Le 29 mars 1971, le ministre de l’Intérieur signait un décret pour que puisse être apposé à Illiers, la ville réelle d’Eure-et-Loir, le nom de Combray, ce lieu inventé par Marcel Proust dans A la Recherche du Temps perdu.
Il est fréquent que des rues, des places ou des écoles soient rebaptisées du nom des écrivains qui y naquirent ou y vécurent : Rabelais à Chinon, George Sand à Nohant-Vic, ou encore Alfred de Vigny à Loches.
Mais il est beaucoup plus rare qu’un nom de la littérature soit transposé dans la réalité. C’est pourtant ce qu’il s’est produit il y a cinquante ans, à Illiers en Eure-et-Loir.
La petite ville a vu naître le père de Marcel Proust, et ce dernier y passa des vacances chez son oncle et sa tante, entre ses 6 et ses 8 ans.
Ces souvenirs d’enfance, l’écrivain les a utilisés et romancés de ce qui deviendra un chef d’oeuvre monumental de la littérature française : A la Recherche du Temps perdu.
La référence la plus connue est bien sûr la madeleine : il évoque dans le premier tome Du côté de Chez Swann comment la saveur d’une madeleine fait renaître chez le Narrateur, bien des années après, le souvenir de son enfance à Combray chez sa tante Léonie. Un souvenir en partie inspiré de ce qu’il vécut chez sa tante Elisabeth à Illiers !
Pour le centenaire de sa naissance
Dans des archives publiées par la Société des Amis de Marcel Proust sur Twitter, on découvre que le conseil municipal d’Illiers avait demandé en 1971 le changement de nom de la commune en hommage à l’écrivain pour le centenaire de sa naissance.
Il y a 50 ans, le 29 mars 1971, le ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin, signait un décret transformant Illiers en Illiers-Combray, en hommage à Marcel Proust pic.twitter.com/GG4dkXcBkX
— Société des amis de Marcel Proust (@AmisDeProust) March 29, 2021
Le ministre de l’Intérieur lui avait donné gain de cause et avait signé un décret le 29 mars de cette même année où il donna “le nom d’Illiers-Combray à commune d’Illiers”.
Les villes qui ont été rebaptisées en empruntant leur nom à la littérature se comptent sur les doigts de la main. Le seul cas connu est celui de Plessis-Picquet devenu Plessis-Robinson (Île-de-France). Dans les années 1840, un restaurateur y construisit une guinguette avec des cabanes dans les arbres comme dans Le Robinson suisse (un roman de Johann David Wyss, inspiré du Robinson Crusoé de Daniel Defoe). Le succès du lieu fut tel que d'autres guinguettes apparurent, et que le quartier prit le nom de Robinson. La commune changea de nom en 1909.