Eure-et-Loir : la sucrerie de Toury arrête définitivement sa production après 145 ans d'existence

La médiatisation nationale du sort des salariés et de leur production de gel hydroalcoolique pendant le confinement n'ont pas sauvé la sucrerie de Toury en Eure-et-Loir. Ce mardi 23 juin, la réunion de la dernière chance au ministère de l'Alimentation a échoué à garder l'usine ouverte.

Il n'y aura pas eu de miracle à Toury. Cristal Union, propriétaire de la sucrerie d'Eure-et-Loir, a enterré ce mardi 23 juin les espoirs des salariés du site : la réunion de la dernière chance organisée au ministère de l'Alimentation, en présence du ministre et des élus locaux, n'a pas permis de sauver l'usine. La production a définitivement cessé ce mercredi 24 juin.

Depuis le 17 avril 2019, les salariés savaient que leur usine allait fermer. La faute à un plan de "réorientation" de l'activité entamé par Cristal Union, le groupe ayant essuyé une perte de chiffre d'affaires en 2019 à cause de la baisse des prix du sucre en Europe.

Une réorientation qui s'appuie, donc, sur la fermeture du site eurélien et la réaffectation d'une partie de l'équipement vers des sites plus importants. La restructuration de Cristal Union représente 61des 89 millions d'euros de pertes enregistrés sur l'exercice 2019/2020 à en croire le groupe.

"Cristal Union n'avait aucune intention de vendre à Tereos"

Pourtant, le groupe concurrent Tereos avait proposé une offre de reprise du site de Toury, offre que Cristal Union a définitivement rejeté ce mardi. "L'offre de Tereos aurait pu sauver la moitié des emplois, mais Cristal Union l'a rejeté avec mépris et arrogance", affirme avec colère le délégué syndical CGT de la sucrerie Frédéric Rebyffé.
 

Dès le début de la procédure du plan de sauvegarde de l'emploi, Cristal Union avait exclu Tereos des repreneurs potentiels. Ils n'avait aucune intention de vendre à Tereos. La raison du refus n'est pas le dépôt tardif de l'offre.

Frédéric Rebyffé

Ce mercredi 24 juin au soir, la sucrerie a ainsi définitivement stoppé sa production. Les reportages nationaux et l'émoi de la population pour les 128 salariés des Toury n'auront pas suffi à sauver le site, qui avait reconverti une partie de son installation à la production de gel hydroalcoolique pendant le confinement

"La peur de revivre une nouvelle fermeture d'usine"

Certains salariés ont pu être reclassés sur des sites du groupe, majoritairement dans le Loiret à moins de 80 km de Toury. Les autres ont préféré refuser les offres, ou ne s'en seraient pas vu proposer à en croire Frédéric Rebyffé :

Cristal Union déclare partout qu'ils veulent des fusions avec d'autres groupes. Et les fusions, ça fait peur. Parce que ça veut dire de nouvelles restructurations. Beaucoup de salariés ont peur de revivre une nouvelle fermeture d'usine.

Frédéric Rebyffé

A cela s'ajoutent des refus de reclassement pour cause de qualification trop différente du poste proposé, ou pour raisons personnelles. Et au total, seule une trentaine de salariés ont pu être reclassés dans le groupe, sur les 128 qu'accueillent le site.
Ainsi, la sucrerie de Toury se voit contrainte d'arrêter sa production, après 145 ans de bons et loyaux services. Et pour Frédéric Rebyffé, "Cristal Union doit désormais assumer la mort économique d'un village et d'un territoire".

Le futur du site et de ses équipements reste incertain. Lors d'un comité ce jeudi matin, les salariés se seraient vu confirmé par le groupe que l'usine sera consacrée à la "décarbonation", "en résumé, de l'énergie verte" selon le délégué syndical. Reste à savoir si cette nouvelle activité pourra offrir de nouveaux emplois à Toury et ses environs.

Contacté, le groupe Cristal Union ne souhaite pour le moment pas s'exprimer sur la question.
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