18 ans, handicapé de naissance et en fauteuil roulant électrique. “On voulait prendre la Citadine à la gare de Dreux”, raconte-t-il. La Citadine, c’est le nom d’une petite navette gratuite qui permet de se déplacer en centre-ville.   “On a demandé au chauffeur de mettre la rampe d’accès au bus, poursuit-il. Il a appelé son supérieur puis il nous a dit qu’il n’était pas formé, que c’était aux deux animatrices de le faire.” Celles-ci ne sachant pas le faire, la navette est partie.

J’étais choqué par ce comportement, c’était la première fois que cela m’arrivait.

Lucas, 18 ans

Trois arrêts adaptés

Pour Isabelle Laizeau, l’une des deux accompagnatrices, c’est l’incompréhension, car elle avait justement choisi avec ses collègues Dreux pour sa politique vertueuse envers les personnes à mobilité réduite, notamment pour les déplacements. “La Citadine est parfaitement adaptée, le principe est idéal !”, souligne-t-elle.

L'arrêt était-il accessible au fauteuil roulant ? Sur le site internet des transports en commun, aucune indication ne permet de le savoir.  Oui, il l'est ainsi que deux autres situés place Mésirard et au Parc des expos, a assuré une personne en charge des transports au petit groupe quand celui-ci allé directement au siège de l’Agglo du pays de Dreux, une vingtaine de jours après l’incident.

"Elle nous a dit qu’elle verrait pour organiser une rencontre avec le vice-président en charge des transports", raconte Isabelle Laizeau.

Aucune nouvelle

Gros bémol cependant pendant cette rencontre : alors qu’un ascenseur permet l’accès aux handicapés, ils se voient contraints de rester sur le parking. "C’est scandaleux, on voulait juste un renseignement et prendre un rendez-vous, comme n’importe quel citoyen", s'insurge l'animatrice qui forme par ailleurs les jeunes à participer à la vie citoyenne.

Face à cette situation, ils avaient donc décidé d’aller voir la presse locale pour raconter cette mésaventure. Dans l’article de L’Echo Républicain publié il y a quelques jours, Jean-François Beaurain le directeur de Keolis Drouais qui exploite les bus, confirme que "les Citadines ont deux places réservées pour les personnes handicapées". 

"Je m’engage à me renseigner auprès de mes équipes afin de savoir précisément ce qu’il s’est passé", a-t-il assuré à nos confrères. Au 1er juillet, la fondation Mallet n’avait toujours aucune nouvelle.

Ecart trop important avec le trottoir

Pour en savoir plus, nous avons contacté l’Agglo du pays de Dreux. Pour Jean-Luc Caiveau, la situation n’est pas claire car il a eu des retours différents. “Aujourd’hui le service tel qu’il est offert aux personnes du territoire est jugé satisfaisant”, assure-t-il.

Il explique par ailleurs qu’un certain nombre d’arrêts ne sont pas encore adaptés, “car l’écart entre le marchepied et la bordure du trottoir est trop important pour des passagers en fauteuil roulant. Cela suppose des travaux importants qui sont réalisés dans le temps.” 

S’il comprend la "volonté légitime" de ces jeunes de "vivre comme n’importe quel valide", il rappelle que “ce travail d’aménagement est long”. Surtout, “ce n'est pas la priorité de nos associations locales de personnes handicapées qui siègent dans nos commissions, dans la mesure où il existe un transport de substitution encore plus qualitatif”, nuance-t-il.

Il fait référence ici au transport à la demande : “C’est un service différent qui est apprécié.” Sauf que les jeunes de la fondation Mallet ne veulent pas être “relégués encore au fond d’un minibus, sans accès à la mixité sociale”, déplore Isabelle Laizeau.

"Une anomalie"

Quant à l’échange sur le parking de l’agglomération, c’est pour lui “une anomalie”. “Si on leur a promis un rendez-vous, s’ils ont fait une démarche vers l’agglo, ce n’est pas normal”, fustige-t-il.

On va reprendre contact avec cette association pour clarifier les choses, cela mérite un rendez-vous”, poursuit le directeur général des services avant de conclure : “Ce sont les bienvenus, s’ils veulent faire des essais uniquement sur la Citadine.” Ils ne demandent que cela.

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