Alors que la France affronte la 4ème vague épidémique, dominée par le variant Delta, on s’aperçoit que les décès et hospitalisations liés à la Covid-19 touchent moins les plus de 80 ans, mais affectent une part croissante des autres tranches d’âge dans la région, en premier lieu les 60-79 ans.
La mise en place du pass sanitaire ce 9 août pour rentrer dans les bars et restaurants fait débat au sein d'une partie de la population. Mais arrêtons-nous quelques instants sur la situation sanitaire justement, et son évolution depuis près d’un an et demi.
Au début de la crise, on égrenait le nombre de décès et d’hospitalisations dû à la Covid-19 de façon quotidienne. Puis l’on est passé à deux fois par semaine, puis de temps en temps avant d’abandonner cette habitude.
En mettant ces chiffres aujourd’hui en perspective, semestre après semestre, on s’aperçoit que cette mortalité existe toujours bel et bien. Alors que la région Centre-Val de Loire enregistrait 558 décès dans les hôpitaux entre mars et août 2020, sur la même période en 2021, le chiffre est quasiment équivalent : 568 morts de la Covid-19 en établissement hospitalier.
Un chiffre à relativiser cependant au regard de ce graphique qui montre surtout une série de décès au moment de l'hiver :
Les 60-79 ans : près de 40% des cas
Sur ces trois semestres, d'après les données de Santé Publique France, on s’aperçoit que ces décès en hôpitaux concernent en majorité les plus de 80 ans. Cependant, la part des octogénaires et nonagénaires diminue au fil des mois, et les autres tranches d’âges sont de plus en plus touchées, en premier lieu les 60-79 ans qui représentent près de 40% des cas.
Quant aux 40-59 ans, ils restent relativement épargnés, mais leur part a plus que doublé ce dernier semestre par rapport au précédent, comme le montre ce graphique.
Le rajeunissement des personnes touchées par la Covid-19 est encore plus flagrant quand on compare les hospitalisations. La part des 80 ans et plus a été quasiment divisée par deux entre fin décembre 2020 et le 8 août 2021.
Les 60-79 ans représentent aujourd’hui près de la moitié des personnes hospitalisées en Centre-Val de Loire. La part des 40-59 ans dans les hospitalisations reste minoritaire, mais elle a doublé par rapport à mars dernier, et quasiment triplé par rapport au 27 décembre 2020, comme on peut le voir ci-dessous.
"Sans aucune comorbidité"
Pourquoi le 27 décembre ? C’est la date où a été faite la 1ère injection de vaccin, le tout début de la campagne vaccinale. Le vaccin, c’est d’ailleurs la raison première du “rajeunissement des malades au fil du temps”, d’après le Dr Florent Bavozet, chef du service réanimation à l’hôpital de Dreux.
Lui rencontre surtout, parmi les patients hospitalisés, ceux atteints de formes graves de la Covid-19 qui arrivent dans son service. “Plus on s’élève dans l’âge, plus les personnes sont vaccinées, donc c’est logique qu’on n’ait pas de personnes âgées avec des formes graves de Covid” en réanimation, analyse-t-il.
Une explication en partie vraie comme le montre ce graphique : mis à part les 80 ans et plus, la proportion de personnes vaccinées augmente avec l’âge.
“La 1ère vague, on n’avait pas de jeune. La 2ème, on en a eu quelques-uns avec des comorbidités, notamment en surpoids, détaille-t-il. Là, on a des gens jeunes sans aucune comorbidité”, s’alarme-t-il. A l’instar d’une “patiente de 35 ans qui est dans un état gravissime”.
Il avoue que “gérer des patients de 35 ans n’est jamais évident, surtout que ces personnes ont en gros l’âge des soignants”. “C’est difficile mentalement, moralement. Après, cela reste notre boulot et on essaye de faire du mieux qu’on peut”, souffle-t-il.
Aucun n'est vacciné
Quant à l'hypothèse que le variant Delta toucherait davantage les jeunes, le Dr Bavozet n’y croit pas : “On n’a qu’à regarder ce qu’il se passe en Guadeloupe et en Martinique où la population est moins vaccinée, ça touche tout le monde. Il y a un taux de décès aussi élevé chez les personnes âgées que chez des sujets moins âgés.”
Avec le variant Delta, s’il n’y avait pas eu le vaccin, cela aurait été 10 fois pire.
D’après lui, la vaccination empêche pour l’instant une flambée épidémique à Dreux. “On a deux patients actuellement, deux sont déjà sortis”, énumère-t-il. Un chiffre très faible qu’il explique aussi par la situation estivale : “Vu le nombre de personnels présents au mois d’août, on s’adapte et on n’a plus que neuf lits. On ne peut pas prendre beaucoup de patients Covid donc on a été obligé déjà d’en transférer un certain nombre.”
Sur la poignée de cas qui passe en réanimation, le point commun entre tous est clair pour le Dr Bavozet : “Tous les patients hospitalisés à Dreux sont non vaccinés.”