La CNIL a donné son feu vert ce mardi pour la mise en place de l'application controversée StopCovid. Le projet sera débattu mercredi à l'Assemblée Nationale. Favorable à la mesure, la députée d'Eure-et-Loir, Laure de La Raudière (Agir), sera oratrice de son groupe parlementaire. Entretien.
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- Comment comptez-vous vous positionner lors du vote sur la mise en place de l'application de traçage StopCovid demain à l'Assemblée Nationale ?
Au début, quand j’ai vu que le gouvernement voulait faire une application de tracking, j’étais très inquiète car je suis une ardente défenseuse des libertés individuelles. Mais là, le projet que propose le gouvernement apporte suffisamment de garanties de respect des libertés individuelles pour que je vote en sa faveur.
- La CNIL vient de donner son feu vert pour l’application StopCovid. Quelle est votre réaction ?
C’est une très bonne nouvelle car la CNIL est l’autorité indépendante qui vérifie le respect de la loi française et européenne en matière de protection de la vie privée et des libertés individuelles à l’ère informatique. Elle est extrêmement attentive et très vigilante. Le fait qu’elle donne un avis favorable est une bonne chose.
- Quelles sont les garanties qui vous ont convaincu ?
La première chose c’est le principe de base du volontariat. Personne n’est obligé de télécharger l’application. Le deuxième point c’est la pseudonymisation des contacts tracés. Et puis, l'application a une durée de vie limitée dans le temps. Elle sera utilisée uniquement pendant la gestion de la crise pour être capable de retracer les contacts des personnes contaminées afin de casser la chaîne de propagation du virus. Enfin, le gouvernement a décidé de publier le code du logiciel et de nombreux spécialistes informatiques vont se pencher dessus. C'est une garantie de transparence extrêmement importante pour les citoyens.
- Pourquoi selon vous cet outil est nécessaire pour lutter contre la propagation du coronavirus ? Le pistage téléphonique par les brigades sanitaires n’est pas suffisant ?
C’est un complément pour la stratégie de déconfinement. L’application seule n’est pas l’alpha et l’oméga de la lutte contre le coronavirus. Il y a des situations où vous ne pouvez pas dire avec qui vous avez été en contact pendant plus d’un quart d’heure et à moins d’un mètre, par exemple dans les transports en commun. Vous n'avez pas l’identité des personnes avec qui vous vous déplacez. Hors, si vous avez l’application et que vous êtes contaminé et testé positif, l’information va être envoyée aux gens qui auront téléchargé l’application et qui auront été en contact prolongé avec vous.
- L’application pourrait être disponible dès ce week-end, mais pensez-vous que beaucoup de Français l’utiliseront quand on connait la polémique qu’elle a suscité ?
Si l'application est présentée comme un outil complémentaire utile pour le personnel de santé pour éviter de nouvelles propagations du virus dans des situations commes les transports en commun ou les bars et les restaurants tout en respectant la vie privée, je pense que les Français la téléchargeront. La polémique est partie sur l'idée que l'on ne voulait pas faire en France ce qu’il se passe en Chine et je suis complètement d’accord avec ça. En Chine, ce sont des atteintes quotidiennes et permanentes à la vie privée et aux libertés individuelles.
- Faut-il selon vous une application commune dans l’espace Schengen ? Est-il envisagé de partager les données entre les Etats membres ?
Il faut travailler à ce que les applications soient interopérables. Mais il se trouve que les choix de certains pays n’ont pas été les mêmes que nous pour des raisons culturelles. L’Allemagne n'a pas choisi la même architecture que la France pour son application. Mais en même temps personne ne m’a dit pour l’instant que ce n’était pas possible techniquement.