Vernouillet : pas de site classé Seveso, mais le projet de plateforme logistique n’est pas abandonné

FM Logistic, l’entreprise qui souhaitait implanter un entrepôt de 7 hectares aux portes de Dreux, a annoncé retirer son projet face à la levée de bouclier des élus. Mais la société de logistique n’abandonne pas l’idée de construire au même endroit un site plus petit et qui ne soit pas classé Seveso.

Les opposants au projet se réjouissent de la nouvelle, sans pour autant crier victoire. "Ce projet avait été préparé sans concertation, ni avec les autres sociétés de la zone d’activités, ni avec les riverains. Nous restons mobilisés dans l’attente d’informations complémentaires", déclarent-ils dans un message écrit ce lundi 10 janvier.

Une réaction après la nouvelle qui est tombée ce weekend et diffusée dans la presse locale : FM Logistic retire sa demande d’implantation à Vernouillet d’un site classé Seveso… Pour l’instant.

De quel projet s’agit-il ?

Il y a six mois, l’entreprise spécialisée dans le transport et le stockage dépose un dossier pour construire une plateforme logistique à Vernouillet, dans la zone d’activités Porte Sud, et une enquête publique est ouverte. Bref, la procédure habituelle.

Mais deux éléments font réagir les riverains qui ne tardent pas à se regrouper au sein d’un collectif "Seveso Dreux Non !" qui multiplie les actions : tractage, pétition , manifestation…

Deux éléments les préoccupent. Le premier est que la plateforme logistique amènerait un flux supplémentaire de 200 camions sur une zone où passent déjà 2.500 poids-lourds par jour. Inquiétude que le directeur général France de FM Logistic, Yannick Buisson, écarte en signalant que des infrastructures et des projets de contournement à venir juguleraient le trafic routier.

Seveso seuil haut

Le second point est la demande de classification Seveso seuil haut. Quand on parle de Seveso, on pense évidemment aux accidents dramatiques comme celui de l’usine Lubrizol à Rouen en septembre 2019, ou à la catastrophe AZF à Toulouse en 2001.

Ces événements ont conduit les pouvoirs publics à mettre en place des directives pour prévenir les risques dits technologiques dans les zones industrielles. En fonction de la quantité totale de matières dangereuses sur site, les entreprises sont classées Seveso seuil haut ou seuil bas.

En Centre-Val de Loire au 31 décembre 2020, il y en a 32 en seuil bas et 41 en seuil haut, pour un total de 73 entreprises classées, d’après le ministère de l'écologie. La région n’abrite donc que 5% des sites Seveso en France.

Des produits pharmaceutiques et cosmétiques

FM Logistic, qui a aujourd’hui 30 sites en France dont 18 classés Seveso, a demandé une classification seuil haut, dans le but de pouvoir y stocker des produits cosmétiques, pharmaceutiques et des produits de nettoyage du quotidien.

"Ce sont les flacons que vous achetez en parfumerie, que vous achetez dans les pharmacies, ils sont dans ce conditionnement-là. On ne stocke pas de produits en vrac ou en cuve, ce sont des produits finis. C’est la quantité qui fait qu’on demande la classification Seveso", précise Yannick Buisson, quand nous l’interrogeons en octobre dernier. "Seveso, c’est d’abord la garantie de la sécurité. Cela implique beaucoup de contraintes et de réglementation."

Insuffisant pour rassurer les riverains. "La dangerosité de ce type de produit en cas d’explosion est incalculable, en termes de fumées aussi", s’inquiète dans ce même reportage Ramda Dehmas, membre du collectif qui habite avec sa femme et ses trois enfants à 300 mètres de la parcelle choisie par FM Logistic.

Neuf communes contre

Il n’est alors pas le seul à s’interroger. Sur la page officielle Facebook de Dreux, Pierre-Frédéric Billet, le maire de la commune, souligne dans une vidéo qu’en cas d’incendie, le site "se trouverait dans le cône de vent de l’hôpital", ce qui nécessiterait "d’évacuer l’hôpital très rapidement pour mettre les patients à l’abri" et mettrait donc potentiellement en péril la continuité des soins.

Il indique aussi avoir pesé le pour et le contre et qu’il y a "beaucoup de foncier consommé" pour seulement "une centaine d’emplois", ce qui peut être "intéressant mais pas ici et pas dans ces conditions". Lui et les huit autres communes concernées – dont Vernouillet – se sont donc prononcées contre le projet de plateforme logistique, dans le cadre de l’enquête publique.

Un projet à redimensionner

Un message reçu cinq sur cinq par FM Logistic qui n’a donc pas attendu la fin de cette enquête et la remise du rapport courant janvier, et a préféré retirer sa demande auprès de la préfecture d’Eure-et-Loir.

"Des modifications vont donc être apportées, le projet va être redimensionné pour mieux correspondre aux attentes", assure l’entreprise. En clair : FM Logistic va plancher sur un site plus petit, avec moins de passages de poids-lourds. Surtout il n’y aura pas de classement Seveso.

Pas sûr que cela suffise à convaincre le collectif : "notre opposition ne se limitait pas au danger présenté par des stockages de produits toxiques. Nous avions également dénoncé l’inadaptation de l’accès aux poids-lourds de la ZAC, la nécessaire protection du bassin des eaux de captage, les nuisances sonores, la pollution de l’air…" Les riverains doivent se rassembler pour faire un point ce jeudi.

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