Sur le réseau social X, le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian a félicité le milliardaire pour sa nomination au sein du futur gouvernement Trump, à un poste destiné à "démanteler la bureaucratie gouvernementale". Un message qui interroge, au vu des prises de position d'Elon Musk, mais le gouvernement demande d'éviter toute "surinterprétation".
Guillaume Kasbarian veut-il démanteler la bureaucratie gouvernementale française, en s'inspirant des méthodes du futur gouvernement de Donald Trump ? Le ministre de la Fonction publique et ancien député d'Eure-et-Loir (Renaissance) a en effet posté, ce mercredi 13 novembre sur X (ex-Twitter), un message de félicitations adressé au multimilliardaire Elon Musk.
Ce dernier, richissime patron de Tesla, Space X et (justement) X, a été nommé par Donald Trump, récemment réélu président des États-Unis, à la tête d'un ministère de "l'efficacité gouvernementale". Le but, selon un communiqué du président élu : "Démanteler la bureaucratie gouvernementale, sabrer les régulations excessives, couper les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales", rien que ça.
Sous un autre post sur X, Elon Musk, soutien inconditionnel de Donald Trump, a promis de "démanteler Washington telle qu'on la connaît", comme le rapporte Forbes.
Congratulations on accepting this great challenge @elonmusk ! I look forward to sharing best practices for dealing with excess bureaucracy, cutting red tape and rethinking public organisations to benefit the efficiency of public employees. https://t.co/CgHsNSxqRj
— Guillaume Kasbarian (@guillaumekasba) November 13, 2024
Retweetant l'annonce de Donald Trump, Guillaume Kasbarian a félicité Elon Musk en anglais. Le ministre explique, dans le court texte, avoir "hâte de partager avec vous les meilleures pratiques pour lutter contre l'excès de bureaucratie, réduire la paperasse, et repenser les organisations publiques pour améliorer l'efficacité des agents publics".
"G. Kasbarian, le Elon Musk français sans l'électricité"
Alors Guillaume Kasbarian veut-il démanteler Paris et la bureaucratie gouvernementale française ? Le nouveau ministre assure en tout cas, depuis sa nomination au gouvernement Barnier, vouloir "libérer les Français du poids des démarches administratives" et "débureaucratiser à tous les étages". Des signaux "inquiétants" pour plusieurs syndicats de la fonction publique.
De là à s'inspirer d'Elon Musk, la marche est grande. Car, ces dernières années, l'homme aux 300 milliards de dollars s'est distingué par des formes de management autoritaires. Après avoir racheté Twitter, il licencie près des deux tiers de ses employés, et plusieurs salariés rapportent les "caprices" du nouveau patron. Depuis ce rachat, la multinationale spécialisée en gestion d'actifs Fidelity estime que X a perdu 80% de sa valeur.
Mais c'est l'idéologie plus globale d'Elon Musk qui semble avoir le plus interpellé, notamment les politiques, et l'opposition de gauche. "On pensait que le trumpisme en France se limitait à l'extrême droite. On se trompait. Nous avons G. Kasbarian, le Elon Musk français sans l'électricité", a ainsi raillé le patron du Parti socialiste (PS), Olivier Faure.
On a donc un ministre qui a hâte de partager des bonnes pratiques avec un gouvernement d'extrême droite et un ministre multi-milliardaire qui a transformé Twitter en terrain de jeu des réacs.
— Antoine Léaument 🇫🇷 (@ALeaument) November 13, 2024
Ceux qui se disent de «l'aile gauche» de la macronie devraient quitter le Titanic. https://t.co/wB1p8oH7BW
"On a donc un ministre qui a hâte de partager des bonnes pratiques avec un gouvernement d'extrême droite et un ministre multi-milliardaire qui a transformé Twitter en terrain de jeu des réacs", a de son côté écrit sur X le député LFI, natif de Châteauroux, Antoine Léaument.
Un milliardaire aux propos antisémites, transphobes et complotistes
Au-delà de son allégeance à Donald Trump, plusieurs fois condamné par la justice étasunienne, Elon Musk s'est distingué par des prises de position plus que polémiques.
Fin 2023, il qualifiait d'"exacte vérité" une publication affirmant que les personnes juives encourageaient la "haine contre les blancs". La Maison blanche l'accusait alors d'avoir promu "la haine antisémite et raciste". Le milliardaire a, depuis, présenté ses excuses. Mais il se démarque aussi par un discours transphobe, notamment contre sa propre fille.
Enfin, il est régulièrement accusé de complotisme, ayant passé les derniers mois précédant l'élection américaine à diffuser des rumeurs de fraude électorale au profit de Kamala Harris, adversaire de Donald Trump, et ravivant le souvenir des théories complotistes entourant l'élection de Joe Biden.
Le patron de X avait aussi relayé (avant de l'effacer) une publication complotiste, destinée à minimiser la portée de l'agression du mari de Nancy Pelosi, ancienne cheffe démocrate de la Chambre des représentants. Le post suggérait que l'attaque, qui avait abouti à une fracture du crâne de Paul Pelosi, était un rendez-vous à caractère sexuel ayant dérapé.
Pas de "convergence"
Interrogée lors du compte rendu du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a relativisé les propos de Guillaume Kasbarian, niant toute "convergence" entre Donald Trump et le gouvernement français. "Il n'y a pas de surinterprétation à faire, mon collègue Guillaume est extrêmement mobilisé depuis des années sur la nécessité de simplifier et de débureaucratiser l'administration française. Il a félicité son homologue et ça s'arrête là", a-t-elle assuré.
Contacté, Guillaume Kasbarian n'a pas encore répondu aux demandes de France 3. Elon Musk, lui, n'a répondu ni à la sollicitation de France 3, ni au post de Guillaume Kasbarian.