L’association One Voice qui œuvre pour la défense des animaux, a fait parvenir à la presse des images choc d’un élevage de visons en Eure-et-Loir. Une enquête révélée la veille d’une rencontre avec le ministre de la transition écologique et solidaire François de Rugy.
Les images sont difficilement soutenables. On y voit des visons de quelques jours à peine enfermés dans des cages, semblant agoniser sur les cadavres de leurs congénères. Dans chaque cage photographiée ou filmée, des dépouilles d’animaux jonchent le sol. Certaines sont mutilées, d’autres ont l’air momifiées.
Ces photos ainsi qu’une vidéo ont été envoyées aux médias par l’association One Voice qui œuvre pour la défense des animaux. Selon sa présidente, elles auraient été tournées mi-juin dans une ferme d’Eure-et-Loir, l’un des 5 derniers élevages de visons en France. "Nous avons reçu une alerte au sujet de visons qui étaient en grand danger de mourir." explique Muriel Arnal, fondatrice de One Voice. "Donc, des personnes qui ont l’habitude de mener des enquêtes se sont rendues sur place de manière à voir ce qu’il se passait et que l’on puisse intervenir."
Les enquêteurs "n’avaient jamais vu ça depuis 20 ans" raconte indignée Muriel Arnal. Ce sont des "lanceurs d’alertes", des citoyens engagés qui "ne font partie d’aucune association mais qui vont sur le terrain pour documenter la souffrance animale", explique t-elle.
La présidente de l’association rapporte que ces enquêteurs "ont découvert des scènes absolument terribles d’animaux en train de mourir d’une mort lente. Des visons nouveau-nés en train de ramper sur les cadavres de leurs frères et sœurs, un vison coincé sous les corps de ses congénères, des femelles qui voient leurs petits mourir… C’était extrêmement dur".
One Voice a donc déposé plainte auprès du parquet de Chartres pour acte de cruauté et mauvais traitements par un professionnel. Plainte envoyée dimanche 30 juin et qui n’est pas encore parvenue sur le bureau du Procureur de la République Rémi Coutin, selon nos informations .
L’association affirme également avoir envoyé une lettre à la préfecture d’Eure-et-Loir afin de demander au préfet des mesures d’urgence d’évaluation du bien-être de ces animaux et leur prise en charge immédiate.
Éleveurs de visons depuis 30 ans
Nous sommes parvenues à rencontrer les propriétaires de cet élevage eurélien situé dans un coin de campagne isolé du département. Mari et femme, tous deux âgés de 62 ans, sont au courant de l’enquête menée par l’association. Ils ont constaté une intrusion illégale dans leur élevage en mai dernier: "Ils sont passés par-dessus la clôture", raconte la femme. "On accuse le coup, ce n’est pas évident".Le couple élève des visons ici depuis 1989 et explique que les fourrures sont destinées au marché chinois : "On est en règle, on fait ce qu’il faut" confie-t-elle, affirmant que les services vétérinaires sont venus contrôler l’exploitation en mai dernier et n’ont rien trouvé à redire.
Nous n’avons pour l'instant pas pu prendre connaissance des conclusions de la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) d’Eure-et-Loir sur ce contrôle, et malgré nos demandes, les propriétaires ont refusé de nous montrer l’intérieur de l’élevage.
Des révélations la veille d’un rendez-vous avec François de Rugy
Avec ces images, One Voice souhaite parvenir à faire fermer l’élevage eurélien "dans les plus brefs délais". Mais l’association ne s’en cache pas, à l’instar de son homologue L214 qui publie des vidéos chocs réalisées dans des abattoirs, elle espère également interpeler l’opinion publique et faire interdire les élevages à fourrure en France.
One Voice fait d’ailleurs partie du groupe de travail sur le bien-être de la faune sauvage captive lancé en février 2019 par le ministre de la transition écologique et solidaire François de Rugy. Ce groupe composé d’acteurs socio-professionnels et d’associations, mais également d’experts et de parlementaires, travaille sur la prise en compte du bien-être animal, entre autres, dans les élevages de visons pour la production de fourrure.
Objectif annoncé : adopter une vingtaine de mesures prioritaires en faveur du bien-être animal à l’été 2019, et c’est justement demain, mercredi 3 juillet, que l’association doit rencontrer le ministre pour lui faire part de ses propositions.
Cette affaire arrive donc à point nommé pour tenter de convaincre François de Rugy de mettre un terme à la production de fourrure en France. "C’est une coïncidence !" affirme Muriel Arnal. "Il y a des animaux qui se sont entre-dévorés, des morceaux d’animaux momifiés (...) on se serait vraiment passé de ca pour la négociation au ministère" poursuit-elle. "On avait déjà des arguments très forts. Beaucoup de pays ont interdit la production de fourrure. On n’avait vraiment pas besoin de cette souffrance".