A Manou, petite commune d’Eure-et-Loir, à côté de La Loupe, à la frontière du Thymerais et du Perche, un projet pour l’irrigation agricole suscite l'opposition d'un voisin.
Elle est encore vide mais devrait bientôt faire le plein car les travaux viennent de s’achever. L’emprise de l’ouvrage est de 17 980 m2, sa capacité est de 30.000 m3. Elle sera remplie par des eaux de ruissellement destinées à irriguer un verger de pommes bio. À titre de comparaison, la méga-bassine de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, pourra contenir 628.000 m3 d’eau, soit l’équivalent de 250 piscines olympiques.
Une propriété voisine bientôt asséchée ?
Voisin du chantier, Yves Duport est le propriétaire du petit château de la Renardière. Il regrette la célérité de la procédure, s’étonne de n’avoir pas été avisé, dit avoir été mis devant le fait accompli :
On se retrouve dans une situation d’urgence absolue où on n’a même pas le temps de saisir quoi que ce soit que les travaux sont déjà finis.
Yves Duport, propriétaire du Château de la Renardière
Yves Duport s’inquiète des conséquences du projet sur l’alimentation des plans d’eau et ruisseaux sur son domaine. "Les poissons vont mourir, l’étang va être à sec et puis la source va se tarir… Et il y a des chances que le puits qui alimente ma maison se tarisse aussi", déplore-t-il.
"Retenue collinaire" ou "bassine" ?
La demande a été déposée en janvier 2023, le permis d’aménager a été validé en avril par la Préfecture d’Eure-et-Loir, et accordé à l’EARL La Bizotterie, exploitation agricole représentée par Philippe Roulleau. Celui-ci argue que le dossier a été traité dans le respect des procédures en vigueur, que les demandes et autorisations ont été affichées en temps et en heure. Il affirme qu'il n'y a pas d’impact sur la propriété de M. Duport.
Pour lui, les parcelles ne se situent pas sur le même versant et ne partagent pas les mêmes eaux de ruissellement. Philippe Roulleau récuse par ailleurs le terme de bassine et lui préfère celui de « retenue collinaire ». L’initiateur du projet assure aussi que la retenue devrait limiter les risques d’inondation d’un lotissement en contre-bas.